Un programme gouvernemental scruté à la loupe
Dès l’annonce de la tenue de la séance parlementaire du 26 février 2025 consacrée à la lecture et à la discussion de la déclaration gouvernementale, le ton a été donné : la confrontation serait inévitable. Le gouvernement de Nawaf Salam, fraîchement formé dans un contexte de crise économique et sociale aiguë, devait convaincre les députés de la solidité de son programme et de sa capacité à engager le pays sur la voie des réformes. Selon Al Sharq (26 février 2025), la séance, loin de se limiter à une simple présentation du plan gouvernemental, s’est transformée en un champ de bataille politique, chaque bloc exploitant cette tribune pour renforcer son positionnement dans un paysage politique libanais profondément fragmenté.
La déclaration gouvernementale, document essentiel définissant les priorités de l’exécutif pour les mois à venir, a mis en avant trois axes principaux :
- Stabilisation économique et coopération avec le Fonds monétaire international (FMI)
- Réformes institutionnelles et lutte contre la corruption
- Gestion de la crise sociale et préservation du pouvoir d’achat
Dès la lecture du texte par le Premier ministre Nawaf Salam, des réactions vives se sont fait entendre dans l’hémicycle. L’opposition, menée par le Courant Patriotique Libre (CPL) et les Kataëb, a dénoncé un programme jugé trop vague et soumis à des influences extérieures. Selon Al Joumhouriyat (26 février 2025), les critiques se sont particulièrement concentrées sur l’absence de mécanismes concrets pour appliquer les réformes demandées par la communauté internationale. De nombreux députés ont exigé des précisions sur la stratégie du gouvernement pour relancer l’économie et rassurer les investisseurs, pointant du doigt l’échec des gouvernements précédents à mettre en place des réformes structurelles durables.
Le vote de confiance, moment crucial pour la légitimité du gouvernement, s’annonçait donc délicat. Les rapports de force au sein du Parlement laissaient entrevoir une fracture nette entre partisans et opposants de Nawaf Salam.
Un Parlement divisé entre soutien prudent et opposition intransigeante
Les premières réactions des députés ont rapidement illustré la polarisation extrême du débat politique libanais. Selon Ad Diyar (26 février 2025), plusieurs blocs ont annoncé dès le début de la séance leur refus de voter la confiance au gouvernement, dénonçant un programme jugé irréaliste et inefficace.
Parmi les plus fervents opposants, le Courant Patriotique Libre (CPL) de Gebran Bassil a accusé le gouvernement de manquer de souveraineté, le décrivant comme un exécutant des conditions imposées par le FMI et les puissances occidentales. Le parti Kataëb, de son côté, a dénoncé un gouvernement qui évite les réformes profondes nécessaires pour sortir le pays de la crise et a jugé que la déclaration gouvernementale ne contenait aucune garantie réelle de mise en œuvre des mesures promises.
En revanche, le Hezbollah et Amal, deux forces chiites influentes, ont maintenu leur soutien au gouvernement, insistant sur la nécessité d’un exécutif stable pour assurer la continuité de l’État. Selon Al Sharq (26 février 2025), les députés du Hezbollah ont notamment mis en avant le risque d’un effondrement institutionnel si le gouvernement était renversé, appelant à donner une chance à Nawaf Salam d’appliquer son programme. Cependant, ce soutien est resté prudent, le parti de Naim Kassem laissant entendre que des ajustements pourraient être nécessaires en fonction des développements à venir.
De nombreux députés indépendants se sont retrouvés dans une position délicate, tiraillés entre la nécessité de stabiliser le pays et la crainte de valider un programme qui pourrait aggraver la crise sociale. Plusieurs d’entre eux ont plaidé pour un vote de confiance conditionnel, exigeant du gouvernement des engagements clairs sur la protection du pouvoir d’achat et la transparence dans la gestion des fonds publics.
Des débats houleux sur la gestion de la crise économique et sociale
L’une des principales pierres d’achoppement a été la relation du gouvernement avec le FMI. La déclaration gouvernementale insiste sur la nécessité de coopérer avec l’institution internationale, une condition essentielle pour débloquer les aides financières nécessaires à la relance du pays. Toutefois, selon Al Joumhouriyat (26 février 2025), plusieurs députés ont mis en garde contre les effets sociaux dévastateurs de certaines réformes exigées par le FMI, notamment la suppression des subventions sur les produits de première nécessité et la restructuration du secteur bancaire.
