Une troisième arrestation confirmée par l’armée
Dans un communiqué publié le 6 mai 2025, la Direction de l’orientation de l’armée libanaise a annoncé avoir reçu des mains du mouvement Hamas un troisième individu suspecté d’implication dans les tirs de roquettes survenus les 22 et 28 mars derniers depuis le sud du Liban vers Israël. Le suspect palestinien, identifié par ses initiales (Q.S.), a été remis aux services du renseignement militaire à l’entrée du camp de réfugiés de Bourj el-Chémali, près de Tyr. Cette arrestation s’inscrit dans le cadre d’une série de remises volontaires opérées par le Hamas, en coordination étroite avec la Direction du renseignement libanais, et conformément à une directive émise par le Conseil supérieur de la défense et validée par le gouvernement.
Deux précédentes remises en avril
Ce nouveau développement fait suite à deux remises similaires annoncées en avril, impliquant d’autres Palestiniens soupçonnés d’avoir participé à des opérations de tirs de projectiles vers le nord d’Israël. Les attaques des 22 et 28 mars avaient entraîné une vive réaction israélienne, marquée par des frappes aériennes sur plusieurs zones du sud du Liban, notamment dans les environs de Qlayleh et Naqoura. Le Liban avait été immédiatement confronté à des pressions internationales pour identifier les auteurs et assurer que son territoire ne soit pas utilisé comme plateforme de lancement d’attaques non étatiques. Ces tirs avaient coïncidé avec des tensions régionales accrues et la crainte d’un élargissement du conflit au-delà de Gaza et de la frontière sud.
Une coordination renforcée entre l’armée et les factions palestiniennes
La remise du suspect s’est déroulée à l’entrée du camp de Bourj el-Chémali, l’un des principaux camps palestiniens au Liban. Ce type d’opération est hautement symbolique, car les forces de sécurité libanaises n’interviennent pas directement dans les camps, en vertu d’un accord tacite remontant aux années 1960. La coopération entre l’armée libanaise et les factions palestiniennes, en particulier le Hamas, s’avère ici déterminante pour désamorcer les tensions. Le directeur du renseignement militaire a salué « la responsabilité manifestée par les dirigeants du Hamas dans la remise volontaire de leurs membres », selon des propos rapportés par Al-Nashra.
Enquête en cours sous autorité judiciaire
Le parquet militaire a immédiatement ordonné l’ouverture d’une enquête approfondie. Le suspect Q.S. est actuellement interrogé par les services du renseignement sous supervision judiciaire. L’objectif est d’identifier les commanditaires, les moyens logistiques utilisés pour le transport et le lancement des projectiles, ainsi que les circuits de financement éventuellement impliqués. L’armée libanaise a rappelé qu’elle agit « dans le cadre de l’application de la souveraineté nationale et de la prévention de toute atteinte à la sécurité intérieure ou aux engagements internationaux du Liban ». Le gouvernement insiste sur son engagement à éviter toute escalade non contrôlée avec Israël, tout en protégeant la stabilité interne.
Les recommandations du Conseil supérieur de la défense
La remise de suspects par des factions palestiniennes s’inscrit dans le prolongement des recommandations du Conseil supérieur de la défense, qui avait été convoqué d’urgence fin mars après les incidents frontaliers. Ce dernier avait recommandé un « encadrement strict de la présence militaire non étatique au Sud », et avait demandé à la Direction du renseignement d’identifier, surveiller et interpeller les éléments impliqués dans des actions susceptibles de provoquer des représailles israéliennes. Les membres du conseil, incluant les ministres de la Défense, de l’Intérieur, des Affaires étrangères ainsi que des responsables sécuritaires, avaient mis en garde contre les risques de déstabilisation régionale si les tirs venaient à se reproduire.
Une approche sécuritaire sous contrainte politique
Le gouvernement libanais, tout en saluant la coopération en cours, reste contraint par un équilibre délicat entre ses obligations internationales et les sensibilités politiques internes. Le Hezbollah, qui conserve une influence sur les équilibres militaires au Sud, n’a pas commenté officiellement les remises de suspects opérées par le Hamas. Les partis de l’opposition appellent à « une politique cohérente de souveraineté », tandis que certains analystes estiment que la passivité relative des autorités en mars a laissé le champ libre à des acteurs non étatiques. Le ministre de la Défense a rappelé, dans une déclaration faite le 5 mai, que « toute atteinte à la frontière sud sans autorisation de l’État constitue une infraction grave à la souveraineté nationale ».
Réactions israéliennes et pressions diplomatiques
Du côté israélien, les autorités militaires se sont montrées prudentes. Tsahal a confirmé que les attaques de mars n’avaient pas été lancées par le Hezbollah, mais par « des factions armées palestiniennes opérant au Liban avec une autonomie relative ». Des diplomates européens ont fait savoir, lors de réunions à Beyrouth avec le ministère des Affaires étrangères, que la communauté internationale suivait de près la capacité du Liban à maîtriser la situation. Le processus de remises successives de suspects est donc vu comme un signal de responsabilité. L’ambassadeur de France aurait salué en privé « le professionnalisme de l’armée libanaise dans la gestion d’un dossier hautement inflammable ».