Chose attendue après la dégradation des notes des émissions obligataires étatiques en raison de leur exposition à la dette publique, c’est au tour des principales banques libanaises de voir leurs notations être à leur tour abaissées par Standard & Poor’s.

Ainsi, les Banques Audi, Blom et Bank Med ont vu leurs notes passer de B- à CCC sur le long terme. À court terme également, les banques Audi et Bank Med ont été dégradées à C. Les perspectives sont négatives pour tous ces établissements, en raison de la situation qui a cours au Liban et du manque de liquidité sur les marchés libanais.

Selon S&P, les banques libanaises font de plus en plus face à l’érosion des dépôts qui est intervenu à partir de la première moitié de l’année. Cependant, cette érosion s’est encore aggravée dernièrement, en raison des développements politiques, des troubles sociaux, de la prolongation de la fermeture des établissements bancaires et des restrictions de la part de certaines banques à des transferts ou à d’autres types d’opérations financières.

De plus, les importantes asymétries sur les échéances à venir limitent les marge de manœuvre des établissements financiers pour faire face aux sorties massives de dépôts en période de tensions sur les liquidités. L’agence faisant notamment allusion aux dépôts à court terme placés par les banques auprès de la Banque du Liban.

Les placements des banques libanaises auprès de la BDL représentaient à eux seuls 57% du total des actifs des banques au 31 juillet 2019. Ceux-ci comprennent les dépôts à terme et les certificats de dépôts avec des échéances à moyen et long terme.
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En réponse aux pressions persistantes sur les dépôts, BDL a offert des facilités de trésorerie sous forme de prêts à court terme libellés en dollars américains, assortis d’un taux d’intérêt élevé de 20%. Selon notre scénario de référence, BDL continuera de fournir un soutien en liquidités aux banques en cas de besoin, mais sa capacité à le faire reste limitée en raison de son rôle clé dans le financement du gouvernement libanais.

Ces propos interviennent alors que le gouverneur de la Banque du Liban avait pourtant démenti ces informations.

Sur les banques libanaises plus particulièrement, S&P note certains risques

Nous pensons également que les banques sont confrontées à d’autres risques moins imminents, mais non moins importants, tels que des risques importants pour leur capital et leurs bénéfices. À notre avis, la capitalisation est vulnérable à la faible solvabilité de l’état libanais. (…)
En outre, les perspectives de revenus se sont affaiblies avec la hausse des taux d’intérêt payés sur les dépôts et les efforts des banques pour allonger les échéances des dépôts, ainsi que les contributions potentielles au gouvernement annoncées sous forme de paiements ponctuels d’impôts

S&P ajoute que les établissements bancaires feront l’objet d’une nouvelle annonce dans les 3 prochains mois.

Nous abaissions les notations si les sorties de dépôts dépassaient les seuils de liquidité des banques et le soutien de BDL, augmentant ainsi la probabilité que les banques ne puissent pas honorer leurs obligations de manière complète et en temps voulu, ce qui pourrait conduire à un «défaut sélectif». Nous pourrions également abaisser les notations si nous anticipions l’imposition de contrôles de capitaux stricts

La décision de S&P confirme celle de Fitch qui avait déjà dégradé les notes des banques libanaises, le 29 octobre dernier. Ainsi Byblos Bank et Banque Audi avaient vue leurs notes des obligations à long terme passer de CCC à CCC-

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