mardi, avril 29, 2025

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Edito: Réformes gouvernementales au Liban, un chemin semé d’embûches

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Un gouvernement sous pression face à l’urgence des réformes

L’impasse politique dans laquelle se trouve le Liban n’est pas simplement une conséquence de tensions internes, mais plutôt le résultat d’une crise systémique qui nécessite des réformes en profondeur. Face à l’effondrement financier et au risque d’un isolement international accru, le gouvernement s’est engagé à mettre en place un programme de réformes visant à restructurer l’économie et à restaurer la confiance des citoyens et des investisseurs étrangers. Cependant, la mise en œuvre de ces réformes se heurte à des obstacles majeurs, qu’il s’agisse de la paralysie politique, de l’opposition des groupes d’intérêts ou encore des résistances populaires face à des mesures jugées trop drastiques. Les négociations autour de la formation du gouvernement illustrent parfaitement ces blocages, chaque faction cherchant à défendre ses prérogatives sans réelle volonté de compromis. Cette absence d’unité freine l’adoption des réformes nécessaires et aggrave la crise institutionnelle, alors même que des échéances cruciales approchent.

Les réformes touchant le secteur bancaire sont parmi les plus attendues, car elles sont considérées comme essentielles pour rétablir un minimum de stabilité économique. Le plan gouvernemental prévoit notamment la recapitalisation des banques en difficulté, la restructuration de la Banque centrale et la mise en place d’un cadre législatif permettant une meilleure régulation du secteur financier. Toutefois, ces mesures sont loin de faire l’unanimité. Les banques commerciales, principales concernées par cette restructuration, s’opposent fermement à toute tentative de répartition équitable des pertes. Elles préfèrent transférer la charge financière sur l’État et les déposants, ce qui accentue la défiance envers le secteur bancaire et nourrit un climat d’instabilité. Cette résistance des banques complique également les négociations avec les institutions financières internationales, qui exigent des garanties de restructuration avant de débloquer toute aide financière.

Un chantier fiscal crucial mais controversé

Le projet de réforme fiscale, autre pilier du programme gouvernemental, vise à renforcer la collecte des impôts et à réduire les pratiques d’évasion fiscale, qui privent l’État de ressources essentielles. Parmi les mesures envisagées figurent l’augmentation de la TVA sur certains produits, la mise en place d’un impôt progressif sur le revenu et la réduction des exonérations fiscales accordées aux grandes entreprises. Pourtant, ces initiatives sont perçues comme une charge supplémentaire pour les citoyens, déjà écrasés par la crise. De nombreux syndicats et associations de consommateurs dénoncent une politique fiscale injuste pénalisant principalement les classes moyennes et populaires. Cette réforme, qui devrait permettre d’améliorer les finances publiques, est ainsi perçue comme une menace pour le pouvoir d’achat et risque d’attiser encore davantage la colère sociale.

Le manque de transparence dans la gestion des recettes fiscales représente un autre défi majeur. Les promesses de lutte contre la corruption, maintes fois répétées par les autorités, restent largement théoriques. La Cour des comptes, qui devrait être un organe de contrôle clé, est affaiblie par un manque de moyens et par des pressions politiques qui entravent son action. Plusieurs réformes fiscales votées dans le passé ont été détournées de leur objectif initial en raison d’un manque de volonté politique et d’une absence de mécanismes de contrôle efficaces. Le scepticisme général face à ces réformes est donc renforcé par le souvenir des nombreuses tentatives avortées de restructuration du système fiscal.

La privatisation et le casse-tête de l’électricité

Le secteur énergétique est l’un des chantiers les plus épineux du programme de réformes, tant la situation est critique. L’entreprise publique en charge de la production et de la distribution de l’électricité est en situation de quasi-faillite et incapable d’assurer un approvisionnement stable, contraignant les Libanais à dépendre des générateurs privés, un système coûteux et inefficace. Le gouvernement propose une privatisation partielle du secteur, censée attirer des investissements étrangers et améliorer la qualité du service. Toutefois, cette approche est loin de faire consensus. Les syndicats du secteur énergétique redoutent une privatisation précipitée qui profiterait avant tout à des entreprises proches des cercles du pouvoir, sans véritable amélioration pour les consommateurs.

Le projet de réduction des subventions à l’énergie est un autre point de friction. Ces subventions, qui coûtent plusieurs milliards de dollars à l’État chaque année, sont considérées comme insoutenables à long terme. Leur suppression progressive permettrait d’alléger le fardeau budgétaire, mais elle entraînerait une hausse immédiate des factures d’électricité, une perspective difficile à accepter pour une population déjà éprouvée par la crise. Cette mesure pourrait provoquer de nouvelles tensions sociales et renforcer la défiance envers le gouvernement.

Un avenir incertain, entre promesses et blocages

Les réformes annoncées par le gouvernement sont théoriquement indispensables pour relancer l’économie et stabiliser les institutions du pays. Pourtant, leur mise en œuvre s’apparente à un véritable parcours du combattant, entre oppositions politiques, résistances des lobbies économiques et rejet populaire. La pression des bailleurs de fonds internationaux ajoute une contrainte supplémentaire, mais elle ne garantit en rien que ces réformes seront appliquées dans des délais raisonnables. Tant que la classe politique restera incapable de s’entendre sur un programme de réformes cohérent et équitable, le pays continuera à s’enfoncer dans la crise, au détriment d’une population qui attend des mesures concrètes depuis trop longtemps.

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Newsdesk Libnanews
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