Les autorités libanaises étudient actuellement la proposition dite Hochstein de délimitation des zones maritimes entre le Liban et Israël. Une réunion entre le président de la république, le général Michel Aoun, le président de la chambre Nabih Berri et le premier ministre se tient actuellement au palais de Baabda.

Les 3 hommes sont accompagnés d”experts techniques dont le vice-président Elias Bou Saab, et le directeur général de la sécurité publique, le général de division Abbas Ibrahim et un officier de la direction des affaires géographiques de l’armée, un représentant de l’autorité du secteur pétrolier et des experts.

Pour l’heure, tant au Liban qu’en Israël, on indique que des éléments mineurs pourraient faire l’objet d’observations et d’éclaircissements. Une réponse devrait parvenir aux autorités américaines d’ici 48 heures.

Pour rappel, la proposition américaine a été remise hier par l’ambassadrice Dorothy Shea. Les autorités libanaises estiment que le pays des cèdres a obtenu une grande partie de ses revendications.

Ainsi, le président de la chambre, Nabih Berri a confirmé que “le projet d’accord final sur la démarcation des frontières maritimes avec Israël est positif”, notant que “le projet répond en principe aux Libanais”.

Selon les informations actuelles, l’accord pourrait être signé à Naqoura entre représentants israéliens et libanais et garanti par les Etats-Unis e tua France. Cet accord est également soutenu par le Hezbollah, son secrétaire général, Sayyed Hassan Nasrallah estimant que celui-ci accord au Liban, les frontières maritimes et des droits pétroliers et gaziers, après des mois d’efforts et de lutte politique, de terrain et médiatique.

Pour l’heure, les propositions transmises par Washington accordent à Beyrouth le champ de Qana ainsi que les assurances nécessaires à l’exploration et l’exploitation par le consortium formé par Total et ENI dès que possible. Elles excluent également toutes revendications israéliennes sur une partie des frontières terrestres libanaises ou encore l’instauration d’une zone de sécurité maritime.

Aucune zone de sécurité ne serait aussi créée au niveau des frontières maritimes. Israël obtiendrait cependant des compensations de Total et d’ENI et non du Liban concernant le champ potentiel de Qana.

Côté israélien, le candidat de l’opposition a estimé que l’état hébreu ne respectera pas l’accord conclu avec le Liban s’il est élu. Benjamin Netanyahu estime ainsi ne pas être tenu par les termes de cet accord conclu par Yair Lapid, son adversaire qui toutefois précise que cet accord accorde à l’état hébreu l’ensemble du champ gazier de Karish et une partie des revenus du champ potentiel de Qana via des compensations qui devraient être versées par le consortium qui l’exploitera, hors parts revenant au Liban.

Yair Lapid avait également estimé que cet accord “affaiblira la dépendance du Liban vis-à-vis de l’Iran, réduira le Hezbollah et assurera la stabilité régionale.”

Selon Benjamin Netanyahu, le premier ministre actuel Yair Lapid n’a aucun mandat pour négocier une concession territoriale avec “un état ennemi”.

Une proposition écrite de 10 pages

L’accord comprendrait 10 pages rédigées en anglais avec les coordonnées des points des lignes et des blocs disputés entre les 2 pays. Il devra être ainsi signé par les 2 partis et les lettres concernant la démarcation des frontières sera à l’Organisation des Nations Unies. De son côté, la France et les Etats-Unis devront garantir le respect des dispositions de cet accord.

Quant aux frontières terrestres, elles devront être discutées et déterminées à un stade ultérieur.

Concernant le Liban plus précisément, l’accord note qu'”il existe un réservoir potentiel de pétrole de faisabilité économique inconnue situé dans le bloc n°9 du côté libanais et 72 du côté israélien, et il est entièrement pour le Liban”. Il devra être exploité par des sociétés non soumises à des sanctions américaines, israéliennes mais aussi libanaises.

Le Liban ne versera aucune compensation financière ou compensation de sa part à Israël, “car la société exploitant le bloc n° 9 ou le champ de Qana est celle qui mènera une discussion séparée avec Israël pour déterminer la compensation appropriée pour l’économie d’Israël. droits, ce qui signifie que ce que l’entreprise paiera ne proviendra pas de la part des bénéfices du Liban”, précise-t-on de source médiatique sur base d’éléments qui ont été révélés.

Israël ne pourra s’opposer à l’exploitation des ressources côté sud du champ de Qana. Sont notamment exclues des manoeuvres navales. Les sociétés exploitantes ne seront tenues de demander une autorisation israélienne pour opérer au-delà de la ligne 23.

