Un rassemblement national s’est tenu au siège du parti des Forces Libanaises à Maarab, sous le titre évocateur « En défense du Liban ». Cette réunion, convoquée pour discuter d’une feuille de route destinée à sauver le pays, intervient alors que le Liban s’enfonce de plus en plus dans une guerre aux conséquences catastrophiques. Morts, déplacements massifs de population, destruction et effondrement sont désormais le lot quotidien des Libanais.
La conférence a réuni des figures politiques, médiatiques, sociales et de sécurité, toutes opposées au régime en place. Étaient notamment présents Samir Geagea, chef du parti des Forces Libanaises, Camille Chamoun, président du Parti National Libanais des Patriotes, et plusieurs représentants de partis tels que les Kataëb, le bloc « Tajaddod », et « Mouvement de l’Indépendance ». On note également la participation de plusieurs députés et anciens ministres, ainsi que des membres de la société civile.
Un discours émouvant, mais des solutions qui tardent à venir
Le chef des Forces Libanaises, Samir Geagea, a ouvert la rencontre par un moment de recueillement, demandant une minute de silence pour les victimes du conflit. Son discours, empreint d’émotion, a rappelé les souffrances des Libanais : « Nous prions pour la guérison des blessés, pour soulager les douleurs des déplacés et pour les enfants du Liban qui ont droit à vivre dans un pays qui garantit leurs droits ».
Cependant, derrière ces mots touchants, une réalité amère persiste : les appels répétés à la fin de la guerre se multiplient, mais les actions concrètes pour stopper l’hémorragie semblent toujours aussi éloignées. Le Liban est à la dérive, et comme le souligne Geagea, « le pays est comme un navire sans capitaine ». Une métaphore forte, certes, mais qui met en lumière l’absence de leadership efficace pour sortir le pays de l’impasse actuelle.
Un consensus contre le statu quo, mais quelles perspectives réelles ?
Après des discussions houleuses sur la situation actuelle du Liban, une commission a été formée pour rédiger un communiqué final. Dans celui-ci, Geagea a affirmé que la guerre qui ravage le pays depuis un an est la conséquence directe de l’incapacité de l’État à contrôler les groupes armés. Sans surprise, ce discours résonne avec l’opposition de longue date de Geagea à la présence d’armes non contrôlées par l’État, notamment celles du Hezbollah.
Le constat dressé lors de cette rencontre est sombre : plus d’un million de Libanais sont déplacés à l’intérieur de leur propre pays, forcés de quitter leurs maisons et vivant dans des conditions précaires. Pourtant, les solutions proposées, bien que cruciales — un cessez-le-feu, l’élection d’un président qui incarne la souveraineté de l’État, et la formation d’un gouvernement capable de rétablir l’ordre — semblent presque utopiques face à la complexité du paysage politique libanais.
Un projet pour sauver le Liban ou une simple répétition des appels passés ?
Le discours de Geagea, bien que critique envers le gouvernement actuel, ne manque pas de rappeler la position traditionnelle des Forces Libanaises : la nécessité de se conformer aux résolutions internationales, notamment les résolutions 1559, 1680 et 1701, qui appellent au désarmement des milices et à la souveraineté complète de l’État libanais. Mais cette posture, déjà adoptée lors des crises précédentes, n’a jusqu’à présent pas permis de sortir le Liban de l’impasse. Le chef des Forces Libanaises appelle également à l’élection d’un président qui ne soit pas lié aux pratiques corrompues du passé, mais les exemples de figures politiques « intègres » au Liban restent rares.
Geagea conclut son discours en rappelant l’agressivité d’Israël vis-à-vis du Liban, tout en soulignant que l’absence d’une action décisive de la part des forces internes risque de condamner le pays à de nouvelles souffrances. Il est indéniable que la situation actuelle est en grande partie le résultat de décennies de mauvaise gouvernance et de corruption. Toutefois, les propositions avancées, bien qu’ambitieuses, restent peu réalistes sans un consensus national fort et sans le soutien de la communauté internationale.
Une feuille de route pour la paix ou un énième appel dans le vide ?
Alors que le Liban continue de s’effondrer sous le poids des crises multiples, cette rencontre à Maarab apparaît à certains égards comme une lueur d’espoir. Cependant, les critiques soulignent que les appels à une sortie de crise, répétés depuis des années, n’ont toujours pas débouché sur des solutions concrètes. Les factions politiques restent profondément divisées, et la capacité à mettre en œuvre des changements structurels semble plus éloignée que jamais.