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Revue de presse du 03/04/25: montée des tensions israélo-libanaises et pressions diplomatiques croissantes

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Offensive israélienne et renforcement militaire

La journée du 3 avril 2025 a été marquée par une série d’escalades militaires israéliennes contre le Liban et Gaza, dans un contexte de tensions régionales accrues. Selon Ad Diyar du 3 avril 2025, l’armée israélienne a poursuivi ses opérations militaires dans le sud du Liban, notamment à travers des frappes de drones sur la Bekaa et la banlieue sud de Beyrouth, causant la mort de quatre civils. Ces actions s’inscrivent dans une stratégie israélienne de consolidation d’une « zone tampon » à l’intérieur du territoire libanais. Le journal souligne que cinq points situés sur la ligne bleue restent occupés par les forces israéliennes, en violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU​.

En parallèle, Al Joumhouriyat du même jour révèle que l’armée israélienne a intensifié ses provocations sur la frontière sud, alors que le gouvernement libanais, dirigé par le Premier ministre Nawaf Salam, fait face à des pressions diplomatiques pour engager le débat sur le désarmement du Hezbollah. Le président Joseph Aoun aurait espéré bénéficier d’une période de calme pour lancer un dialogue national incluant cette question, mais la détérioration de la situation régionale en a compromis la faisabilité​.

Pressions américaines via la visite d’Ortagus

Les tensions ont été exacerbées par l’arrivée annoncée à Beyrouth de la diplomate américaine Morgan Ortagus. Al Bina’ du 3 avril 2025 décrit sa visite comme un levier de pression visant à relancer la question du désarmement du Hezbollah sur la scène politique libanaise. Selon ce journal, Washington chercherait à lier ce désarmement à un engagement israélien de retrait progressif de certaines zones, notamment autour du fleuve Litani. La stratégie américaine consisterait à forcer un transfert progressif de la gestion sécuritaire vers l’État libanais tout en garantissant les intérêts israéliens​.

Al Sharq ajoute que la visite d’Ortagus devrait se dérouler sur fond de raids israéliens visant explicitement la banlieue sud, ce que plusieurs observateurs considèrent comme un « message dissuasif » destiné à affaiblir la position du Hezbollah. La rencontre prévue entre la diplomate américaine et les dirigeants libanais aurait pour objectif de formaliser une position unifiée sur le désarmement, un sujet devenu de plus en plus incontournable dans le discours diplomatique occidental sur le Liban​.

La France tente une médiation discrète

Dans ce climat de tension, Al Joumhouriyat met en lumière l’intensification des efforts diplomatiques français. Des sources officielles évoquent une médiation discrète de Paris auprès d’Israël et des États-Unis pour freiner l’escalade et relancer les mécanismes de suivi de la résolution 1701. Toutefois, l’efficacité de ces démarches semble limitée face à l’intransigeance israélienne et à l’ambiguïté de la position américaine qui, selon plusieurs observateurs, continue de soutenir tacitement les opérations de Tel-Aviv​.

L’avertissement des chancelleries et les risques d’instabilité

L’Al 3arabi Al Jadid souligne que les chancelleries occidentales, notamment européennes, s’inquiètent d’un possible basculement du Liban dans une spirale d’insécurité. La récente frappe israélienne sur un bâtiment résidentiel à Beyrouth, ayant causé la mort de plusieurs personnes dont un cadre du Hezbollah, a suscité des réactions alarmées dans les capitales européennes, même si aucune condamnation officielle n’a été exprimée​.

La presse libanaise, à travers les articles analysés, pointe l’impasse actuelle dans laquelle se trouve l’État. D’une part, il subit des pressions internationales croissantes pour désarmer une partie de son tissu politique et militaire. D’autre part, il doit composer avec une base sociale et communautaire qui perçoit toute concession sur ce sujet comme une menace existentielle.

Tentative de relance du dialogue national

Face à cette impasse, le président Joseph Aoun, selon Ad Diyar, envisagerait de convoquer un dialogue national à la condition qu’un apaisement diplomatique et militaire préalable soit garanti. L’objectif serait de créer un cadre politique permettant d’aborder la question du monopole de la force publique par l’État sans que cela ne bascule dans un affrontement direct. Néanmoins, la multiplication des frappes israéliennes et le manque de garanties internationales crédibles rendent ce projet incertain​.

