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Léon XIV : un pape américain sous haute tension géopolitique

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Le conclave du 8 mai 2025 a débouché sur l’élection du cardinal Robert Francis Prevost comme 267ᵉ pape de l’Église catholique, sous le nom de Léon XIV. Né à Chicago, cet ancien missionnaire au Pérou devient le premier pontife originaire des États-Unis. Son élection intervient dans un contexte mondial marqué par les crispations politiques, les conflits armés et les fractures idéologiques internes, en particulier au sein du catholicisme américain.

Une figure discrète, façonnée par la pastorale de terrain

Robert Francis Prevost n’appartient pas à la catégorie des papes « théologiens » ou des figures médiatiques de premier plan. Entré chez les Augustins à 21 ans, formé à Rome puis missionnaire au Pérou pendant près de vingt ans, il a dirigé le diocèse de Chiclayo avant d’être rappelé à Rome en 2023 pour prendre la tête du dicastère pour les évêques, l’un des postes les plus stratégiques de la Curie romaine.

À ce titre, il a eu accès à l’ensemble des rapports confidentiels émanant des nonciatures du monde entier, ainsi qu’aux dossiers de nomination des évêques dans toutes les régions sensibles : Afrique subsaharienne, Chine, Ukraine, Terre sainte. Il est donc parfaitement informé des tensions géopolitiques globales, des fragilités des Églises locales et des rapports de force entre nations, régimes et communautés religieuses.

Reste une interrogation centrale : quel style diplomatique adoptera-t-il ? La stature morale de Jean-Paul II, très active sur la scène mondiale, notamment dans le bloc soviétique, contraste avec la diplomatie feutrée de François, marquée par des démarches prudentes, souvent bilatérales et silencieuses. Léon XIV, en raison de sa culture nord-américaine et de sa familiarité avec les conflits du Sud global, pourrait être tenté par un équilibre entre parole publique et négociation discrète. Mais il ne s’est pas encore exprimé sur ce point.

Ses premiers gestes – une bénédiction sobre, un appel à la paix sans désignation de responsables, et des formules consensuelles – laissent entendre une volonté de ne pas rompre avec la diplomatie vaticane actuelle. Mais rien n’exclut qu’il choisisse, à terme, une ligne plus frontale, surtout si les attentes internationales se cristallisent autour de conflits majeurs ou de violations graves des droits humains.

Une ligne sociale, en contraste avec la droite catholique américaine

Le profil du nouveau pape contraste fortement avec celui de l’électorat catholique conservateur américain. Lors des dernières élections présidentielles aux États-Unis, près de 60 % des catholiques ont soutenu Donald Trump, un chiffre qui reflète une polarisation croissante autour des thèmes du nationalisme, de l’immigration, de l’avortement et des libertés religieuses.

Léon XIV, lui, n’a jamais été dans cette logique de confrontation. Sans jamais s’opposer frontalement à Trump, il a soutenu une vision pastorale inclusive. Pendant la présidence Trump, alors qu’il était encore évêque, il s’est exprimé à plusieurs reprises contre la criminalisation de l’accueil des migrants. Son compte personnel a relayé des messages de défense des immigrés, de soutien à des organisations catholiques impliquées dans l’aide humanitaire à la frontière mexicaine, et des critiques de la doctrine « America First ».

Ce positionnement discret mais clair ne manquera pas d’irriter les milieux évangéliques et catholiques ultra-conservateurs, d’autant plus qu’il s’inscrit dans la continuité directe du pape François, ouvertement en opposition avec certaines politiques trumpistes, notamment sur la construction du mur avec le Mexique. L’expression « construire des ponts » utilisée dans son discours d’intronisation est perçue comme une allusion à peine voilée à ces tensions idéologiques.

Immigration : une cohérence pastorale ancienne

Avant son arrivée à Rome, Léon XIV a œuvré en Amérique latine, notamment au Pérou, où il a développé une pastorale tournée vers les populations migrantes et vulnérables. Son expérience dans la région a forgé une sensibilité forte sur les questions migratoires.

Sa nomination a été saluée par plusieurs dirigeants d’Amérique latine, qui voient en lui un défenseur naturel des droits des migrants, en particulier ceux installés aux États-Unis. Certains espèrent qu’il utilisera son autorité morale pour plaider une politique plus humaine, en rupture avec les logiques sécuritaires.

Son discours inaugural ne laissait d’ailleurs guère de doute : le pape souhaite placer son pontificat sous le signe de l’accueil, de l’unité et du refus de l’exclusion.

Crises internationales : prudence mesurée

Dans un monde marqué par les conflits en Ukraine, à Gaza, au Liban ou encore au Soudan, le rôle du pape comme voix morale est attendu avec insistance. Pour l’heure, Léon XIV a évité toute prise de position explicite sur ces dossiers. Il a simplement lancé un appel général : « Que la paix soit avec vous, à toutes les familles, à tous les peuples, à toute la terre ».

Cette posture de réserve s’inscrit dans la tradition diplomatique du Saint-Siège : préserver sa capacité de médiation. Le Vatican mène en coulisses plusieurs initiatives discrètes, notamment dans le cadre de la guerre en Ukraine. Des discussions ont eu lieu récemment entre des diplomates du Saint-Siège et des représentants de Moscou, avec pour objectif des échanges humanitaires et une désescalade.

Dans le monde arabe, les réactions à son élection varient : des groupes palestiniens ont salué le rôle du Vatican en tant que soutien des « opprimés », tandis que des autorités israéliennes espèrent que le nouveau pape consolidera les liens interreligieux. Tous voient en lui un acteur potentiel du dialogue.

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Newsdesk Libnanews
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