Ad Diyar (26 février 2025) rapporte que certains députés ont brandi la menace de mobilisations populaires massivessi des décisions impopulaires étaient prises sans concertation avec la population. Les souvenirs de la révolte de 2019, marquée par des manifestations de grande ampleur contre la classe politique, restent vivaces dans l’esprit des parlementaires. Plusieurs voix ont donc insisté sur la nécessité d’équilibrer les réformes économiques avec des mesures de protection sociale, afin d’éviter une explosion sociale susceptible d’entraîner une nouvelle paralysie du pays.
Les tensions ont atteint un point culminant lorsque certains députés de l’opposition ont interrompu la séance pour dénoncer les ambiguïtés du programme gouvernemental. Le président du Parlement, Nabeh Berri, a dû intervenir à plusieurs reprises pour ramener le calme et permettre la poursuite des discussions.
Un vote de confiance déterminant pour la survie du gouvernement
Alors que la déclaration gouvernementale de Nawaf Salam avait déjà cristallisé de vives tensions au sein de l’Assemblée, l’étape du vote de confiance s’est imposée comme un test décisif pour la stabilité du nouvel exécutif. Dans un pays où chaque gouvernement est le fruit d’un équilibre délicat entre les différentes forces politiques et confessionnelles, l’issue de ce vote allait bien au-delà d’une simple validation institutionnelle. Elle reflétait le rapport de force entre les blocs parlementaires, et surtout, elle donnait une première indication sur la marge de manœuvre réelle dont pourrait disposer le Premier ministre dans la mise en œuvre de son programme.
Selon Al Sharq (26 février 2025), l’hémicycle s’est retrouvé divisé en trois grandes tendances face au gouvernement de Nawaf Salam :
- Les partisans du gouvernement, essentiellement représentés par le Hezbollah et le mouvement Amal, ont défendu la nécessité de garantir une certaine continuité institutionnelle, insistant sur le fait qu’un rejet de la confiance risquerait de plonger le pays dans une impasse politique prolongée.
- Les opposants farouches, parmi lesquels le Courant Patriotique Libre (CPL) et les Kataëb, qui ont refusé d’accorder leur confiance au gouvernement, dénonçant son manque de souveraineté et son incapacité à proposer des solutions crédibles face à la crise économique.
- Les indécis et les abstentionnistes, dont certains députés indépendants ou issus de formations politiques secondaires, qui ont cherché à monnayer leur soutien en échange de garanties sur des dossiers prioritaires comme la lutte contre la corruption ou la préservation des subventions sociales.
Ce clivage a profondément marqué la séance du vote, transformant l’Assemblée en un théâtre d’intenses tractations politiques. Selon Ad Diyar (26 février 2025), jusqu’à la dernière minute, les émissaires des différents blocs parlementaires ont multiplié les rencontres en coulisses, tentant de convaincre les députés hésitants de basculer en leur faveur.
Les arguments de l’opposition : un gouvernement jugé « fragile et inefficace »
Parmi les opposants les plus virulents, le Courant Patriotique Libre (CPL) a concentré ses critiques sur la soumission présumée du gouvernement aux conditions imposées par le Fonds monétaire international (FMI). Pour les députés du parti, accepter le programme économique de Nawaf Salam reviendrait à sacrifier les intérêts des classes populaires au profit d’un agenda dicté par les institutions financières internationales et les puissances occidentales. Selon Al Joumhouriyat (26 février 2025), Gebran Bassil a ainsi déclaré devant le Parlement que ce gouvernement ne possédait « ni la volonté ni les moyens d’appliquer une véritable réforme économique sans plier sous la pression étrangère ».
D’autres formations politiques, comme les Kataëb, ont axé leurs critiques sur l’absence de mesures concrètes pour lutter contre la corruption et restaurer la confiance des citoyens dans les institutions. Pour eux, le programme gouvernemental restait une liste de promesses vagues, sans garanties sur leur application effective.
Un autre point d’achoppement a été la gestion de la crise sociale. Selon Ad Diyar (26 février 2025), plusieurs députés ont averti que si le gouvernement ne mettait pas en place un plan d’urgence pour préserver le pouvoir d’achat des Libanais, il risquait de provoquer un soulèvement populaire de grande ampleur. La menace d’une nouvelle vague de manifestations similaires à celles de 2019 a été explicitement brandie par certains députés, notamment ceux des groupes indépendants issus du mouvement de contestation.