Les conséquences régionales et le facteur Gaza

Enfin, il est important de noter que l’ensemble de ces développements se produit en lien avec la guerre en cours à Gaza. Al Bina’ rapporte que les opérations israéliennes dans l’enclave ont causé la mort de plus de 1000 personnes depuis la mi-mars, dont plusieurs dizaines lors d’une attaque sur un centre de l’UNRWA. Le risque d’un embrasement régional est désormais évoqué avec insistance, notamment si les tensions débordent vers le sud du Liban ou la Syrie, où des frappes israéliennes ont également été signalées dans les jours précédents​.

Politique locale : dialogue institutionnel sous tension et affirmation du processus électoral

Débat politique autour de la souveraineté et des institutions

La scène politique libanaise du 3 avril 2025 est dominée par une forte intensité des débats relatifs à la souveraineté nationale, à l’organisation des élections municipales et à la question de l’armement du Hezbollah, dans un contexte régional explosif.

Le président de la République Joseph Aoun a rejeté fermement les « émasculations politiques » visant à semer la division interne. Selon Ad Diyar du 3 avril 2025, le chef de l’État refuse toute tentative d’exploitation de l’instabilité pour affaiblir la position présidentielle ou pour manipuler la scène intérieure. Le président appelle à une unité nationale resserrée, notamment autour de l’agenda gouvernemental défini dans le discours de prestation de serment et dans la déclaration ministérielle du gouvernement conduit par Nawaf Salam​.

Joseph Aoun a également souligné l’importance de maintenir un consensus fort face à la pression internationale, en particulier sur le dossier du Hezbollah, qui revient de manière récurrente au centre du débat. Il a insisté sur la nécessité de ne pas offrir de prétextes à des interventions extérieures, en dénonçant l’attitude de certains acteurs politiques qu’il accuse implicitement de jouer le jeu de l’étranger​.

Nawaf Salam entre gestion technocratique et arbitrage politique

Le Premier ministre Nawaf Salam, de son côté, a multiplié les consultations avec des acteurs institutionnels et diplomatiques. Comme le souligne Al Sharq, il a notamment informé le président du Parlement Nabih Berri des résultats de sa visite en Arabie saoudite. Cette rencontre a été interprétée comme une tentative de réancrer le gouvernement dans une légitimité régionale renouvelée, notamment après les tensions survenues lors des nominations au Conseil du développement et de la reconstruction​.

Par ailleurs, Salam a reçu le nouveau gouverneur de la Banque du Liban, Karim Said, pour évoquer les réformes économiques et la situation monétaire. Les deux responsables ont réaffirmé la nécessité d’avancer dans la mise en œuvre du plan de redressement économique, notamment en prévision des réunions avec le FMI prévues à Washington le 21 avril​.

La position du Hezbollah en recomposition

La relation entre le Hezbollah et le gouvernement semble connaître une évolution notable. Selon Nahar, le climat conflictuel qui caractérisait les échanges entre le Premier ministre et le mouvement chiite semble s’être atténué. Le journal évoque même la fin d’une « bataille verbale » entre les deux parties. Toutefois, il reste des tensions en arrière-plan, notamment concernant la capacité du Hezbollah à adapter sa stratégie militaire aux nouvelles conditions régionales, alors que les voies de réapprovisionnement via la Syrie seraient désormais compromises​.

Dans une autre lecture, Al Sharq rapporte que le parti chiite serait prêt à envisager la remise de son armement, mais qu’il en serait empêché par l’Iran, son allié stratégique. Ce positionnement laisse entrevoir une dissociation croissante entre la logique militaire du parti et son ancrage libanais. Le texte souligne que ce débat, jusqu’ici tabou, gagne désormais le champ public et pourrait redessiner l’équilibre des forces à l’intérieur même du mouvement​.

Dynamique électorale maintenue

Au-delà des tensions politiques de fond, la dynamique électorale reste une priorité pour les institutions. Plusieurs journaux, dont Al Joumhouriyat et Al Sharq, confirment que les élections municipales se tiendront comme prévu à partir du 4 mai. Le ministre de l’Intérieur Ahmad Hajjar a signé le décret de convocation des électeurs dans le Mont-Liban pour la première phase. Il a précisé que ce scrutin se déroulera indépendamment des débats parlementaires en cours sur d’éventuels reports​.

