samedi, novembre 15, 2025

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Guerre commerciale et droits de douane : le pétrole américain chute sous les 60 dollars

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Les marchés pétroliers mondiaux ont été secoués ce lundi par une nouvelle baisse des cours, exacerbée par les tensions commerciales internationales. Le baril de West Texas Intermediate (WTI), référence du pétrole brut américain, a abandonné 2,40 % pour s’établir à 60,49 dollars, tombant brièvement sous la barre symbolique des 60 dollars pour la première fois depuis avril 2021. Depuis mercredi, le WTI a perdu plus de 16 % de sa valeur, une dégringolade spectaculaire qui reflète les incertitudes économiques mondiales. Parallèlement, le baril de Brent de la mer du Nord, étalon européen, a reculé de 2,47 % pour atteindre 63,96 dollars. Cette chute synchronisée intervient dans un contexte où la guerre commerciale et les droits de douane imposés par l’administration Trump sont pointés du doigt comme des facteurs aggravants, fragilisant un marché déjà sous pression et semblent indiquer que la possibilité d’une récession aux USA semble être importante.

Un plongeon inédit depuis 2021

La descente du WTI sous les 60 dollars, même de manière éphémère, marque un tournant significatif. Ce niveau n’avait pas été atteint depuis avril 2021, une période où le monde émergeait encore des restrictions liées à la pandémie de Covid-19, avec une demande pétrolière mondiale en berne et des stocks excédentaires. Aujourd’hui, le baril à 60,49 dollars représente une perte quotidienne d’environ 1,49 dollar par rapport à son cours précédent, mais c’est la chute cumulative de plus de 16 % depuis mercredi qui attire l’attention. Si l’on estime un prix de départ autour de 72 dollars en milieu de semaine dernière, cela équivaut à une dépréciation d’environ 11,50 dollars en quelques jours seulement.

Le Brent, coté à 63,96 dollars après une baisse de 1,62 dollar, suit une trajectoire parallèle, bien qu’il reste légèrement au-dessus de son homologue américain. Cet écart, typiquement de 3 à 5 dollars, est dû à des différences qualitatives et logistiques – le Brent étant un pétrole marin, plus coûteux à transporter, tandis que le WTI est extrait et stocké principalement aux États-Unis. Cependant, la simultanéité de ces baisses suggère des forces globales à l’œuvre, dépassant les spécificités régionales des deux marchés.

La guerre commerciale de Trump : un catalyseur économique

La guerre commerciale relancée par l’administration Trump, marquée par l’imposition de droits de douane sur de nombreux partenaires commerciaux, apparaît comme un moteur clé de cette chute des prix pétroliers. Ces tarifs, appliqués à des importations cruciales pour l’économie américaine, ont créé un climat d’incertitude qui pèse sur les perspectives de croissance mondiale. En augmentant le coût des biens importés, les droits de douane réduisent la compétitivité des entreprises américaines dépendantes de chaînes d’approvisionnement internationales, tout en provoquant des mesures de rétorsion de la part des pays visés.

Cette dynamique a un impact direct sur la demande de pétrole. Les industries manufacturières, grandes consommatrices de carburants et de dérivés pétroliers, ralentissent face à des coûts accrus et à une diminution des exportations américaines due aux contre-tarifs étrangers. Par exemple, une baisse de la production industrielle aux États-Unis ou chez ses partenaires commerciaux se traduit par une consommation moindre de diesel, d’essence et de kérosène, trois produits dérivés du brut dont la demande influe directement sur les cours.

De plus, la guerre commerciale exacerbe les craintes d’un ralentissement économique global. Les investisseurs, anticipant une réduction de l’activité dans des économies majeures comme la Chine ou l’Union européenne – toutes deux importatrices nettes de pétrole –, vendent leurs positions sur les marchés à terme, amplifiant la chute des prix. La perte de 16 % du WTI depuis mercredi illustre cette panique : une correction aussi rapide ne peut s’expliquer par des fondamentaux seuls, mais reflète un effet domino déclenché par les tensions commerciales.

Les droits de douane et leurs répercussions sur l’offre

Si la demande est affectée par les tarifs, l’offre pétrolière n’est pas en reste. Les droits de douane imposés par Trump pourraient perturber les flux commerciaux de pétrole brut et de produits raffinés. Les États-Unis, bien que devenus un exportateur net de pétrole grâce à la révolution du schiste, importent encore des volumes significatifs de brut lourd, notamment du Canada et du Mexique, pour alimenter leurs raffineries. Si ces importations sont frappées de tarifs élevés, les coûts de production des carburants domestiques augmenteront, ce qui pourrait paradoxalement freiner la consommation intérieure et ajouter une pression baissière sur les prix du WTI.