Le Hezbollah et Amal : un soutien prudent mais stratégique
Face à ces critiques, le Hezbollah et Amal ont tenu à défendre la nécessité de stabiliser les institutions et d’éviter un vide gouvernemental dangereux pour le pays. Pour ces deux formations, un rejet du gouvernement n’aurait fait que renforcer l’instabilité et rendre toute sortie de crise encore plus difficile.
Cependant, leur soutien n’a pas été totalement inconditionnel. Selon Al Sharq (26 février 2025), le Hezbollah a insisté sur le fait que certaines orientations économiques du gouvernement pourraient nécessiter des ajustements. L’un des points sensibles reste la levée des subventions sur certains produits essentiels, qui pourrait toucher durement la base populaire du parti chiite.
En coulisses, des discussions auraient eu lieu entre les représentants du Hezbollah et Nawaf Salam pour assurer que des mesures d’atténuation seraient mises en place avant toute réforme économique drastique. Cette position illustre bien le double jeu du Hezbollah, qui doit à la fois garantir la stabilité politique du pays et préserver son image auprès de sa base électorale.
Un résultat sous haute surveillance internationale
L’issue du vote était également attendue avec une grande attention par les acteurs internationaux. Selon Al Joumhouriyat (26 février 2025), la communauté internationale, notamment la France et les États-Unis, voyait dans le gouvernement de Nawaf Salam une dernière opportunité d’engager des réformes et de débloquer l’aide financière étrangère.
Les pays du Golfe, en particulier l’Arabie saoudite, étaient également attentifs à ce vote. Un rejet du gouvernement aurait signifié un nouveau recul pour leurs efforts visant à stabiliser le Liban et à contenir l’influence du Hezbollah dans la gestion de l’État.
Ce contexte géopolitique a sans doute pesé dans la balance, certains députés étant conscients que l’absence d’un gouvernement stable risquait de compromettre l’aide financière extérieure, essentielle pour éviter un effondrement total de l’économie.
Un gouvernement affaibli mais survivant
Finalement, après des heures de discussions houleuses, le gouvernement de Nawaf Salam a réussi à obtenir la confiance du Parlement, mais avec une majorité plus faible que prévu. Selon Ad Diyar (26 février 2025), cette victoire en demi-teinte signifie que le Premier ministre démarre son mandat avec une légitimité contestée et une capacité de gouvernance limitée.
Les défis qui attendent Nawaf Salam restent immenses. Son gouvernement devra mettre en œuvre des réformes sous la pression du FMI, tout en évitant une explosion sociale qui pourrait paralyser l’État. Avec une opposition déterminée à le surveiller de près et un soutien du Hezbollah conditionné à certaines lignes rouges économiques et politiques, la marge de manœuvre du gouvernement semble extrêmement réduite.
L’avenir de l’exécutif dépendra désormais de sa capacité à répondre aux attentes des Libanais, sans provoquer un retour du mécontentement populaire qui avait conduit à la chute des gouvernements précédents.
Les réformes économiques : Une nécessité sous contrainte
Avec le vote de confiance acquis de justesse, Nawaf Salam et son équipe gouvernementale doivent désormais faire face à un chantier économique titanesque. L’économie libanaise, en crise depuis plusieurs années, est marquée par une inflation galopante, une dépréciation continue de la monnaie nationale et un effondrement du pouvoir d’achat des citoyens. L’un des axes majeurs de la déclaration gouvernementale est la mise en place de réformes structurelles exigées par le Fonds monétaire international (FMI), condition sine qua non pour débloquer les fonds d’aide internationale.
Cependant, la mise en œuvre de ces réformes s’annonce périlleuse. Selon Al Sharq (26 février 2025), les principaux points de friction concernent la levée des subventions sur les produits de base, la restructuration du secteur bancaire et l’introduction de nouvelles taxes. Ces mesures, bien qu’essentielles pour rétablir les équilibres macroéconomiques, risquent de provoquer un soulèvement populaire, tant la population est déjà accablée par la crise.
L’un des dossiers les plus sensibles est la levée progressive des subventions sur les carburants, le blé et certains médicaments. Jusqu’à présent, l’État libanais subventionnait ces produits pour atténuer les effets de la crise sur les ménages les plus modestes. Or, selon Al Joumhouriyat (26 février 2025), la suppression de ces aides pourrait entraîner une flambée des prix et aggraver la précarité des classes moyennes et populaires. Le gouvernement justifie cette décision en arguant que ces subventions, financées par des réserves en devises en chute libre, sont insoutenables à long terme. Toutefois, de nombreux experts alertent sur le fait que sans un filet de sécurité social adéquat, cette réforme pourrait précipiter des centaines de milliers de Libanais dans la pauvreté extrême.