Cette décision est soutenue par plusieurs figures politiques, dont le président du Parlement Nabih Berri, qui a affirmé avec fermeté que « le report n’est pas envisageable » et que « nous élirons sur le sol libanais ». Ce discours vise à rassurer l’opinion publique sur la capacité des institutions à fonctionner malgré les défis sécuritaires et politiques​.

De son côté, le député Michel Murr, cité par Al Sharq, a insisté sur l’importance de respecter les échéances électorales. Il considère le scrutin comme une « étape fondamentale pour la stabilité des institutions locales » et un signal fort envoyé à la communauté internationale sur la volonté du Liban de maintenir sa vie démocratique malgré les tensions​.

Réactions des partis et mobilisation locale

Dans le même esprit, le Hezbollah, à travers une déclaration rapportée par Al Sharq, a réaffirmé son attachement au déroulement des élections municipales dans les délais. Le parti a aussi souligné la nécessité de revoir le dispositif de désarmement de manière sérieuse, et a invité à inscrire cette question dans un calendrier précis en coordination avec l’État. Ce positionnement réitère son engagement à une solution négociée, mais rappelle aussi la persistance de lignes rouges sur les modalités de désarmement​.

Cette volonté de participer activement à la vie municipale reflète une stratégie de maintien de l’ancrage populaire à travers la gouvernance locale. Plusieurs autres partis politiques ont également confirmé leur participation au scrutin, dans une optique de remobilisation de leurs bases électorales.

Diplomatie : pressions américaines, activisme français et ouverture arabe

Pression accrue des États-Unis sur le Hezbollah et l’Iran

La diplomatie américaine poursuit une offensive soutenue contre le Hezbollah et ses alliés. Selon Al Sharq (3 avril 2025), le département d’État américain a désigné de nouvelles entités libanaises liées au financement du Hezbollah comme cibles de sanctions, dans le cadre du décret exécutif 13224 modifié. Cinq individus et trois sociétés, proches de figures influentes du parti chiite, ont été sanctionnés pour avoir participé à des réseaux de contrebande et de financement clandestin depuis le Liban, notamment à travers le commerce de pétrole et d’autres activités illicites. Le communiqué insiste sur le fait que ces réseaux renforcent non seulement le Hezbollah, mais aussi l’influence de l’Iran au détriment de la souveraineté libanaise​.

La porte-parole du département d’État, Tami Bruce, a précisé que cette politique s’inscrit dans la stratégie de “pression maximale” sur l’Iran et ses partenaires, comme définie dans le mémorandum présidentiel du 4 février. Elle a également indiqué que les États-Unis continueront à utiliser tous les outils disponibles pour empêcher ce qu’elle a qualifié de « capture du Liban par une organisation terroriste »​.

La mission d’Ortagus à Beyrouth : diplomatie de la confrontation

Dans ce contexte, la visite imminente de la diplomate Morgan Ortagus à Beyrouth représente un élément clé de la diplomatie de confrontation prônée par Washington. Al Joumhouriyat souligne que cette visite est perçue localement comme une tentative explicite de remettre sur la table le désarmement du Hezbollah, un sujet hautement sensible dans l’équilibre politique libanais. Selon un responsable cité anonymement, cette approche vise à forcer la main du gouvernement pour enclencher un processus de négociation sur les armes du parti chiite, en parallèle à des discussions indirectes sur une normalisation implicite avec Israël​.

Ad Diyar détaille que la mission d’Ortagus comprend également la présentation d’un calendrier conditionné : désarmement progressif contre reconnaissance mutuelle de certaines zones frontalières, notamment dans la région du Litani. Cette approche, bien que formulée sur un mode diplomatique, s’apparente à une tentative de réorganisation du rapport de force local par l’internationalisation du dossier sécuritaire libanais​.

France : médiation discrète et gestion énergétique

De son côté, la France reste active, quoique plus discrète. Selon Al Joumhouriyat, Paris a intensifié ses consultations avec Beyrouth, notamment à travers une médiation non officielle dans le dossier libanais-syrien, mais également dans le domaine énergétique. Le président Joseph Aoun aurait interrogé Emmanuel Macron sur le retour de la société Total pour l’exploration gazière au large du Liban. Le président français aurait répondu que cela surviendra bientôt, sans pour autant en préciser la date, ce qui reflète les incertitudes persistantes liées aux intérêts israéliens et turcs dans la zone​.

Par ailleurs, le même journal mentionne une initiative en discussion entre le Liban et l’Irak concernant la réactivation du pipeline Tripoli-Bagdad, projeté pour relancer le raffinage au nord du Liban. Cette relance pourrait marquer un tournant stratégique dans les relations régionales et économiques du pays​.

