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Pagers explosifs interceptés à Istanbul : une cargaison suspecte déjouée avant son arrivée au Liban

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Découverte d’une cargaison inhabituelle dans un contexte régional sous tension

Le 16 septembre 2024, les services de renseignement turcs (MIT) ont intercepté à Istanbul une cargaison inhabituelle déclarée comme étant composée de « robots culinaires ». En réalité, il s’agissait de plus de 1 300 pagers, dont certains contenaient des composants explosifs dissimulés, selon des éléments rendus publics par la presse turque le 6 mai 2025.
L’opération s’est déroulée dans un climat de vigilance accrue, quelques jours seulement après qu’une série d’explosions de pagers et de talkies-walkies ait touché plusieurs membres du Hezbollah au Liban et en Syrie. Cette opération israélienne, baptisée Grim Beeper, avait fait l’objet d’une large couverture médiatique en septembre 2024.

Chronologie de l’interception : du renseignement à la fouille

Le journal turc Sabah, généralement bien informé sur les dossiers de sécurité intérieure, a indiqué que le MIT avait été alerté de l’arrivée d’un envoi suspect à destination du Liban via la Turquie. Sur la base de ces informations, les services de sécurité ont lancé une inspection systématique des ports et aéroports, en se concentrant notamment sur les cargaisons en provenance d’Asie.
La cargaison en question est arrivée à Istanbul le 16 septembre 2024, à bord d’un vol cargo ayant transité par Hong Kong, en provenance directe de Taiwan. Le manifeste de transport indiquait un lot de “robots culinaires” répartis sur quatre palettes. Au total, 61 boîtes pesant environ 850 kilogrammes ont été déchargées à l’aéroport d’Istanbul.

Le contenu des boîtes : pagers, détonateurs et autres composants électroniques

L’ouverture des colis par les forces de sécurité, accompagnées d’unités spécialisées dans le déminage, a révélé la présence de 1 300 pagers, dont un grand nombre portaient la marque Gold Apollo, une entreprise basée à Taïwan. Les autorités ont également découvert :

  • environ 710 détonateurs,
  • des batteries de différentes tailles,
  • des câbles,
  • ainsi que 144 mini-blenders portatifsdes caméras et d’autres composants électroniques divers.

La présence de ces éléments, dans un envoi déclaré comme électroménager courant, a immédiatement déclenché une alerte sécuritaire de haut niveau.

Présence d’un explosif caché dans les batteries

Selon les analyses effectuées dans un laboratoire turc, certains des pagers contenaient une substance explosive hautement inflammable, dissimulée à l’intérieur des batteries. Les enquêteurs ont identifié une poudre blanche de 3 grammes environ, une quantité suffisante pour provoquer des blessures graves en cas de déclenchement ciblé.
Des résidus similaires ont été retrouvés dans les détonateurs associés à ces appareils. Les autorités turques ont donc conclu que ces pagers n’étaient pas de simples outils de communication, mais des dispositifs potentiellement conçus pour des attaques ciblées.

Un lien chronologique avec les explosions au Liban et en Syrie

La cargaison interceptée a été saisie la veille d’une série d’explosions ayant touché des membres du Hezbollah au Liban et en Syrie, les 17 et 18 septembre 2024.
Selon un rapport de Reuters publié en octobre de la même année, l’opération “Grim Beeper” menée par le Mossadaurait entraîné la détonation simultanée de plusieurs milliers de pagers et de talkies-walkies utilisés par le Hezbollah. Ces appareils contenaient des batteries modifiées, comportant des charges explosives miniatures indétectables par les rayons X conventionnels.

Les experts interrogés ont précisé que les batteries contrefaites avaient une capacité énergétique inférieure à la normale (2,22 Wh au lieu de 8,75 Wh pour une batterie de 35 g), ce qui suggérait que l’espace intérieur avait été partiellement occupé par un explosif.