Du gaz libanais pour l’Europe?

Pour l’heure, le gaz extrait devrait être réservé au marché européen en plus du marché domestique. Des réformes économiques et des investissements publics devraient permettre la mise en place des infrastructures nécessaires au Liban.

Eclairage: La délimitation de la zone économique entre le Liban et Israël

Carte fournie par l'armée libanaise et publiée par plusieurs médias locaux montrant la "ligne Hof" (H) et la totalité de la zone revendiquée par les négociateurs libanais, qui est située entre la ligne 1 et la ligne 29. © Armée libanaise

Pour rappel, à l’origine de ce problème, les négociations entre le Liban et Chypre en 2011. Le point de départ de la zone a été fixé arbitrairement par les 2 pays au point 1 des frontières.
Par conséquent, l’Etat Hébreu a décidé de poursuivre la délimitation de ses frontières maritimes au point 25 selon ses mesures qui correspond au point 1 pour le Liban.
Cependant le Liban estimait dès le départ que le point de départ de sa zone d’exclusivité économique se situait au point 0, selon Beyrouth ou 23, selon l’état hébreu et situé à 17 km au sud du point 1 , fixé lors des négociations entre Tel Aviv et Nicosie.
Ainsi est délimité un triangle allant du point B1 situé à Ras al Naqoura au point 0 puis au point 1.
Cette zone est revendiquée par les 2 états, le Liban et Israël. Elle couvre ainsi plus de 800 kilomètres carrés. Une partie des blocs 8, 9 et 10 se trouvent ainsi au centre de la polémique.
La situation s’est aggravée par la découverte d’un potentiel important de gisements gaziers et pétrolier dans cette zone.
Le Liban indique disposer de cartes prouvant que la zone lui appartiendrait.

Par ailleurs, la ligne Hoff du nom du médiateur américain qui s’était déjà saisi du dossier en 2011 et que Beyrouth avait déjà rejeté, accorde 560 kilomètres carrés au Liban et le solde à Tel Aviv.

En 2019, alors que des négociations semblaient pouvoir être relancées entre le Liban et Israël, elles se sont brusquement interrompues pour des raisons jusqu’à présent inconnues. La tension entre les 2 pays est également montée d’un cran avec la découverte de tunnels traversant la ligne bleue, ligne de démarcation entre les 2 pays.

Le 14 octobre 2020, des négociations entre le Liban et Israël s’ouvrent au QG de la FINUL à Naqoura et en présence du médiateur américain, le sous-secrétaire d’état des Etats-Unis, David Schenker, et sous les auspices du coordinateur spécial de l’ONU au Liban Jan Kubis.

Tel Aviv, faisant part de l’existence de 2 îlots dans son territoire – des îlots inhabités – situés non loin des côtes israéliennes aurait également aurait également étendu ses revendications sur les blocs libanais.

Au cours du 3ème round de négociation qui s’est déroulé le 28 octobre, le Liban aurait ainsi durci sa position et informe la délégation israélienne au sujet de ses nouvelles revendications, élargissant la zone maritime exclusive à 1 430 kilomètres carrés supplémentaires au détriment d’Israël, en prolongeant d’une ligne droit la frontière terrestre. Cette zone comprendrait plusieurs champs gaziers déjà découverts et attribués par Israël à une compagnie d’exploitation grecque. Ces demandes libanaises devraient ainsi geler l’exploitation de ces champs jusqu’à conclusion d’un accord.
Il s’agit pour le Liban de n’effectuer aucune concession sur ses zones maritimes alors qu’Israël en revendiquait préalablement une partie, notent certaines sources, qui s’attendaient à ce qu’un accord puisse être conclu avant la fin de l’année, accordant toute la zone originale au Liban.

Par ailleurs, le 5 avril 2021, on indique que les négociations entre les 2 pays pourraient reprendre après la publication d’un rapport faisant état de la possible existence d’un important gisement gazier dans la zone même si cela reste pour le moment théorique.

En effet, pour l’heure, aucun progrès n’a été constaté à ce sujet, et aucune réunion n’est actuellement prévue officiellement.

Par ailleurs, le décret 6 433 a été signé par les ministres des transports Michel Najjar, de la défense Zeina Akkar et le Premier Ministre sortant Hassan Diab, le mois d’avril 2021, alors que le Président de la République, le Général Michel Aoun a décidé de sursoir à sa signature en attendant la réunion du gouvernement, ce que refuse le premier ministre.
Ce décret officialise la position libanaise d’élargissement de sa zone économique exclusive alors que du côté israélien, on se prépare à lancer une campagne exploratoire dans la zone.

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