Une avancée judiciaire en avril 2025
Le juge Tarek Bitar poursuit son enquête sur l’explosion du port de Beyrouth. Le 8 avril 2025, il convoque le général Abbas Ibrahim, ancien chef de la Sûreté générale, pour une audition prévue le vendredi 11 avril. Des sources du Palais de Justice confirment que la notification officielle est remise à Ibrahim, mais sa présence reste incertaine au 9 avril 2025, aucun engagement clair n’ayant été exprimé.
Simultanément, Bitar programme une nouvelle session pour le général Tony Saliba, ex-directeur de la Sécurité de l’État, le même jour. Saliba manque une audition la semaine précédente, invoquant un séjour à l’étranger sans justificatif officiel. S’il ne comparaît pas, les autorités judiciaires qualifieront cela de refus de coopérer, selon un communiqué interne relayé par Annahar le 8 avril 2025. Ces convocations relancent une enquête longtemps bloquée.
L’explosion du 4 août 2020, causée par la détonation de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium, tue 220 personnes, blesse 6 500 et ravage Beyrouth. Cinq ans après, la justice reste lettre morte, mais les auditions d’avril 2025 offrent un espoir fragile de progrès.
Des obstacles historiques surmontés ?
En 2021, Bitar tente déjà d’interroger Ibrahim et Saliba. Le ministère de l’Intérieur, sous Bassam Mawlawi, refuse l’accès à Ibrahim. Le Conseil supérieur de défense bloque Saliba. Le Parquet général, dirigé par Ghassan Oueidat jusqu’en 2024, avalise ces refus, protégeant les accusés. Ces obstructions reflètent une résistance institutionnelle persistante.
Le Parlement rejette dès juillet 2021 la levée d’immunités demandée par Bitar. Plus de 40 plaintes contre lui suspendent l’enquête de décembre 2021 à janvier 2023. Oueidat contre-attaque en 2023, libérant 17 détenus et inculpant Bitar pour « usurpation de pouvoir ». Ce conflit paralyse les investigations jusqu’en 2025.
La donne change avec l’élection de Joseph Aoun comme président le 9 janvier 2025. Dans son discours inaugural, il promet « aucune interférence dans la justice » et « aucune immunité pour les corrompus ». Nawaf Salam, nommé Premier ministre désigné le 14 janvier 2025, s’engage à soutenir la justice pour les victimes du port. Ces déclarations coïncident avec la reprise de l’enquête par Bitar le 16 janvier 2025, marquée par des interrogatoires en février.
Abbas Ibrahim et Tony Saliba sous les projecteurs
Abbas Ibrahim dirige la Sûreté générale de 2011 à 2023. Le 4 août 2020, il attribue l’explosion au nitrate d’ammonium, selon Reuters. Des alertes de 2014, révélées par l’AUB en 2022, montrent que son agence sait le stock dangereux, mais n’agit pas. Tony Saliba, à la tête de la Sécurité de l’État jusqu’en 2022, transmet en 2017 un rapport sur des fissures dans l’entrepôt 12, sans suite du Conseil supérieur de défense.
Ces éléments, connus depuis 2022, fondent les inculpations de Bitar pour négligence et homicide volontaire. En 2025, leur témoignage est crucial pour établir la chaîne des responsabilités.
Une coopération encore incertaine
Au 9 avril 2025, Ibrahim et Saliba n’ont pas confirmé leur présence. Le ministère de l’Intérieur, sous une nouvelle direction depuis 2023, n’a pas levé les restrictions sur Ibrahim. Le Conseil supérieur de défense maintient son veto sur Saliba. Le Parquet, désormais sous Jamal Hajjar, annule en mars 2025 les ordres d’Oueidat, facilitant les convocations, mais une note interne du 7 avril exige un aval préalable pour exécuter les mandats de Bitar.
La justice reste sous influence politique. Joseph Aoun et Nawaf Salam prônent l’indépendance judiciaire, mais les institutions tardent à suivre. Les auditions du 11 avril testeront leur engagement.
Réactions et espoirs mesurés
Les familles des victimes soutiennent Bitar. Le 9 avril 2025, 150 personnes manifestent devant le Palais de Justice, selon Le Parisien. Une mère déclare : « Si Ibrahim et Saliba parlent, on saura enfin. » Amnesty International salue la reprise dans un rapport du 22 mars 2025, tout en critiquant les blocages persistants.
La France, avec deux juges attendus fin avril 2025 pour partager leur enquête sur les victimes françaises, renforce la pression internationale. Ces efforts pourraient pousser les autorités libanaises à coopérer.
Un Liban en crise permanente
En 2025, la livre atteint 130 000 pour un dollar. L’inflation dépasse 180 %, et 80 % des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté, selon l’ONU. Les coupures d’électricité durent 20 heures par jour. Joseph Aoun et Nawaf Salam héritent d’un pays sans président depuis 2022 et d’un gouvernement intérimaire affaibli. L’enquête devient un symbole de gouvernance.
Les enjeux du 11 avril
Si Ibrahim et Saliba comparaissent, leurs réponses pourraient confirmer les alertes ignorées depuis 2014. En cas d’absence, Bitar envisagerait des mandats d’arrêt, difficiles à exécuter sans soutien sécuritaire. Ces auditions évalueront la portée des promesses d’Aoun et Salam.
Une vérité en suspens
Depuis 2020, 17 suspects sont détenus, mais libérés en 2023 par Oueidat. Bitar inculpe huit autres en 2023, dont Ibrahim et Saliba. Les auditions du 11 avril pourraient mener à des mises en accusation formelles, un pas vers la justice après cinq ans d’attente.
La voix du peuple
Une pétition de mars 2025 recueille 50 000 signatures pour soutenir Bitar, selon Legal Agenda. Sur X, les Libanais oscillent entre espoir et doute. Les familles, réunies le 4 avril à Tripoli, insistent : « Pas de pardon sans vérité. »
Données clés
Nom | Poste (2020) | Alerte connue |
---|---|---|
Abbas Ibrahim | Chef Sûreté générale | 2014, stock dangereux |
Tony Saliba | Chef Sécurité de l’État | 2017, fissures |
Ces faits, issus de rapports publics, attendent confirmation par les auditions.
Un combat pour la justice
Bitar défie un système verrouillé. Les engagements d’Aoun et Salam offrent une ouverture, mais l’histoire libanaise – marquée par l’impunité – pèse lourd. Le 11 avril 2025 dira si la justice peut enfin prévaloir.