À l’inverse, les pays exportateurs ciblés par les droits de douane pourraient réorienter leurs ventes vers d’autres marchés, augmentant l’offre globale disponible et contribuant à la surabondance. Par exemple, une réduction des exportations de brut canadien vers les États-Unis, en réponse à des tarifs punitifs, pourrait pousser le Canada à chercher des acheteurs en Asie ou en Europe, saturant davantage un marché déjà fragile.

Les États-Unis : entre crise et opportunité

Pour l’industrie pétrolière américaine, cette chute sous les 60 dollars est un signal d’alarme. Le secteur du schiste, concentré dans des régions comme le bassin permien, repose sur des prix suffisamment élevés pour couvrir les coûts élevés de l’extraction par fracturation hydraulique. À 60,49 dollars, et encore plus sous les 60 dollars, de nombreux producteurs indépendants risquent de voir leurs marges s’effondrer. Une baisse prolongée pourrait geler les investissements dans de nouveaux puits, voire entraîner des faillites parmi les petites entreprises, comme ce fut le cas lors des bas prix de 2020.

Pourtant, cette situation offre aussi des avantages aux consommateurs américains. Une diminution des cours du WTI se répercute généralement sur les prix à la pompe avec un décalage de quelques semaines. Chaque dollar perdu par baril peut réduire le coût de l’essence d’environ 2 à 3 cents par gallon. Avec une chute de 11,50 dollars depuis mercredi, les automobilistes pourraient économiser entre 23 et 35 cents par gallon, un soulagement bienvenu dans un contexte économique tendu.

L’Europe et le Brent : un effet domino

En Europe, la baisse du Brent à 63,96 dollars reflète des dynamiques similaires, bien que nuancées par le statut d’importateur net de la région. Les droits de douane américains, en perturbant les échanges mondiaux, affectent indirectement la demande européenne de pétrole. Si les exportations européennes vers les États-Unis diminuent à cause de contre-tarifs, l’activité industrielle ralentit, réduisant les besoins en énergie. Cependant, des prix plus bas allègent temporairement la facture énergétique des ménages et des entreprises, offrant un répit dans une région confrontée à des coûts élevés depuis la crise énergétique de 2022.

Les raffineries européennes, qui transforment le Brent en carburants, pourraient également bénéficier de coûts d’approvisionnement réduits. Mais cet avantage est fragile : une guerre commerciale prolongée risque de déstabiliser les chaînes d’approvisionnement en produits pétroliers, notamment si les États-Unis imposent des restrictions sur les exportations de diesel ou d’essence vers l’Europe.

Un marché pétrolier sous haute tension

La corrélation entre la guerre commerciale de Trump et la chute des prix du pétrole est indéniable. La baisse de 2,40 % du WTI et de 2,47 % du Brent ce lundi n’est que la dernière manifestation d’un marché en proie à l’incertitude. La perte de 16 % du WTI depuis mercredi traduit une réaction brutale des traders aux annonces de nouveaux droits de douane, perçus comme une menace directe à la croissance économique mondiale. Cette volatilité rappelle les turbulences de 2018-2019, lorsque les premières salves de tarifs entre les États-Unis et la Chine avaient déjà secoué les cours pétroliers.

À court terme, les prix pourraient rester sous pression tant que les tensions commerciales persistent. Les stocks pétroliers américains, suivis de près via les rapports hebdomadaires de l’Energy Information Administration (EIA), seront un indicateur clé. Une augmentation des réserves signalerait une demande atone, renforçant la tendance baissière. À l’inverse, une réduction inattendue pourrait freiner la chute, en suggérant une résilience de la consommation.

Vers une nouvelle ère pour le pétrole ?

La guerre commerciale et les droits de douane de Trump redessinent les contours du marché pétrolier. En tombant sous les 60 dollars pour la première fois depuis 2021, le WTI envoie un message clair : les tensions géopolitiques et économiques peuvent éclipser les fondamentaux traditionnels de l’offre et de la demande. Alors que le Brent suit cette spirale à 63,96 dollars, les acteurs du marché – producteurs, raffineurs, consommateurs – s’adaptent à une réalité incertaine. Si les tarifs continuent d’alimenter la défiance, le pétrole pourrait devenir à la fois une victime et un révélateur des bouleversements économiques à venir.

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