mardi, mai 20, 2025

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Nawaf Salam : « Je refuse de céder aux jeux de quotas politiques »

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Le Liban sous la présidence de Joseph Aoun : un nouveau départ ?

Depuis l’arrivée de Joseph Aoun à la présidence du Liban, de nombreux espoirs ont été placés dans la possibilité d’une refonte politique profonde. Cependant, le climat reste tendu et la formation du gouvernement dirigé par Nawaf Salam se heurte à des obstacles persistants. Si le nouveau chef de l’État s’est positionné en faveur d’un gouvernement technocratique et indépendant, les forces politiques traditionnelles continuent de peser lourdement sur le processus de décision. Salam, reconnu pour son passé diplomatique et son engagement réformiste, se retrouve face à un défi de taille : concilier ses principes avec les réalités du système confessionnel libanais.

Le président Aoun, en appelant à une accélération du processus de formation du gouvernement, a affirmé que le Liban avait besoin d’un « cabinet capable de gouverner ». Cette déclaration résonne comme une mise en garde face aux jeux politiques qui ralentissent le processus. Salam, quant à lui, refuse de transiger avec les quotas confessionnels qui ont historiquement paralysé les institutions.

Nawaf Salam face à l’héritage du confessionnalisme politique

Le confessionnalisme politique libanais est une réalité ancrée depuis des décennies. Chaque nomination ministérielle doit respecter des équilibres préétablis entre les différentes confessions, ce qui complique la mise en place d’un gouvernement fondé sur la compétence plutôt que sur l’appartenance communautaire. Nawaf Salam, conscient des dérives de ce système, s’efforce de proposer une approche novatrice qui mettrait en avant l’efficacité et l’expertise des ministres plutôt que leur confession.

Toutefois, cette position suscite de fortes résistances. Les partis politiques influents, notamment le Hezbollah et le mouvement Amal, insistent pour que leurs représentants occupent des postes stratégiques au sein du gouvernement, notamment le ministère des Finances.

L’attribution de ce ministère constitue l’un des principaux écueils dans les négociations actuelles. Les partis chiites considèrent qu’il leur revient de droit, arguant qu’ils en ont la gestion depuis plusieurs gouvernements successifs. Toutefois, il est important de noter que ce poste n’a pas toujours été occupé par un représentant chiite et que son attribution est avant tout une question de rapport de force politique.

Le ministère des Finances joue un rôle central dans la lutte contre la corruption et la mise en place des réformes économiques indispensables au redressement du pays. Il supervise les finances publiques, la gestion de la dette, ainsi que les négociations avec les institutions financières internationales telles que le FMI. Le contrôle de ce portefeuille est donc crucial pour garantir la transparence et la bonne gouvernance, ce qui en fait un enjeu majeur pour toute tentative de réforme du secteur financier et de restructuration bancaire. En raison de ces prérogatives, le contrôle de ce ministère par une seule formation politique soulève des inquiétudes quant à l’efficacité et l’impartialité des mesures anti-corruption.

Salam, soutenu par le président Aoun, cherche à contourner ces exigences en proposant des figures technocratiques, ce qui a immédiatement déclenché une levée de boucliers.

Les blocages internes et les influences régionales

Le processus de formation du gouvernement libanais ne se joue pas uniquement sur la scène nationale. Il est également influencé par des acteurs régionaux, notamment l’Iran, l’Arabie saoudite et la France. Chacun tente d’imprimer sa marque sur la nouvelle équipe gouvernementale. L’Iran, par le biais du Hezbollah, cherche à maintenir son emprise sur les ministères clés, tandis que l’Arabie saoudite plaide pour un gouvernement moins inféodé à Téhéran. De son côté, la France tente d’imposer une feuille de route réformiste pour garantir l’octroi d’aides financières internationales.

Dans ce contexte, Nawaf Salam adopte une position d’équilibriste. Il répète qu’il ne cédera pas à la pression et que son objectif reste la formation d’un gouvernement intègre et efficace. Cependant, les pressions internes, conjuguées aux attentes des partenaires internationaux, rendent cette tâche particulièrement ardue.

Scénarios d’avenir pour le gouvernement Salam

Plusieurs scénarios se dessinent pour les prochaines semaines. Le premier serait que Nawaf Salam parvienne à imposer sa vision en composant un gouvernement de technocrates soutenu par une majorité parlementaire. Cela permettrait au Liban de reprendre le chemin des réformes, facilitant ainsi l’obtention d’aides internationales. Cependant, cette option semble difficile à concrétiser tant les résistances sont fortes.

Un second scénario, plus probable, serait un compromis où certaines forces politiques accepteraient de réduire leurs exigences en échange de garanties sur certaines politiques économiques et sociales. Ce type de gouvernement, bien que bancal, pourrait permettre de sortir de l’impasse actuelle.

Enfin, l’hypothèse la plus pessimiste reste celle d’un blocage prolongé, pouvant mener à une démission de Salam et à une crise politique encore plus profonde. Dans ce cas, le Liban resterait sans gouvernement fonctionnel, aggravant ainsi sa situation économique et sociale déjà dramatique.

Face à ces défis, Nawaf Salam continue de marteler son message : « Je refuse de céder aux jeux de quotas politiques ». Reste à voir s’il pourra traduire cette détermination en réalité politique.

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Newsdesk Libnanews
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