Le ministère des Affaires sociales (MoSA) du Liban a entamé de nouvelles démarches auprès de bailleurs de fonds internationaux pour garantir la pérennité du programme AMAN au-delà du second semestre 2025. Lancé en 2021 avec l’appui de la Banque mondiale, AMAN est aujourd’hui le plus important dispositif d’assistance financière directe conditionnelle au Liban. Il a permis, en 2024, de verser des aides mensuelles à 158 000 ménages identifiés comme extrêmement pauvres à travers une plateforme numérique de ciblage social.
Une note conceptuelle a été présentée le 29 avril 2025 par une délégation technique du MoSA à une délégation conjointe de la Banque mondiale et du Programme alimentaire mondial (PAM), portant sur l’élargissement du programme à 80 000 ménages supplémentaires. Cette extension porterait à 238 000 le nombre total de foyers bénéficiaires en cas de financement. Le MoSA évalue le besoin de financement additionnel à 112 millions USD pour l’année 2025, hors coûts de fonctionnement.
Le programme AMAN est structuré autour de transferts monétaires mensuels de 25 USD par personne, plafonnés à 5 membres par foyer, soit un montant maximal de 125 USD/mois par ménage. En 2024, le budget total alloué au programme s’élevait à 250 millions USD, dont 215 millions financés par la Banque mondiale dans le cadre d’un prêt concessionnel, et 35 millions en appui budgétaire indirect via des ONG locales partenaires.
Tableau : Chiffres-clés du programme AMAN (2024)
Indicateur | Valeur |
---|---|
Ménages bénéficiaires | 158 000 |
Montant moyen versé/mois | 108 USD |
Nombre moyen de personnes/foyer | 4,3 |
Budget annuel total | 250 millions USD |
Financement Banque mondiale | 215 millions USD |
Le MoSA ambitionne d’étendre également l’intégration numérique des bénéficiaires via la plateforme IMPACT, en partenariat avec OMSAR et le Bureau central de statistique. Cela inclut la mise en place d’un portail d’actualisation automatisée des données socioéconomiques, basé sur des recoupements avec les bases fiscales, scolaires et médicales.
La note remise aux partenaires met en avant la nécessité de passer d’un modèle de filets sociaux d’urgence à un socle de protection sociale permanent, avec l’objectif de couvrir 40 % des Libanais vivant sous le seuil de pauvreté multidimensionnelle. Une mission technique de la Banque mondiale est attendue en juin pour auditer les résultats de l’exercice précédent et valider les critères d’éligibilité révisés.
Le programme AMAN demeure cependant sous pression budgétaire. La dernière tranche de décaissement de la Banque mondiale s’achève en juillet 2025, et aucun accord de recomplètement n’a encore été validé par le Conseil des ministres. Le financement reste suspendu à l’adoption d’une loi budgétaire amendée pour l’année en cours. Le MoSA propose, en complément, une allocation de 25 millions USD du Fonds fiduciaire des Nations Unies pour les urgences sociales, ainsi que des contributions bilatérales de l’Allemagne et de la Norvège, actuellement en discussion.
Tableau : Scénario de financement projeté pour AMAN 2025 (extension incluse)
Source de financement | Montant projeté (USD) |
Banque mondiale (prêt additionnel) | 65 millions |
Fonds d’urgence des Nations Unies | 25 millions |
Coopération bilatérale (DE+NO) | 22 millions |
Total attendu | 112 millions |
Le programme AMAN est exécuté via un consortium d’acteurs institutionnels libanais et internationaux. La gestion opérationnelle est assurée par le MoSA, avec le soutien logistique de l’armée libanaise pour les zones rurales et difficiles d’accès, et un suivi technique assuré par l’UNICEF. Le paiement est effectué par l’intermédiaire de prestataires privés, notamment LibanPost et des banques locales accréditées.
La Banque mondiale considère AMAN comme une expérience pilote pour la structuration future d’un régime universel de protection sociale au Liban. Selon le dernier rapport d’évaluation externe, le taux de satisfaction des bénéficiaires s’élève à 87 %, et 92 % des transferts sont réalisés dans les délais impartis. En 2024, le coût de gestion du programme représentait 4,8 % du budget total, en ligne avec les standards internationaux pour ce type de mécanisme.
Sources : Ministère des Affaires sociales (MoSA), Banque mondiale, PAM, note conceptuelle MoSA avril 2025, IMPACT/OMSAR