Invitation officielle de Bagdad à Joseph Aoun

Dans ce cadre régional, le président libanais Joseph Aoun a reçu une invitation officielle de la part du Premier ministre irakien Mohammad Shia Al-Sudani pour une visite bilatérale à Bagdad. Cette invitation a été transmise via la représentante diplomatique irakienne à Beyrouth, Neda Karim Majoul. Le texte insiste sur les « liens fraternels et les opportunités économiques communes » que les deux pays peuvent développer. Joseph Aoun a accueilli favorablement cette invitation, y voyant une opportunité de repositionner le Liban sur la carte diplomatique arabe et énergétique​.

Offensive iranienne sur la scène internationale

Côté iranien, la diplomatie tente de mobiliser les soutiens face à la pression occidentale. Ad Diyar rapporte les propos du ministre des Affaires étrangères iranien, Abbas Araghchi, qui a assuré que Téhéran prendrait toutes les mesures nécessaires pour protéger son programme nucléaire. Cette déclaration fait suite à un échange téléphonique avec Rafael Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique, avec qui il a évoqué les menaces croissantes sur les installations nucléaires civiles en Iran​.

En parallèle, Al 3arabi Al Jadid indique que l’Iran s’apprête à suspendre toutes ses obligations en matière d’inspections nucléaires si de nouvelles frappes devaient viser ses infrastructures. Une telle décision, si elle était mise en œuvre, placerait les négociations internationales sur le nucléaire dans une impasse critique​.

Initiative franco-européenne contre Téhéran

Face à cette posture iranienne, la France a pris la tête d’une initiative européenne pour dénoncer les violations des droits des ressortissants détenus en Iran. Al Sharq annonce que Paris envisage de porter plainte devant la Cour internationale de justice contre Téhéran pour non-respect de la protection consulaire de deux citoyens français détenus depuis 2022. Le gouvernement français a également promis un nouveau train de sanctions à venir, visant les responsables iraniens de la sécurité et de la justice​.

Politique internationale : guerres persistantes et tensions géopolitiques

Gaza : une zone en voie d’annexion progressive

La situation à Gaza est au cœur de l’actualité internationale. Al 3arabi Al Jadid rapporte que l’armée israélienne a étendu sa zone de contrôle sur environ 17 % du territoire de Gaza, soit plus de 62 km². Cette expansion s’inscrit dans la stratégie israélienne visant à créer une zone tampon permanente autour de l’enclave, justifiée par des objectifs de sécurité, mais largement dénoncée par les ONG comme une annexion de facto​.

Les autorités israéliennes ont émis des appels publics à la population de Gaza pour se retourner contre le Hamas, en promettant des allègements du blocus en échange d’un désarmement et d’un échange des otages. Toutefois, selon Ad Diyar, le Hamas rejette toute condition préalable imposée unilatéralement et accuse Tel-Aviv de pratiquer une stratégie d’épuration ethnique camouflée sous des discours humanitaires​.

Dans un développement parallèle, une frappe aérienne israélienne a visé un bâtiment de l’UNRWA à Jabalia, causant la mort de 19 personnes, dont neuf enfants, selon les sources locales. L’agence a confirmé que le site était identifié comme un refuge pour plus de 160 familles déplacées​.

Syrie : reprise des bombardements israéliens

La Syrie reste elle aussi ciblée. Ad Diyar rapporte qu’une série de frappes israéliennes ont touché les abords de Damas et de Hama. Les cibles comprenaient des installations soupçonnées de soutenir logistiquement le Hezbollah ou les Gardiens de la révolution iraniens. Ce regain d’agressivité intervient dans un contexte d’inquiétude croissante autour d’un éventuel redéploiement régional de la résistance islamique, notamment en cas de guerre régionale élargie​.

Yémen : les frappes américaines s’intensifient

Au Yémen, les États-Unis ont intensifié leurs opérations militaires contre les Houthis. Selon Al 3arabi Al Jadid, plus de 60 civils ont été tués et 139 blessés lors de frappes aériennes menées entre le 15 mars et le 2 avril. Le ministère de la Santé à Sanaa a dénoncé des « crimes de guerre systématiques » visant des installations civiles, notamment un centre de distribution d’eau dans la province d’Al-Hodeidah. Washington justifie ces attaques par la nécessité de neutraliser des capacités de nuisance maritime contre ses alliés dans la mer Rouge​.

