L’ancien premier ministre Najib Mikati a été choisi comme prochain premier ministre désigné à la place de Saad Hariri à l’issue des consultations parlementaires obligatoires menées par la Présidence de la République et cela en dépit de l’opposition des principaux partis chrétiens, cela en dépit d’une manifestation qui s’est déroulée dans la nuit du dimanche à lundi devant son domicile Beyrouthin en raison de son rôle controversé.

Au total, Najib Mikati a reçu 72 votes à sa faveur et Nawaf Salam, un seul vote. 42 parlementaires se sont abstenus et 3 se sont absentés dont Nouhad Machnou qui s’est exprimé à ce sujet via Twitter.

Najib Mikati a donc reçu le soutien d’une courte majorité des députés dont ceux du bloc parlementaire du Courant du Futur dirigée par Samir el Jisr à l’exception notable de l’ancien ministre de l’intérieur Nouhad Machnouk, ainsi que du Hezbollah et du Mouvement Amal dont la délégation a été dirigée par le président du parlement Nabih Berri.

La nomination de Najib Mikati a été annoncée à l’issue d’une réunion avec le Président de la République et le Président de la Chambre des députés.

Cette nomination a été saluée par le marché noir où la livre libanaise a regagné un large terrain, jusqu’à 16 500 LL/USD avant de rechuter aux environs de 18 000 LL/USD, 2 semaines seulement après son plus bas historique, à 23 450 LL/USD, le 9 juillet dernier suite à l’annonce du retrait de la candidature de Saad Hariri.

Pour rappel, ses 3 prédécesseurs, Fouad Saniora, Tamam Salam ou encore Saad Hariri se sont déclarés en la faveur de Najib Mikati hier, lors d’une réunion qui s’est déroulée à la maison du centre, domicile de Saad Hariri.

Les consultations parlementaires du nouveau premier ministre désigné devraient également débuter dès demain 11h30 au Parlement. Il s’agira de discuter avec les différents représentants des partis politiques avant de soumettre une formule gouvernementale au Président de la République

Mais une nomination non-soutenue par les principaux partis chrétiens

Le Courant Patriotique Libre s’est abstenu de soutenir quiconque a indiqué son président, Gébran Bassil, tout comme les forces libanaises.

Précédemment des sources proches du CPL avaient pourtant indiqué qu’il devait se prononcer en faveur de Nawaf Salam.Les 2 partis chrétiens seront aussi rejoints par le bloc parlementaire arménien qui s’est abstenu.

Ce dernier a finalement reçu le soutien du député Fouad Makhzoumi, un temps également pressenti comme prochain locataire du Grand Sérail.

L’absence d’un soutien des partis chrétiens pourrait ainsi complexifier les négociations entre les différents partis politiques en vue de répartir les portefeuilles ministériels, hormis celui des finances.

Un gouvernement dont doute une partie de la communauté internationale et la société civile locale

Désormais, il reviendra à Najib Mikati de former un nouveau gouvernement en coopération avec le Président de la République. Cela sera son 3ème cabinet, ayant été premier ministre d’avril à juillet 2005 et de juin 2011 à février 2014.

S’il réussi, il succèdera à Hassan Diab qui avait annoncé la démission de son gouvernement le 10 août 2020, 6 jours après l’explosion du Port de Beyrouth avec la lourde tâche de faire face à la dégradation des conditions sociales et économiques.

Son gouvernement devrait notamment faire face à la crise économique que traverse actuellement le Pays des Cèdres. Cependant, les experts doutent de sa capacité à répondre réellement aux demandes de la communauté internationale, lui-même étant accusé de détournements de fonds européens par de le Parlement de Bruxelles et d’autre par en raison de ses liens avec le secteur bancaire et la demande du FMI à ce que soit accepté les pertes des banques libanaises conformément à ses estimations, ce qui pourrait induire ou une importante décote ou un bail-out des actionnaires existants dont il fait parti.

Autre bémol à cette nomination, toujours la question du ministère des finances exigé par le mouvement Amal et la nomination des ministres de l’intérieur et de la justice, Najib Mikati faisant lui-même l’objet de poursuites judiciaires au Liban pour détournements de fonds à l’origine destinés au financement de maisons à destination des personnes les plus vulnérables.

Enfin, cette désignation pourrait ne pas répondre également aux exigences de la société civile alors qu’il avait menacé par des armes des manifestants qui protestaient devant son domicile, il y a 2 fois. Une manifestation a ainsi eu lieu encore hier devant son domicile beyrouthin pour dénoncer ce que certains qualifient être une mascarade des partis politiques traditionnels.

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