Autre point clé du programme économique du gouvernement : la réforme du secteur bancaire. Depuis la crise financière de 2019, le système bancaire libanais est pratiquement paralysé, avec des restrictions draconiennes sur les retraits et les transferts de fonds à l’étranger. Les négociations avec le FMI incluent une restructuration des banques, impliquant des pertes pour les déposants, notamment les gros épargnants, une mesure extrêmement impopulaire. Selon Ad Diyar (26 février 2025), plusieurs députés ont exigé des garanties sur la protection des comptes des petits épargnants, mais Nawaf Salam s’est montré évasif sur cette question, indiquant seulement que « des solutions équilibrées » seraient trouvées.
Face à ces défis, le gouvernement compte accélérer la mise en œuvre des recommandations du FMI pour obtenir une injection de fonds cruciale et éviter un défaut de paiement catastrophique. Pourtant, la méfiance de la population est à son comble. De nombreux Libanais voient dans ces réformes une répétition des erreurs passées, où les élites politiques et économiques trouvent toujours le moyen de protéger leurs intérêts au détriment des citoyens ordinaires.
Un climat social explosif : Le spectre d’un nouveau soulèvement populaire
L’annonce de ces réformes a immédiatement suscité une levée de boucliers au sein des syndicats et des associations civiles. Selon Al Sharq (26 février 2025), plusieurs organisations de la société civile ont d’ores et déjà annoncé des manifestations contre la suppression des subventions et l’augmentation des taxes. Certains observateurs comparent la situation actuelle à celle de l’automne 2019, lorsque le Liban avait été secoué par un mouvement de contestation sans précédent dénonçant la corruption et l’incompétence de la classe politique.
Cette fois-ci, les contestations pourraient être encore plus radicales. En 2023 et 2024, de nombreuses grèves générales et actions de protestation ont été organisées par les syndicats des enseignants, des fonctionnaires et des travailleurs du secteur de la santé, sans que le gouvernement précédent ne propose de solutions durables. Selon Al Joumhouriyat (26 février 2025), si Nawaf Salam persiste dans l’application brutale des réformes sans compensations sociales suffisantes, une paralysie du pays par des grèves massives est envisageable.
Le secteur des transports publics, déjà en grande difficulté, pourrait également être un facteur aggravant de la crise sociale. La hausse prévue des prix des carburants rendrait les déplacements quasiment impossibles pour une grande partie de la population, renforçant ainsi le mécontentement général. Ad Diyar (26 février 2025) souligne que dans plusieurs régions du pays, notamment dans la périphérie de Beyrouth et dans le nord du Liban, des blocages de routes spontanés ont déjà eu lieu en réaction aux premières annonces du gouvernement.
es risques politiques pour Nawaf Salam : Une majorité fragile sous pression
Outre le mécontentement populaire, Nawaf Salam doit également composer avec une majorité parlementaire extrêmement fragile. Si le gouvernement a obtenu le vote de confiance, ce soutien reste conditionnel et instable. Selon Al Sharq (26 février 2025), plusieurs députés ayant voté en faveur du gouvernement ont précisé qu’ils pourraient retirer leur soutien si les réformes économiques ne sont pas accompagnées de mesures de protection sociale adéquates.
Le Hezbollah et Amal, bien que soutenant le gouvernement, ont laissé entendre qu’ils s’opposeraient fermement à toute réforme mettant en péril la stabilité sociale. Le Hezbollah, en particulier, sait que son électorat populaire ne supporterait pas une hausse soudaine du coût de la vie. Selon Al Joumhouriyat (26 février 2025), Naim Kassem a déjà averti Nawaf Salam que des mesures d’accompagnement devront être mises en place avant toute suppression de subventions, faute de quoi son parti pourrait revoir son soutien au gouvernement.
Cette menace pèse lourdement sur Nawaf Salam, qui doit également faire face à une opposition déterminée à le faire échouer à la moindre occasion. Le Courant Patriotique Libre (CPL) et les Kataëb ont promis une opposition acharnée, notamment sur la question des privatisations et de la gestion des fonds publics. De plus, les divergences internes au sein du gouvernement pourraient rapidement paralyser l’action de l’exécutif, rendant difficile l’application d’une politique cohérente et efficace.