Le département du Trésor américain a également annoncé l’imposition de nouvelles sanctions à des individus basés en Russie, accusés d’avoir facilité des transferts d’armes et de composants militaires vers les Houthis. Les sanctions visent à assécher les réseaux de soutien logistique du groupe soutenu par l’Iran​.

Ukraine : impasse constitutionnelle et verrou diplomatique

En Europe, le conflit ukrainien reste gelé dans une impasse diplomatique. Al 3arabi Al Jadid souligne que toute ouverture à des négociations avec la Russie est légalement interdite depuis que le président Volodymyr Zelensky a fait adopter, en 2022, un amendement interdisant toute tractation tant que Vladimir Poutine restera au pouvoir. Cette position est confortée par un consensus parlementaire qui exclut toute forme de concession territoriale sur les régions annexées, notamment Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson​.

Des débats existent cependant sur l’opportunité de maintenir cette ligne dure alors que l’Ukraine peine à regagner du terrain sur le front. Plusieurs voix dans la société civile commencent à évoquer la possibilité de négociations « conditionnées » à des garanties internationales, mais sans rencontrer d’écho dans l’appareil politique.

Soudan : multiplication des massacres

En Afrique, la situation au Soudan s’aggrave. Al 3arabi Al Jadid révèle que les Forces de soutien rapide ont commis plusieurs attaques contre des camps de réfugiés dans le Darfour et le Kordofan. Ces opérations, souvent menées avec des armes lourdes, ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de civils, selon des ONG locales et des agences onusiennes. L’ONU parle d’un risque réel de « génocide lent » en l’absence d’une réponse humanitaire et militaire coordonnée​.

Iran : menaces nucléaires sous pression militaire

Dans le Golfe, l’Iran a laissé entendre pour la première fois qu’il pourrait reconsidérer sa doctrine nucléaire. Al Bina’ et Al 3arabi Al Jadid rapportent que Téhéran a réagi aux déclarations de Donald Trump sur une éventuelle frappe préventive contre les sites nucléaires iraniens en affirmant que toute attaque serait considérée comme un acte de guerre et pourrait justifier l’activation d’un programme militaire. L’Iran développe actuellement des capacités de production d’uranium enrichi à un niveau proche de l’arme nucléaire, ce qui suscite des inquiétudes croissantes en Israël et aux États-Unis​.

Myanmar : pause humanitaire après le séisme

Enfin, en Asie, un tremblement de terre de magnitude 7,7 a frappé la Birmanie le 28 mars, causant plus de 2800 morts selon les premiers bilans officiels. Face à cette catastrophe, la junte militaire a décrété un cessez-le-feu temporaire jusqu’au 22 avril pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire. L’ONU a salué ce geste, mais appelle à une trêve durable permettant la reprise du dialogue politique avec les groupes armés d’opposition, toujours actifs dans plusieurs provinces​.

Économie : défis monétaires, fiscalité énergétique et redressement bancaire

Gouvernance monétaire : le défi du nouveau gouverneur

La nomination de Karim Said à la tête de la Banque du Liban a suscité de vives réactions. Selon Nahar du 3 avril 2025, une partie du débat public a critiqué le processus de sélection, perçu comme opaque. Néanmoins, les milieux économiques saluent l’arrivée d’un profil reconnu pour sa technicité et ses relations solides avec les milieux bancaires du Golfe, notamment en raison de son expérience passée aux Émirats arabes unis. Cela renforce l’espoir d’un regain de confiance dans le secteur bancaire libanais, qui reste fragilisé par l’effondrement monétaire de ces dernières années​.

L’une des priorités immédiates du nouveau gouverneur est de stabiliser la livre libanaise. La devise nationale connaît une volatilité persistante, aggravée par une inflation structurelle. Al 3arabi Al Jadid souligne que même les petits commerces et micro-entreprises sont frappés de plein fouet par la chute de la consommation et des rentrées, ce qui affecte gravement la dynamique de reprise économique. Le ralentissement général des activités commerciales illustre l’étendue des défis structurels auxquels la Banque du Liban doit désormais faire face​.

