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Le dilemme de l’application sélective des mandats d’arrêt : Poutine et Netanyahu face à des critères divergents

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La Cour pénale internationale (CPI) a récemment émis des mandats d’arrêt contre Vladimir Poutine, accusé de crimes de guerre suite à l’invasion de l’Ukraine en 2022, et Benjamin Netanyahu, pour son rôle dans les offensives israéliennes à Gaza. Ces mandats soulignent l’incohérence de l’application de la justice internationale, dans la mesure où des pays occidentaux, appelant à l’arrestation de Poutine, continuent de soutenir Netanyahu, malgré des accusations similaires. Cette situation met en lumière une justice sélective qui semble être guidée par des intérêts géopolitiques plutôt que par un engagement sincère envers les principes de la CPI.

Poutine, un cas de justice internationale prioritaire ?

Le mandat d’arrêt contre Vladimir Poutine a été largement soutenu par la communauté internationale, en particulier par les pays occidentaux. L’Union européenneles États-Unis, et plusieurs autres nations ont salué l’émission de ce mandat, le considérant comme un moyen de punir la Russie pour ses actions en Ukraine. L’attaque de l’Ukraine par la Russie est perçue comme une violation flagrante du droit international, ce qui justifie, selon ces pays, la mise en place d’une procédure contre le président russe.

L’argument principal des défenseurs de l’application de ce mandat est celui de la justice mondialeAl Jazeerarapporte que, pour l’Occident, l’arrestation de Poutine symbolise la lutte contre l’impunité des dirigeants qui commettent des crimes de guerre, en particulier dans des contextes d’agression militaire directe contre un autre pays souverain. Ainsi, l’invasion de l’Ukraine, en tant qu’agression directe et manifeste, constitue un motif clair de mise en accusation selon les normes internationales.

Le double standard de la justice internationale : Netanyahu face aux mêmes accusations

Dans un retournement frappant, bien que Benjamin Netanyahu soit également accusé de crimes de guerre, notamment pour la gestion des offensives militaires israéliennes à Gaza, les pays occidentaux n’ont pas réagi de manière similaire à l’égard du Premier ministre israélien. Au contraire, les États-Unis, en particulier, ont renouvelé leur soutien à Israël, arguant que le pays a le droit de se défendre contre des attaques terroristes. Cette position est en grande partie influencée par la relation stratégique entre Israël et les États-Unis, qui inclut une coopération militaire étroite, un soutien diplomatique de longue date et des enjeux sécuritaires au Moyen-Orient.

La récente émission d’un mandat d’arrêt contre Netanyahu par la CPI pour son rôle dans les frappes israéliennes à Gaza met en lumière l’hypocrisie de cette situation. Bien que la CPI ait été claire dans ses accusations de crimes de guerre, les puissances occidentales, qui sont souvent les premières à réclamer des sanctions contre des régimes perçus comme autoritaires, n’ont pas adopté la même fermeté face à Israël. Yedioth Ahronoth note que cette dynamique est particulièrement évidente avec les actions de l’ONU et des organisations de défense des droits humains, qui ont accusé Israël de crimes contre l’humanité, mais qui sont ignorées ou minimisées par les États-Unis et plusieurs autres alliés d’Israël.

Les raisons géopolitiques sous-jacentes à la protection de Netanyahu

La protection sélective de Netanyahu par les pays occidentaux, notamment les États-Unis, découle en grande partie de considérations géopolitiques. Israël est un allié clé dans une région stratégique, notamment en raison de ses capacités militaires et de son rôle de contrepoids à l’influence de l’Iran et de ses alliés dans le Golfe. Les accords d’Abraham, qui ont permis à Israël de normaliser ses relations avec plusieurs pays arabes, ont renforcé ce rôle stratégique pour les puissances occidentales.

Les États-Unis, en particulier, ont une politique de soutien inconditionnel à Israël, motivée par des intérêts sécuritaires, mais aussi par un large soutien de la communauté juive américaine et des alliances stratégiques au Moyen-Orient. Ce soutien a pour effet de diminuer la pression internationale sur Israël en dépit des accusations de crimes de guerre. Haaretz indique que cette dynamique crée un double standard où Israël bénéficie d’un soutien diplomatique, même lorsque des accusations graves de violations des droits humains sont portées contre lui.

Le dilemme pour les pays européens : Entre principe et pression géopolitique

Les pays européens se retrouvent également pris dans ce dilemme. D’une part, plusieurs nations de l’UE, comme la France et l’Allemagne, ont exprimé des préoccupations concernant l’escalade à Gaza et ont appelé à la protection des civils palestiniens. Mais d’autre part, ces mêmes pays continuent de maintenir des liens solides avec Israël, par crainte de perturber leurs relations économiques et de sécurité. Ce dilemme est exacerbé par la politique étrangère des États-Unis, qui impose souvent sa propre position sur le Moyen-Orient à ses alliés européens.

La situation devient encore plus complexe en raison des alliances politiques avec des pays qui soutiennent Israël contre les mandats d’arrêt. L’Angleterre, tout en étant un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et un signataire des conventions internationales, a souvent défendu Israël dans le cadre des discussions sur les droits des Palestiniens.

Les implications pour la CPI et l’avenir de la justice internationale

La protection de Netanyahu et la demande d’arrestation de Poutine mettent en lumière une grave contradiction dans le système de justice internationale. La CPI a pour mission de juger les responsables des crimes de guerre, mais son efficacité est mise à l’épreuve par des considérations géopolitiques. Si la CPI se voit incapable d’appliquer ses mandats de manière cohérente, elle risque de perdre son rôle de gardienne des droits humains, ouvrant la voie à une justice à deux vitesses qui pourrait devenir plus politique que juridique.

Les critiques de la CPI, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’organisation, s’intensifient. Il devient de plus en plus difficile de justifier l’inaction face à certains dirigeants tout en poursuivant d’autres, sur la base de ce qui est perçu comme un intérêt national et une implication géopolitique. L’impartialité de la justice internationale est ainsi mise à rude épreuve, d’autant plus que de nombreux pays, y compris ceux qui prônent la justice internationale, font preuve de protectionnisme vis-à-vis de leurs alliés.


Références :

  • Yedioth Ahronoth, « L’incohérence de la CPI : Quand la justice internationale est sélective », avril 2024.
  • Haaretz, « Israël et les mandats de la CPI : Pourquoi le monde ferme les yeux », mars 2024.
  • Al Jazeera, « Poutine et Netanyahu : Pourquoi deux poids, deux mesures ? », janvier 2024.
  • The Guardian, « Justice internationale : Les limites de la CPI face à des dirigeants protégés », février 2024.
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Newsdesk Libnanews
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