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Gébran Bassil, entre appels à l’unité et critiques voilées contre le Hezbollah

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Le 13 octobre 2024, Gebran Bassil, chef du Courant Patriotique Libre (CPL), a tenu un discours à la suite de la messe commémorative organisée par son parti pour marquer l’anniversaire des événements du 13 octobre 1990. Ce jour symbolique, rappelant l’opposition du CPL à la tutelle syrienne, s’est transformé cette année en un cri d’alarme contre ce que Bassil a qualifié « d’occupation israélienne », liant ainsi le passé et le présent pour illustrer sa vision de la souveraineté libanaise.

Un discours sous le signe de la résistance, mais des critiques voilées

Bassil a ouvert son intervention en saluant la mémoire des « martyrs libanais », ceux du 13 octobre et ceux qui tombent aujourd’hui sur les lignes de front. S’il a exprimé son soutien à la résistance contre Israël, il n’a pas manqué d’émettre des réserves sur l’implication du Hezbollah dans le soutien à Gaza. Selon lui, « bien qu’Israël n’ait pas besoin de prétexte pour agresser le Liban », l’engagement du Hezbollah aux côtés de Gaza a fourni à Israël une justification pour frapper le Liban, faisant perdre au pays sa posture de défense constante.

Cette déclaration, loin d’être anodine, est une critique indirecte à l’égard du Hezbollah. En demandant explicitement au Hezbollah de ne pas s’engager dans le conflit gazaoui, Bassil révèle une divergence stratégique au sein de l’axe de la résistance. Il rappelle même qu’une demande écrite avait été envoyée il y a six mois pour séparer le Liban des dynamiques régionales en conflit, mais elle avait été ignorée, voire moquée par certains partisans du Hezbollah.

L’appel à un cessez-le-feu et à l’unité nationale

Dans une tentative de se positionner comme un acteur responsable et modéré, Bassil a lancé un appel à un « cessez-le-feu unilatéral » du côté libanais, insistant sur le fait que cela ne faciliterait pas une éventuelle occupation israélienne, mais servirait plutôt à « démasquer l’ennemi ». Toutefois, cet appel à l’arrêt des hostilités pourrait être perçu comme une manœuvre pour affirmer une autonomie par rapport au Hezbollah, souvent critiqué pour entraîner le Liban dans des conflits régionaux.

L’ombre de l’occupation et le risque de déstabilisation interne

Bassil n’a pas manqué de souligner ce qu’il considère comme le véritable danger : le « transfert de population » pratiqué par Israël. Il a mis en garde contre les tentatives de vider le Sud-Liban et la Békaa de leurs populations chiites, rappelant le spectre de la Nakba palestinienne de 1948. Selon lui, ce plan israélien de dépeuplement vise à affaiblir le Liban en le privant d’un de ses piliers démographiques, avec pour conséquence de raviver les tensions communautaires internes, voire de provoquer une nouvelle guerre civile.

En évoquant ces transferts de population, Bassil s’efforce de replacer la question libanaise dans un cadre plus large, celui d’une lutte pour la survie des différentes communautés qui composent le pays. Pour lui, toute tentative d’isoler ou d’affaiblir la communauté chiite ne ferait que diviser davantage le Liban, créant les conditions propices à un effondrement généralisé.

Une critique des « aventures » coûteuses et un appel à la protection de l’État

L’un des moments clés de son discours a été sa dénonciation des « aventures coûteuses » dans lesquelles certains acteurs politiques voudraient entraîner le Liban. En filigrane, Bassil critique non seulement le Hezbollah, mais aussi les factions politiques qui, selon lui, seraient prêtes à sacrifier la souveraineté libanaise au profit de promesses étrangères ou d’intérêts personnels.

Il appelle à l’élection rapide d’un président de la République, avertissant que la guerre actuelle affaiblit dangereusement la résilience du pays. Selon lui, le retard dans l’élection présidentielle pourrait permettre à Israël de dicter les termes de l’avenir politique du Liban, un scénario qu’il rejette fermement.

Une quête de neutralité et d’indépendance face aux axes régionaux

Dans un passage particulièrement significatif, Bassil insiste sur la nécessité de protéger le Liban des conflits régionaux, en appelant à la neutralité. Il critique ouvertement l’approche de la « unité des fronts » soutenue par le Hezbollah, affirmant que celle-ci a échoué à protéger le Liban, désormais « exposé » sans aucune couverture internationale.

En revanche, Bassil prône une approche où l’État libanais, avec un président fort à sa tête, serait en mesure de restaurer la souveraineté du pays, notamment à travers une stratégie de défense nationale qui inclurait tous les moyens de dissuasion, y compris ceux de la résistance.

L’épineuse question de l’influence iranienne

Le chef du CPL n’a pas esquivé la question de l’influence iranienne, soulignant que, malgré les liens étroits entre le Hezbollah et l’Iran, Téhéran n’a pas jusqu’à présent considéré le Liban comme une priorité stratégique au point d’intervenir directement pour le défendre. Il va jusqu’à suggérer qu’Israël, en revanche, pourrait bien exploiter cette faiblesse perçue pour affaiblir encore davantage le Liban.

Pour Bassil, la véritable solution réside dans le renforcement de l’État libanais, à travers une diplomatie active et une défense renforcée, mais toujours sous l’égide des institutions nationales. Il critique implicitement la stratégie actuelle de certains acteurs libanais, qui, selon lui, se retrouvent aujourd’hui seuls face à Israël sans l’appui des alliés régionaux.

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