Or monétaire : controverse sur la gestion des réserves

Une autre question sensible concerne la gestion des réserves d’or du pays. Nahar révèle que le Liban possède actuellement environ 286,8 tonnes d’or, dont un tiers est stocké dans les coffres de la Banque centrale à Beyrouth, et le reste conservé aux États-Unis, dans le célèbre dépôt de Fort Knox. La question de la vente ou de la location d’une partie de cet or fait débat au sein du Parlement. Certains députés estiment que cela pourrait permettre de recapitaliser la Banque du Liban sans recourir à de nouvelles dettes. D’autres mettent en garde contre une décision précipitée, compte tenu de la valeur stratégique de cette réserve pour la crédibilité monétaire nationale​.

Pression fiscale et explosion des prix de l’énergie

Sur le plan des dépenses quotidiennes, les familles libanaises continuent de faire face à une hausse soutenue du coût de la vie. Selon Al 3arabi Al Jadid, l’impact est particulièrement visible sur les prix de l’énergie et des biens de première nécessité. Les hausses de tarifs dans le secteur de l’électricité et du gaz sont les plus ressenties. Le prix moyen de la facture énergétique pour une famille a dépassé 1 800 dollars par an, ce qui représente une charge difficilement soutenable pour les ménages à revenu moyen ou faible​.

Les augmentations s’accompagnent d’un effort partiel de subvention ciblée, notamment pour les familles inscrites au programme AMAN. Toutefois, plusieurs ONG signalent que la portée de ces aides reste très limitée par rapport aux besoins réels sur le terrain. L’absence de subventions universelles aggrave la précarité énergétique et renforce le ressentiment social face à un État jugé incapable de répondre à la crise.

Dialogue avec le FMI : un processus toujours en suspens

Sur le plan macroéconomique, le Liban poursuit ses pourparlers avec le Fonds monétaire international. Al Sharqrapporte que des réunions sont prévues à Washington le 21 avril 2025. Le Premier ministre Nawaf Salam, accompagné du ministre des Finances et du gouverneur de la Banque du Liban, tentera d’y plaider un plan de redressement crédible et « équitable ». L’objectif est d’obtenir un déblocage de fonds conditionnés à des réformes de structure, notamment dans la gouvernance publique, le secteur électrique et le recouvrement fiscal​.

Toutefois, plusieurs parlementaires expriment leur scepticisme sur la volonté réelle des partis politiques de mettre en œuvre les conditions du FMI. Certains dénoncent un double discours, où les engagements internationaux ne trouvent aucun relais législatif effectif à Beyrouth. L’un des principaux points de friction demeure la restructuration du secteur bancaire, qui divise profondément le champ politique.

Le secteur bancaire : entre déflation et relance espérée

La confiance dans le système bancaire reste vacillante. Nahar consacre une large analyse aux perspectives du secteur. Il note que la majorité des dépôts de moins de 20 000 dollars ont été liquidés via des circulaires de la Banque du Liban. Cette politique de compensation partielle a permis d’éviter une explosion sociale majeure, mais elle a également entraîné une raréfaction des liquidités, freinant la relance économique par la consommation et l’investissement​.

Le texte indique aussi que le retour de la confiance passera par un plan global, dont les grandes lignes incluent une recapitalisation sélective des banques, un assainissement des bilans, et la création éventuelle d’une structure de défaisance pour isoler les actifs toxiques. L’Association des Banques du Liban reste divisée sur cette approche, certains de ses membres craignant une dilution massive de leurs parts dans les établissements restructurés.

Nouveaux partenariats économiques régionaux

Pour sortir de cette impasse, le gouvernement cherche à élargir ses partenariats économiques. Ad Diyar évoque des discussions en cours avec l’Irak pour relancer le projet de pipeline entre Bagdad et le port de Tripoli. L’objectif serait de réactiver le terminal pétrolier libanais, fermé depuis les années 1990. Cette infrastructure pourrait devenir une source de revenus stable et un levier pour relancer le secteur du raffinage​.

En parallèle, des initiatives agricoles soutenues par la société civile et le secteur coopératif essaient de créer de nouveaux circuits de production alimentaire. Le journal Al 3arabi Al Jadid souligne, à travers le portrait d’une agricultrice libanaise, que des pratiques innovantes comme la culture verticale se développent dans certaines régions rurales, malgré le manque d’investissements publics​.

