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Enquêtes sur la crise bancaire et la corruption au Liban : une justice en panne

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Poursuites bancaires au point mort

Les enquêtes liées à la crise bancaire libanaise, ouvertes en 2021, stagnent toujours, selon un article récent. Les poursuites visant plusieurs dirigeants d’institutions financières, accusés de transferts illégaux de fonds vers l’étranger, n’ont abouti à aucune mise en accusation formelle. Le juge Ghassan Oueidat, chargé de ces dossiers, a enquêté sur des mouvements de capitaux suspects ayant eu lieu au début de la crise économique en 2019, mais ses investigations restent dans l’impasse. Le gel des avoirs, décidé par la Banque du Liban (BDL) pour certains comptes impliqués, n’a eu aucun effet concret, en grande partie à cause d’un manque de coopération judiciaire internationale.

Cette inertie reflète les difficultés du système judiciaire libanais à traiter des affaires complexes impliquant des acteurs influents. Les déposants, dont les épargnes sont bloquées depuis plus de cinq ans, attendent toujours des réponses, tandis que les responsables présumés échappent à toute sanction. Cette situation alimente un sentiment d’abandon parmi une population déjà durement touchée par la crise.

Obstacles judiciaires et blocages politiques

La lenteur des procédures judiciaires s’explique en partie par l’absence de consensus politique sur la réforme du système judiciaire. Les juges se heurtent à des obstacles institutionnels, notamment lorsqu’il s’agit de lever l’immunité parlementaire de certains accusés, souvent des figures politiques liées aux milieux financiers. Le Conseil supérieur de la magistrature, chargé de superviser les juges et d’organiser des sessions disciplinaires, n’a pas tenu de réunion depuis novembre 2024, aggravant la paralysie du système.

Cette inaction institutionnelle est perçue comme un frein majeur à la lutte contre la corruption et à la résolution de la crise bancaire. Des organisations de la société civile accusent les autorités de protéger les responsables financiers au détriment des déposants, dont beaucoup ont perdu leurs économies dans l’effondrement du système bancaire. Cette méfiance envers la justice renforce l’idée d’une élite intouchable, à l’abri des poursuites malgré les preuves accumulées.

Dossiers de corruption administrative en suspens

Dans un autre développement, plusieurs affaires de corruption administrative restent sans suite. Depuis janvier 2024, l’Inspection centrale a transmis plus de 18 rapports au ministère de la Justice, mettant en lumière des détournements présumés de fonds publics dans des secteurs clés comme les douanes, l’électricité et les transports. Ces rapports contiennent des preuves matérielles, telles que des écoutes téléphoniques et des factures falsifiées, mais aucun dossier n’a conduit à une convocation judiciaire à ce jour.

Cette stagnation illustre les défis auxquels fait face la justice libanaise dans la lutte contre la corruption systémique. Les secteurs cités – douanes, électricité, transports – sont notoirement vulnérables aux malversations, contribuant à la dégradation des services publics et à l’appauvrissement de l’État. Pourtant, l’absence de suites judiciaires laisse ces pratiques impunies, renforçant la défiance des citoyens envers les institutions.

Manque de moyens et d’appui administratif

Le ministère de la Justice attribue cette inaction à un manque de moyens et à l’encombrement des juridictions. Des juges instructeurs rapportent que leurs demandes d’assistance administrative, nécessaires pour avancer dans les enquêtes, restent sans réponse, paralysant leurs efforts. Ce déficit de ressources humaines et matérielles limite la capacité des tribunaux à traiter des dossiers complexes, qu’il s’agisse de corruption administrative ou de malversations bancaires.

Cette justification, bien que partiellement fondée, ne convainc pas les observateurs. La société civile, y compris l’ONG Legal Agenda, dénonce une culture de l’impunité profondément enracinée, où les intérêts politiques et économiques priment sur la justice. Cette perception est d’autant plus forte que le gouvernement s’est engagé auprès des bailleurs internationaux à renforcer l’État de droit, un engagement qui, pour l’instant, demeure lettre morte.

Pressions internationales et attentes citoyennes

Le Liban fait face à des pressions croissantes de la part de ses partenaires internationaux, notamment le Fonds monétaire international (FMI), qui lie son aide de 3 milliards de dollars à des réformes concrètes, dont le renforcement de la justice et la lutte contre la corruption. Les enquêtes sur la crise bancaire et les affaires administratives sont perçues comme des tests cruciaux de la volonté politique du pays à assainir ses institutions. Pourtant, l’absence de progrès tangibles dans ces dossiers risque de compromettre ces financements essentiels.

Pendant ce temps, les citoyens, galvanisés par la révolution d’octobre 2019, continuent de réclamer justice. Les déposants, victimes de la crise bancaire, et les contribuables, lésés par la corruption publique, exigent des comptes. La lenteur des enquêtes et l’absence de sanctions alimentent leur frustration, renforçant le fossé entre la population et un système perçu comme défaillant et complice.

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Newsdesk Libnanews
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