Bilan humain et impact sécuritaire

L’opération du Mossad aurait, selon les autorités libanaises, causé la mort de 42 personnes, dont 12 civils, et blessé environ 4 000 personnes, avec 1 500 membres du Hezbollah mis hors d’état de combattre.
Les blessures rapportées incluent :

  • amputations de doigts ou de mains,
  • traumatismes oculaires,
  • éclats dans le cerveau,
  • brûlures internes causées par l’explosion directe des appareils portés sur le corps.
    L’événement est considéré par plusieurs observateurs comme l’un des plus graves incidents de sécurité pour le Hezbollah depuis le début du conflit israélo-libanais en octobre 2023.

Le rôle du destinataire en Turquie

Les boîtes étaient officiellement destinées à une société basée à Istanbul, dont le représentant a été interrogé par les services de sécurité. Selon ses déclarations, son entreprise ne fait que des prestations de conseil en douane, et n’intervient ni dans le transport, ni dans l’import-export.
Les autorités turques n’ont pour l’instant pas communiqué de poursuites pénales à l’encontre de cette entreprise, mais ont procédé à la destruction complète des pagers et composants saisis.

Réaction politique en Turquie et au Liban

Le président Recep Tayyip Erdoğan aurait évoqué cette affaire lors d’une conversation avec l’ancien Premier ministre libanais Najib Mikati en décembre 2024, selon la presse turque.
Le chef de l’État turc aurait informé son homologue libanais de la saisie et de la destruction des dispositifs, sans formuler de commentaires publics à ce stade.
Du côté libanais, aucune déclaration officielle n’a été faite concernant cette cargaison interceptée, bien que le contexte général de tensions entre le Hezbollah, Israël et les puissances régionales reste extrêmement sensible.

Une affaire inscrite dans une guerre technologique

L’opération « Grim Beeper » et l’interception turque soulignent l’importance croissante de la technologie dans les conflits modernes, notamment les outils de communication détournés en armes.
Les pagers, peu utilisés dans la vie civile contemporaine, représentent pour certaines milices un outil de communication discret, sécurisé et difficile à tracer.
Le fait qu’ils puissent être piégés de l’intérieur ajoute une dimension nouvelle au champ de la guerre asymétrique.

Aucune responsabilité officielle attribuée à ce jour

Malgré la chronologie des événements, aucun lien officiel n’a été établi entre l’expédition interceptée à Istanbul et l’opération israélienne “Grim Beeper”.
Les autorités turques ont refusé de désigner un responsable ou un expéditeur unique, et le nom de l’entreprise taïwanaise Gold Apollo n’a pas été directement impliqué dans une activité illégale à ce jour.
Les autorités israéliennes, quant à elles, n’ont pas commenté l’opération, comme c’est l’usage sur les questions de sécurité extérieure.

Motifs d’envoi, itinéraires et modalités logistiques

L’itinéraire choisi (Taïwan – Hong Kong – Istanbul – Liban) est un circuit courant dans la logistique de fret électronique.
Les envois sont souvent redéclarés sous d’autres catégories pour éviter les contrôles, en particulier dans les zones sous tension.
La déclaration de la cargaison comme “robots culinaires” pourrait avoir été un stratagème pour éviter une inspection approfondie. Le MIT, alerté par des signaux de renseignement non précisés, a toutefois pu identifier l’expédition avant qu’elle n’atteigne sa destination finale.

État des enquêtes et coordination internationale

À ce jour, les autorités turques n’ont pas annoncé de coopération judiciaire internationale concernant cette saisie, mais plusieurs agences de renseignement alliées ont été informées, selon des sources sécuritaires anonymes relayées par Sabah.
Le MIT reste discret sur l’origine de l’alerte, mais l’intervention rapide des démineurs et la destruction des éléments explosifs ont été confirmées par des documents officiels consultés par les journalistes du quotidien turc.

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Newsdesk Libnanews
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