Des élections sous la menace des destructions et des déplacements de population
À quelques mois des élections municipales prévues en mai 2025, la tenue du scrutin est déjà compromise dans plusieurs régions du Liban. Selon Nahar (26 février 2025), 37 villages situés dans trois secteurs du sud du pays – ouest, est et centre – risquent de ne pas pouvoir organiser les élections en raison de destructions massives causées par les récents affrontements.
Les infrastructures électorales ont été lourdement endommagées, les bureaux municipaux ont disparu sous les bombardements, et de nombreux habitants n’ont pas pu regagner leurs localités d’origine. Dans certains villages, le nombre de résidents est insuffisant pour organiser un vote représentatif, ce qui soulève des doutes quant à la légitimité d’élections dans ces zones.
En parallèle, Al Sharq Al Awsat (26 février 2025) signale que des discussions sont en cours sur un report des élections dans certaines localités à majorité chrétienne et chiite. Cette option, défendue par certains partis politiques, repose sur l’argument de l’impossibilité d’organiser un scrutin équitable dans des régions marquées par la guerre et l’instabilité persistante.
Un débat politique polarisé : Reporter ou maintenir les élections ?
Face à cette situation, la classe politique libanaise est profondément divisée. Selon Nahar (26 février 2025), au sein du gouvernement et du Parlement, deux camps s’opposent sur la question du maintien des élections :
- Le Hezbollah et Amal militent pour un report, estimant que les conditions ne sont pas réunies pour un vote transparent et légitime. Pour eux, maintenir les élections dans des zones où les infrastructures sont détruiteset où une partie des électeurs n’a pas pu revenir chez elle fausserait les résultats du scrutin.
- Le Courant du Futur et une partie de l’opposition insistent sur le respect des délais constitutionnels, jugeant qu’un report serait une entorse grave aux principes démocratiques et ouvrirait la porte à une extension indéfinie des mandats municipaux en place.
Ce bras de fer politique ne cesse de s’intensifier, notamment au sein du Parlement où une législation pourrait être nécessaire pour officialiser un éventuel report. Or, les rapports de force actuels ne permettent pas encore de dégager un consensus.
L’enjeu sécuritaire : Une autre menace sur le scrutin
Outre les difficultés logistiques et politiques, la sécurité des élections municipales reste une question préoccupante. Plusieurs services de sécurité libanais ont mis en garde contre les risques de troubles si le scrutin est maintenudans certaines régions où les tensions communautaires restent vives.
Selon Nahar (26 février 2025), les frappes israéliennes récentes sur certaines localités du sud ont laissé des traces profondes dans la société locale, et le maintien des élections dans ces zones pourrait alimenter des tensions entre les différents blocs politiques.
En parallèle, les forces de sécurité se disent incapables de garantir une protection adéquate dans toutes les municipalités concernées, ce qui pourrait exacerber les conflits locaux et miner la crédibilité du scrutin.
Quelles perspectives pour les élections municipales ?
Trois options sont actuellement envisagées :
- Maintenir les élections en mai 2025, mais avec des ajustements locaux dans certaines régions sinistrées. Cette solution permettrait de préserver l’intégrité du processus démocratique, mais poserait de sérieuses difficultés logistiques et sécuritaires.
- Reporter les élections uniquement dans les zones affectées par la guerre, tout en maintenant le scrutin ailleurs. Cette option semble être un compromis acceptable, mais risquerait d’être exploitée politiquementpour avantager certains partis.
- Un report généralisé des élections, ce qui nécessiterait une loi spéciale votée par le Parlement. Mais cette solution susciterait une vive opposition et aggraverait la défiance populaire envers les institutions.
Dans un pays où les échéances électorales sont souvent perturbées par des crises successives, l’avenir du scrutin municipal reste incertain. Les prochaines semaines seront décisives pour déterminer si le Liban pourra respecter son calendrier électoral ou s’il se dirigera vers un nouveau report source de tensions supplémentaires.