Un jour après l’annonce du renoncement du premier ministre désigné Mustapha Adib, le Président de la République Française, Emmanuel Macron s’est exprimé à ce sujet.

Cette démission met à mal la mise en place du plan de réformes nécessaires pour le déblocage de l’aide économique internationale face à la crise financière que traverse le Pays des Cèdres.

Emmanuel Macron est devenu le chef de file de la communauté internationale, se déplaçant à 2 reprises au Liban, une fois, deux jours après l’explosion du Port de Beyrouth puis à l’occasion du centenaire de la proclamation de l’Etat du Grand Liban, le 1er septembre, au lendemain de la nomination de Mustapha Adib. Il avait alors menacé de suspendre l’aide française, il y a un mois.

La nomination d’un nouveau gouvernement est nécessaire à la mise en place des réformes réclamées par la communauté internationale mais également par une grande partie de la population. La dette publique dépasse désormais plus de 94 milliards de dollars alors que la récession de l’économie libanaise impacte durement la population, avec près de 50% de la population active au chômage et 60% de la population vivant désormais sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 6 dollars par jour. La population libanaise est également confrontée au contrôle informel mis en place par les banques libanaises, un secteur d’activité en quasi-faillite alors que les réserves monétaires de la Banque du Liban s’effondrent désormais. Le gouverneur de la BDL avait ainsi indiqué devoir interrompre le programme de subvention des produits essentiels – farine, médicaments ou encore carburants – dans moins de un mois, faisant craindre une augmentation importante des prix alors que la parité de la livre libanaise s’effondre déjà face au dollar.

Ces facteurs entrainent une paupérisation accrue de la population libanaise, de plus en plus confrontée à des pénuries.

Même si la France indique ne pas abandonner le Pays des Cèdres, il se heurte désormais à l’immobilisme de la classe politique libanaise en dépit de l’engagement des partis politiques.

Emmanuel Macron dénonce la classe politique libanaise

Le chef de l’état a rappelé la présence de la France dès les premières heures de la catastrophe du 4 août. Il a accusé la classe politique de corruption et de tenir la population en otage.

Le président de la république a rappelé les engagements des forces politiques libanaises de former un gouvernement de mission capable de mettre en oeuvre une feuille de route précise de réformes nécessaires, avec un agenda à un mois et à trois mois.

Ce qui s’est passé est une clarification. Les dirigeants libanais n’ont pas souhaité respecter l’engagement pris. Emmanuel Macron a indiqué qu’ils ont décidé de trahir cet engagement et de privilégier leurs intérêts partisans et individuels au détriment de l’intérêt général et d’amener le Liban dans le chaos.

Il a cependant salué l’armée libanaise qui continue de tenter de stabiliser la situation.

Il s’agissait de consolidant leurs camps et non l’intérêt général, privilégiant une dimension confessionnelle, allusion aux revendications du mouvement Amal et du Hezbollah sur le ministère des finances.

Le Hezbollah ne peut se croire plus fort qu’il ne l’est, indique Emmanuel Macron.

“Personne n’a été à la hauteur des engagements, tous n’ont oeuvré que dans leurs intérêts pour sauver les intérêts de leurs camps”

Emmanuel Macron prend acte de cette trahison collective et estime qu’ils devront en répondre devant le peuple libanais auquel il réitère son soutien.

La feuille de route est la seule option viable, elle n’est pas retirée de la table, souligne le président de la république.

Les réformes et les actions sont indispensables et constituent la condition sin qua non pour bénéficier de l’aide pour sa reconstruction et son avenir.

Une conférence d’aide au Liban sera organisée mi-octobre pour amplifier l’aide internationale au bénéfice directe à la population via les ONG locales et les agences des Nations-Unies et non par les autorités libanaises. Il s’agira de veiller à la transparence et au suivi des aides.

Il s’agit de réunir d’ici 20 jours l’ensemble du groupe de soutien au Liban, avec l’exigence que les causes de l’explosion du 4 août soient révélées et le renouvellement des engagements de la feuille de route.

La France restera engagée auprès du peuple libanais et nous ne lâcherons jamais, conclut le chef de l’état.

Aux journalistes présents, il a indiqué que Saad Hariri a eu tort d’ajouter une dimension confessionnelle à l’attribution du ministère des finances, tout en accusant également le mouvement Amal et le Hezbollah d’avoir continué à revendiquer une appartenance communautaire.

La volonté du mouvement Amal et du Hezbollah était de ne faire aucune concession et de ne pas respecter leurs engagements, répète le chef de l’état.

L’échec, c’est eux, souligne Emmanuel Macron, mettant la responsabilité de la crise sur l’ensemble des forces politiques qui n’ont pas la mesure de la crise et de la situation qui se déroule suite à l’explosion du 4 août.

Chaque jour, face à la crise, rend plus probable , une déstabilisation de la rue libanaise.

Si c’est un gouvernement politique, il ne sait pas conduire de réforme, réitère Emmanuel Macron qui souligne la nécessité de la mise en place d’un gouvernement de mission.

Les sanctions économiques ne seraient pas efficaces, estime le président Macron, qui souligne que de telles sanctions ne seraient pas efficaces aujourd’hui mais elles ne sont exclues.

Il a accusé les partis politiques et les banques libanaises d’avoir mis un schéma ponzi afin d’attirer des capitaux et de souhaiter maintenir leurs emprises dans le système qu’ils ont mis en place.