Le Parlement, lieu où se joue une grande partie de l’avenir de l’exécutif, est devenu une arène de rivalités où chaque camp tente de peser sur l’orientation du pays. Selon Al Sharq (26 février 2025), le Hezbollah et Amal, malgré leur soutien à l’actuel gouvernement, s’imposent comme des acteurs incontournables du processus décisionnel, posant régulièrement des conditions à l’exécution des réformes économiques. En d’autres termes, Nawaf Salam ne peut avancer qu’avec l’aval des forces chiites, ce qui réduit considérablement sa capacité d’initiative.
Par ailleurs, l’opposition représentée par le Courant Patriotique Libre (CPL) et les Kataëb, mais aussi par certains députés indépendants issus des mouvements de contestation, s’est renforcée dans le rôle de contre-pouvoir systématique, multipliant les critiques et les blocages institutionnels. Cette stratégie, selon Al Joumhouriyat (26 février 2025), vise à saper la légitimité du gouvernement afin de le contraindre à des concessions importantes ou, à terme, à provoquer son effondrement prématuré.
Le Premier ministre doit également composer avec une administration publique dysfonctionnelle, rongée par la corruption et la paralysie bureaucratique. Selon Ad Diyar (26 février 2025), de nombreux projets de réformes sont freinés par un appareil étatique incapable de suivre un rythme de travail soutenu, conséquence directe de décennies de mauvaise gouvernance et d’absence de modernisation. Même si des réformes ambitieuses figurent dans la déclaration gouvernementale, leur application concrète reste compromise par le manque de moyens, l’inertie des institutions et les résistances internes au sein de l’État.
Dans ce contexte, l’exécutif doit jongler entre la pression des bailleurs de fonds internationaux, qui exigent une accélération des réformes, et la réalité d’un État incapable d’absorber un tel changement dans l’immédiat. Ce déséquilibre entre les attentes extérieures et la situation intérieure pose une menace existentielle pour le gouvernement, qui risque d’être pris dans une spirale d’échecs et de promesses non tenues, ce qui pourrait conduire à une nouvelle crise de confiance généralisée.
Le poids de la rue : Une menace permanente pour le gouvernement
Si le Parlement est une source de blocage institutionnel, la rue libanaise représente un autre front sur lequel Nawaf Salam doit avancer avec la plus grande prudence. Le spectre des manifestations massives de 2019 hante toujours le paysage politique, et la colère populaire reste une arme redoutable pouvant faire basculer un gouvernement en un temps record.
Selon Al Sharq (26 février 2025), plusieurs mouvements de contestation et syndicats préparent déjà des actions de mobilisation contre les réformes du gouvernement, notamment celles portant sur la suppression des subventions et la réforme du secteur bancaire. L’augmentation du coût de la vie, la détérioration des services publics et la persistance des inégalités économiques sont des sujets brûlants qui pourraient facilement rallumer la flamme de la révolte.
Les services de sécurité libanais surveillent de près la situation. Selon Al Joumhouriyat (26 février 2025), des mouvements de grève spontanés ont été signalés ces dernières semaines, notamment dans le secteur de l’éducation et des transports, deux domaines touchés de plein fouet par les effets combinés de la crise économique et des mesures d’austérité. Ces signaux alarmants montrent que le mécontentement est profond et structurel, et qu’il pourrait s’intensifier à la moindre erreur de gestion du gouvernement.
Les zones urbaines sont particulièrement vulnérables à une nouvelle vague de contestation. Beyrouth, Tripoli et Saïda, déjà théâtres de grandes manifestations par le passé, pourraient redevenir des épicentres de la révolte populaire, en raison d’une forte concentration de populations précarisées et d’un mécontentement grandissant face à l’inaction du gouvernement.
En outre, le rôle des partis politiques dans l’orchestration des mobilisations sociales ne peut être sous-estimé. Certains partis d’opposition pourraient instrumentaliser la colère populaire pour affaiblir le gouvernement et provoquer une nouvelle impasse politique. Selon Ad Diyar (26 février 2025), plusieurs figures de l’opposition, notamment au sein du CPL, ont déjà évoqué la possibilité d’un recours aux manifestations pour mettre la pression sur l’exécutif, en appelant à des mobilisations de grande ampleur dans les semaines à venir.
Dans ce climat explosif, le gouvernement de Nawaf Salam doit impérativement éviter de reproduire les erreurs du passé. En 2019, l’augmentation des taxes sur les services de télécommunication avait suffi à déclencher un soulèvement national, révélant la fragilité extrême du contrat social entre l’État et les citoyens. Aujourd’hui, la moindre décision impopulaire pourrait raviver cette contestation et plonger le pays dans une nouvelle période d’instabilité.