
Évolution du déficit commercial
Au cours des quatre premiers mois de l’année 2025, le Liban a enregistré un déficit commercial de 5,1 milliards USD, soit une augmentation de 13 % par rapport à la même période en 2024, selon les chiffres publiés par l’Administration des douanes libanaises. Cette hausse est attribuable à une croissance plus rapide des importations (+14 %) que celle des exportations (+18 %), accentuant le déséquilibre structurel de la balance des biens.
Données générales sur les échanges
Les importations ont atteint 6,22 milliards USD, contre 5,46 milliards USD l’année précédente, soit une hausse de 757,7 millions USD. Les exportations, quant à elles, ont progressé de 982 millions USD à 1,16 milliard USD, soit une augmentation de 178 millions USD. Le taux de couverture (rapport exportations/importations) reste faible, à 18,7 %, bien qu’en légère amélioration par rapport aux 18 % de 2024.
Détails sectoriels : importations
Les importations non liées aux hydrocarbures se sont élevées à 4,6 milliards USD (+14 %), représentant environ 74 % du total. Les importations d’hydrocarbures (pétrole et combustibles minéraux) ont quant à elles atteint 1,64 milliard USD, en hausse de 13,2 % sur un an. Le volume physique importé de combustibles est passé de 1,9 million de tonnes à 2,7 millions de tonnes sur la même période, confirmant une hausse de la consommation énergétique.
Classement des produits importés
Parmi les produits les plus importés au cours du quadrimestre :
- Pierres précieuses et métaux précieux : 1,04 milliard USD (16,8 % du total)
- Produits chimiques : 510 millions USD (8,2 %)
- Machines et instruments électriques : 482,1 millions USD (7,8 %)
- Produits végétaux : 395,6 millions USD (6,4 %)
- Produits alimentaires et boissons : 374,1 millions USD (6 %)
À noter la progression marquée des importations d’œuvres d’art et objets de collection (+68 %), de véhicules et avions (+67 %), d’articles en pierre et verre (+57,5 %), de métaux de base (+37,8 %), et de plastiques et caoutchouc (+22,6 %).
Origine géographique des importations
La Chine demeure le principal fournisseur du Liban avec 657,3 millions USD (10,6 % du total), suivie par la Grèce (589,7 M$), l’Égypte (497 M$), les Émirats arabes unis (491 M$), la Turquie (474 M$) et la Suisse (406 M$). Les importations en provenance d’Égypte ont bondi de 114,5 %, celles des Émirats de 82 %, et celles d’Allemagne de 35,7 %. En revanche, celles de l’Arabie saoudite ont chuté de 9,2 %, et celles d’Italie de 9 %.
Ports d’entrée des marchandises
Le port de Beyrouth a accueilli 63 % des marchandises importées, suivi de l’aéroport international de Beyrouth (27 %), le port de Tripoli (7 %), et le point frontalier de Masnaa (2,2 %). Les autres points (Saïda, Tyr, Arida) ont représenté moins de 1 % du total.
Dynamique des exportations
Les exportations ont progressé sous l’effet de plusieurs facteurs, notamment la hausse du prix de certains métaux précieux et une amélioration de la logistique d’exportation. En particulier :
- Exportations de pierres précieuses et métaux : +64 % à 176,6 millions USD
- Produits minéraux : +512,4 % à 30,5 millions USD
- Métaux de base : +17 % à 26,2 millions USD
- Véhicules et équipements de transport : +18,6 % à 1,38 million USD
- Textiles : +4,6 % à 547 000 USD
Destinations majeures des exportations
La Suisse est devenue la première destination (+392,4 %), suivie par Chypre (+269,7 %), la Grèce (+160,8 %), la Syrie (+66 %), et les États-Unis (+9 %). En revanche, les exportations vers la Turquie ont chuté de 57,2 %, vers l’Irak de 20,8 %, vers l’Égypte de 20,5 %, et vers la Jordanie de 18,4 %.
Infrastructure logistique d’export
L’aéroport international a été utilisé pour 44,3 % des exportations, contre 42,2 % pour le port de Beyrouth, 6,1 % pour Masnaa, 4,8 % pour Tripoli et 2,6 % pour Saïda. Cela traduit un usage croissant du fret aérien pour des produits de valeur plus élevée.
Analyse macroéconomique
Le déficit commercial libanais est structurel : les importations représentent près de 90 % de la consommation locale en biens manufacturés et alimentaires. L’absence d’un secteur industriel compétitif et l’instabilité du cadre réglementaire limitent la capacité du pays à développer ses exportations. La légère amélioration du taux de couverture reste insuffisante pour inverser la tendance.
Conversion en livre libanaise
Sur la base du taux de 89 500 LBP/USD :
- Le déficit de 5,1 milliards USD équivaut à 456 450 milliards LBP.
- Les importations de 6,22 milliards USD : 557 690 milliards LBP
- Les exportations de 1,16 milliard USD : 103 820 milliards LBP
Évolution et scénarios
À court terme, le déficit devrait rester élevé. Seule une relance des secteurs productifs – industrie légère, agriculture exportable, technologie – pourrait progressivement réduire cette dépendance. Les institutions financières internationales insistent sur la nécessité de réformes fiscales, douanières et industrielles coordonnées.