La Banque du Liban (BDL) a enregistré une hausse nette de ses réserves en devises étrangères de 900 millions USD entre janvier et avril 2025, selon les données publiées dans le dernier rapport hebdomadaire de Bank Audi. Cette progression porte le total des réserves officielles de la BDL à 9,68 milliards USD au 25 avril 2025, contre 8,78 milliards au 31 décembre 2024. Cette amélioration survient après plusieurs années de contraction continue due à la crise économique et monétaire.
Cette évolution s’explique principalement par le ralentissement du financement de la plateforme Sayrafa, par la réduction de l’intervention directe sur le marché de change, et par l’encaissement d’appuis extérieurs sous forme de prêts et de programmes d’assistance. En parallèle, la politique de taux de change administré s’est assouplie avec une stabilisation du taux informel autour de 89 000 livres libanaises pour 1 USD en avril 2025, limitant la pression sur les réserves.
Tableau : Réserves brutes en devises à la BDL (USD)
Date | Montant (USD) | Variation mensuelle |
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31 déc. 2024 | 8,78 milliards | — |
31 janv. 2025 | 9,01 milliards | +230 millions |
29 févr. 2025 | 9,24 milliards | +230 millions |
31 mars 2025 | 9,50 milliards | +260 millions |
25 avril 2025 | 9,68 milliards | +180 millions |
Le rebond des réserves est également attribuable à la reprise des flux entrants de devises via le secteur touristique(retour des expatriés) et aux dépôts des organisations internationales opérant au Liban. Selon le FMI, les transferts annuels nets d’ONG et d’institutions humanitaires vers le Liban ont atteint près de 1,1 milliard USD en 2024, dont environ 35 % ont transité via des comptes ouverts à la BDL.
Le ralentissement de l’utilisation de la plateforme Sayrafa, créée en 2021 pour faciliter la vente de devises à un taux semi-officiel, a aussi permis de contenir les pertes nettes de devises. En 2023, la BDL avait vendu plus de 3,4 milliards USD via Sayrafa ; en 2024, ce volume a chuté à 1,6 milliard USD. Depuis janvier 2025, le volume mensuel injecté est inférieur à 100 millions USD.
L’actuel gouverneur par intérim de la BDL, Wassim Mansouri, poursuit une ligne prudente en matière de gestion des avoirs extérieurs. Le Conseil central de la banque a confirmé une stratégie de réduction des mécanismes de subventions indirectes, tout en privilégiant l’accumulation de réserves brutes pour soutenir le plan de stabilisation monétaire présenté au FMI dans le cadre des négociations en cours.
Les discussions avec le Fonds monétaire international restent centrées sur l’adoption de réformes fiscales, l’unification des taux de change, et la restructuration du secteur bancaire. Le niveau des réserves nettes, corrigé des engagements en devises de la BDL, reste toutefois négatif, à environ -2,9 milliards USD fin avril, selon les estimations du cabinet Kulluna Irada.
Tableau : Position en devises de la BDL (avril 2025)
Indicateur | Valeur estimée |
Réserves brutes | 9,68 milliards USD |
Engagements en devises | 12,58 milliards USD |
Réserves nettes | -2,9 milliards USD |
Transferts ONG/institutions (2024) | 1,1 milliard USD |
La progression récente des réserves est donc perçue comme un signal encourageant à court terme, sans modifier en profondeur les déséquilibres structurels. Les économistes soulignent que cette hausse reste fragile et dépendante d’éléments conjoncturels tels que la saison touristique, les appuis humanitaires, et l’absence d’obligations de paiement immédiates.
Sources : Bank Audi Group Research, Banque du Liban, FMI, Kulluna Irada, Sayrafa BDL Platform, Bulletin des Finances Publiques avril 2025