Dès le début du mandat Mikati III, le ton du nouveau ministre de l’information a été vite donné. Georges Cordahi, ministre nommé sur le quota attribué à Sleiman Franjieh, appelait en effet les médias à oublier les mauvaises nouvelles, à reparler du Liban comme le Pays de Feyrouz et des frères Rahbani, sous-entendant donc l’autocensure pour oublier la réalité de la crise sociale et économique, et surtout leurs mauvaises nouvelles qui nous touchent quotidiennement comme la dégradation du niveau de vie, les pénuries d’électricité et de carburants et passons sur le reste.
Cependant, la méthode Coué a beau jeu d’être de mise, la réalité finit toujours par nous rattraper, comme on ne peut aujourd’hui que le constater avec l’augmentation du coût de la vie au Pays du Cèdre, amenant encore à plus de pauvreté et de malheurs en dépit de l’autocensure installée par celui-ci.

Le nouveau ministre de l’information a été pourtant rattrapé par la polémique suite à ses propos diffusés le 5 août 2021, concernant la guerre au Yémen où il accusait l’Arabie saoudite et ses alliés de mener une guerre d’agression à l’encontre des populations de ce pays. Passés inaperçu jusqu’à présent alors qu’entretemps, le gouvernement Mikati III a été constitué début septembre, ces propos sont ressortis sur les réseaux sociaux dernièrement.

Depuis, le royaume saoudien a choisi d’expulsé hier, vendredi 29 octobre, l’ambassadeur du Liban à Riyad, Farid Kabbara, et de rappeler son ambassadeur Walid Boukari, officiellement pour des consultations, d’interrompre la totalité des importations libanaises vers son territoire et de mettre en place des sanctions économiques et politiques qui seront prochainement annoncées, à l’encontre des hommes d’affaires proches des hommes politiques.

Georges Cordahi – journaliste avant sa nomination comme ministre de l’information -, aurait-il dû exercer l’autocensure avant même d’être nommé comme ministre?

Certainement que non: La liberté d’expression doit être totale.
Au nom du principe même de la liberté d’expression, si ses propos à l’égard des médias les appelant à s’autocensurer étaient à critiquer, à juste titre justement, aujourd’hui il s’agit aussi de défendre non pas l’homme qui est fin de compte faillible, mais les principes liés à la liberté d’opinion et d’expression surtout.
Les principes prévalent en effet sur les hommes:
C’est au nom de cette même liberté d’opinion et d’expression mais aussi d’information qu’il fallait critiquer Georges Cordahi ministre précédemment hier et le défendre aujourd’hui.

En effet, toute personne a le droit de s’exprimer. Comme dirait l’adage attribué à Voltaire, “Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.

Une nouvelle fois, la classe politique libanaise n’a pas été à la hauteur comme elle ne l’a pas été lors de l’affaire, à l’époque, du kidnapping du premier ministre Saad Hariri en novembre 2017. Au lieu de resserrer les rangs mettant de côté ses différends locaux face à une puissance étrangère, elle a continué à baisser son pantalon, répondant aux désirâtes de puissances étrangères au lieu des intérêts propres au Liban.

Cette situation est d’autant plus grave aujourd’hui, que l’Arabie saoudite prend donc aujourd’hui tout un pays en otage, allant même à demander la démission du gouvernement Mikati III, selon certaines sources diplomatiques, et estime qu’il lui revient de choisir ou non d’agréer des ministres, en violation au principe aussi de souveraineté du Liban mais également des autres pays du Golfe, eux aussi contraint à suivre, comme le Qatar, rentré dans les rangs à ce qu’il semble depuis quelques années.

Dieu seul sait combien aujourd’hui, un gouvernement, quel qu’il soit est nécessaire au Pays des Cèdres face à la crise économique, alors que des décisions, quel qu’elles soient doivent être nécessairement prises justement pour avoir un peu plus de perspectives concernant la suite des évènements.

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