Justice : enquêtes sensibles, corruption systémique et affaires en cours

Procédures autour de l’organisation « Kelna Irada »

L’un des développements marquants sur la scène judiciaire libanaise concerne la mise en cause de l’organisation « Kelna Irada » et de ses partenaires médiatiques « Daraj » et « Megaphone ». Selon Al Sharq du 3 avril 2025, ces entités font l’objet de plusieurs actions en justice, initiées à la suite de rapports accusant leur financement d’être lié aux réseaux du milliardaire George Soros, identifié comme figure centrale du soutien à des organisations influencées par des agendas extérieurs au Liban​.

Ces procédures ont été déclenchées après la publication d’articles les accusant d’avoir manipulé l’opinion publique durant les mouvements de protestation de 2019. Les plaintes portent sur des accusations d’atteinte à la sécurité nationale, de diffamation et de financement suspect en lien avec des objectifs « étrangers à l’intérêt national ». L’affaire est suivie de près par les milieux politiques, certains y voyant une instrumentalisation judiciaire, d’autres une tentative légitime de transparence financière.

Litiges immobiliers et tensions sociales

Sur un autre plan, plusieurs litiges fonciers ont été rendus publics dans les journaux judiciaires. Nahar mentionne des procédures de restitution et de mise en vente aux enchères de biens immobiliers, notamment à Saïda et dans le nord du pays. Ces dossiers témoignent des tensions autour de la question foncière, exacerbées par les faillites personnelles et les défauts de paiement en série liés à la crise économique​​.

Le cas d’un bien immobilier à Qana, faisant l’objet d’un partage judiciaire entre plusieurs héritiers, illustre les difficultés à résoudre les contentieux dans des délais raisonnables. Le jugement rendu par le tribunal de Saïda prévoit une mise en vente publique, alors que certains membres de la famille contestent la décision, invoquant des irrégularités de procédure.

Dossier de l’occupation irrégulière à Amchit

Dans le même registre, Ad Diyar mentionne un dossier à Amchit, où une décision de justice impose l’expulsion d’un occupant sans titre, au profit d’une famille ayant obtenu gain de cause après un long procès remontant à 2020. La décision, notifiée cette semaine par le tribunal de Jbeil, prévoit une exécution immédiate sous peine d’amende journalière​.

Cette affaire met en lumière les lenteurs de la justice civile et les difficultés de mise en œuvre des décisions, notamment dans les zones périurbaines où les tensions foncières sont fortes. Elle soulève également des interrogations sur la capacité des services d’exécution à intervenir dans des contextes marqués par des enjeux communautaires ou politiques.

Règlements de succession et récents jugements

Des décisions de justice liées à des successions complexes ont également été publiées. Selon Nahar, une audience tenue à la chambre civile de Tripoli a tranché une affaire de partage dans la région d’Amioun, opposant plusieurs membres d’une même famille autour d’un bien classé comme héritage indivis. Le jugement prévoit une vente aux enchères et une répartition du produit selon les parts définies dans l’acte notarié de 1997, amendé à plusieurs reprises. La décision prévoit également le remboursement des frais de procédure par les parties contestataires​.

Corruption et responsabilité publique

Au-delà des affaires foncières, la question de la corruption dans les administrations publiques reste une préoccupation majeure. Al 3arabi Al Jadid relate les efforts du Conseil supérieur de la magistrature pour accélérer les enquêtes sur plusieurs cas d’enrichissement illicite, dont celui d’un ancien haut fonctionnaire du ministère des Travaux publics. Bien que le nom du suspect ne soit pas encore officiellement divulgué, des sources judiciaires confirment que les premières saisies préventives ont été effectuées sur ses comptes à la Fransabank et à la Banque Audi​.

Le Conseil de discipline a également décidé de suspendre à titre conservatoire deux juges soupçonnés d’avoir falsifié des actes dans des dossiers de droit commercial. Ces mesures s’inscrivent dans un effort plus large de restauration de la crédibilité de la justice, souvent accusée de complaisance envers les élites économiques et politiques.

Libération contestée dans une affaire de meurtre

Une décision judiciaire controversée a suscité de nombreuses réactions cette semaine. Il s’agit de la libération conditionnelle d’un homme accusé du meurtre de son épouse, une affaire qui avait ému l’opinion publique en 2022. Selon Al Sharq, la libération a été accordée pour des raisons de santé, sur la base d’un rapport médical émis par un établissement privé. Les ONG féministes dénoncent une justice à deux vitesses et demandent une enquête indépendante sur les conditions de cette libération​.

Des manifestations ont été organisées devant le Palais de Justice de Beyrouth, exigeant la révision de la décision et l’interdiction de sortie du territoire pour l’accusé. Le parquet a ouvert une enquête sur les circonstances de l’expertise médicale et envisage une reprise de la procédure si de nouvelles preuves émergent.

Société : pauvreté accrue, effondrement des services et détresse des familles

Précarité généralisée et dépendance accrue à l’aide humanitaire

La crise socio-économique persistante au Liban continue d’aggraver les conditions de vie de larges pans de la population. Al 3arabi Al Jadid met en lumière l’effondrement du pouvoir d’achat, la montée des prix des biens de première nécessité, et l’incapacité croissante des ménages à faire face aux besoins quotidiens. Le journal indique qu’un nombre croissant de familles dépend désormais de l’aide humanitaire, notamment alimentaire, dont le taux d’accès avoisinerait 80 % dans certaines zones​.

Selon le même journal, plus de 16,5 millions de personnes dans la région sont en situation de besoin, dont une part importante au Liban. La situation se détériore particulièrement dans les régions rurales où la désintégration des circuits économiques a laissé place à une économie de survie, parfois entièrement dépendante d’ONG internationales ou locales​.

Emploi informel et précarité des travailleurs

La dynamique de précarisation s’observe également dans le monde du travail. Al 3arabi Al Jadid détaille la fragilité des emplois dans les secteurs informels, en particulier ceux des petits commerces, des vendeurs ambulants et des travailleurs à la journée. Ces derniers, souvent exclus des systèmes de sécurité sociale, sont confrontés à une chute de leurs revenus et à l’impossibilité de couvrir des charges de base telles que l’alimentation, l’électricité ou les soins médicaux​.

Les licenciements massifs des dernières années, accompagnés de l’absence de compensation sociale, ont entraîné un ressentiment profond envers l’État, jugé incapable d’apporter des réponses structurelles. Ad Diyar mentionne notamment les nombreuses décisions judiciaires concernant des licenciements collectifs non justifiés, restées sans mise en œuvre concrète en raison de l’engorgement des juridictions​.

Accès aux soins : entre saturation et inégalités

Le système de santé, déjà fragilisé par la crise financière, subit une nouvelle dégradation. D’après Al 3arabi Al Jadid, les hôpitaux publics sont saturés et manquent cruellement de médicaments de base et de personnel. Des files d’attente de plusieurs heures sont désormais courantes pour accéder à une simple consultation, et de nombreuses opérations programmées sont reportées sine die​.

Par ailleurs, l’accès aux soins reste très inégalitaire. Les familles à revenus élevés continuent de bénéficier d’une prise en charge dans des cliniques privées, alors que la majorité de la population dépend d’un système public exsangue. Des initiatives d’aide médicale lancées par des ONG comme Médecins du Monde ou Save the Children tentent de compenser ces manques, mais leur couverture demeure très limitée au regard de la demande croissante.

Éducation et ruptures scolaires

L’éducation figure également parmi les secteurs gravement affectés. Plusieurs établissements scolaires, notamment dans les périphéries de Beyrouth, peinent à maintenir leurs activités en raison de coupures d’électricité et du non-paiement des salaires aux enseignants. Al 3arabi Al Jadid fait état de taux d’absentéisme scolaire record dans les écoles publiques, certains élèves étant contraints de travailler pour aider leur famille​.

De plus, l’accès aux universités devient de plus en plus sélectif. Les droits d’inscription dans les établissements publics, bien que modiques, restent inaccessibles pour de nombreuses familles sans soutien externe. La fuite des cerveaux s’accentue, de nombreux étudiants tentant de poursuivre leurs études à l’étranger malgré les obstacles financiers.

Aide sociale et rôle limité des pouvoirs publics

Les politiques sociales de l’État se heurtent à un double écueil : manque de financement et déficit de gouvernance. Al 3arabi Al Jadid indique que plusieurs programmes d’assistance, dont celui de la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), souffrent de retards de paiement massifs. Les pensions de retraite, allocations familiales et remboursements de soins ne sont plus versés dans les délais, plongeant les bénéficiaires dans une incertitude chronique​.

En parallèle, les aides ponctuelles distribuées par les ministères ou les municipalités restent insuffisantes. Les critères d’attribution sont parfois jugés opaques, voire clientélistes. De nombreux citoyens ne savent même pas à quelles aides ils ont droit, et aucune campagne d’information n’a été déployée à large échelle.

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