Si une enquête avait été lancée contre eux en 2020 suite à la découverte du scandale du fioul frelaté livré aux centrales électriques libanaises, l’affaire a été bien vite enterrée aux yeux de l’opinion publique. C’était sans compter Washington, qui a ainsi imposé aux 2 frères Raymond et Teddy, ainsi qu’à leurs entreprises, une série de sanctions économiques ce mardi 4 avril 2023, amenant à remettre ce dossier devant de la scène médiatique.

Pour rappel, les frères Rahmé étaient apparus au grand jour suite aux révélations justement de vente de fioul frelaté à l’EDL, un contrat obtenu en 2017 alors que le ministre de l’énergie n’était autre que César Abi Khalil, proche de Gébran Bassil et membre du Courant Patriotique Libre. Des hauts fonctionnaires avaient également été mis en cause à cette même époque.

Mais cette affaire n’était au final que le sommet de l’iceberg, même si certains sur les réseaux sociaux ont commencé à politiser un dossier au lieu d’en juger le contenu. Ils devraient plutôt se souvenir que la politisation est une des armes qui protège au Liban la corruption comme la confessionalisation.

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Si certains voient dans cette décision américaine, un message visant à écarter Sleiman Franjieh de la présidence de la république libanaise, l’affaire pourrait dépasser les frontières politiques traditionnelles et impliquer un grand nombre de personnalités politiques.

Si l’amitié à l’ancien député Sleiman Franjieh était connue de notoriété publique, ce n’est même pas la peine de s’étendre dessus, c’est aller vite en besogne notamment en raison du lien étroit entre Raymond Rahmé et ce dernier, l’autre frère n’hésitait pas quant à lui de diversifier ses investissements politiques en sponsorisant le fameux festival des cèdres cher à Sitrida Geagea et aux Forces Libanaises, l’autre bord, profitant ainsi d’un appui dépassant les rivalités claniques et familiales présentes au nord du Liban.

L’appui de tous les bords politique est en fin de compte bon pour les affaires.

De source médiatique locale à l’époque, on mettait en effet en cause le président de la chambre Nabih Berri et même Walid Joumblatt dans le cadre de montages financiers impliquant ZR Group, ZR Energy, BB Energy, Cogico et d’autres un peu moins connues. Ainsi, les offres publics pour l’achat de fioul étaient rapidement gagnées sans poser très de question, encore moins de tracas, avec probablement certains bénéfices accordés aux personnes qui en facilitaient la conclusion.

Un système qui dépasse même le Liban

Par ailleurs, au-delà de cette région qui leur est chère, le groupe ZR Group avait étendue son empire au Kurdistan, annonçait aussi dès 2020, le site Intelligence Online. Le procureur de cette province autonome de l’Irak avait alors ouvert une enquête concernant le transfert d’un milliard de dollars versés sur le compte de la société IMMS domicilié à la Bank Med libanaise proche de la famille Hariri. Les frères Rahmé, toujours selon ce site auraient alors acquis une participation minoritaire au sein de l’établissement financier alors qu’IMMS souhaitait obtenir le transfert des fonds à l’étrange dès novembre 2019.

Parallèlement également, les frères Rahmé avaient acquis à l’époque une autre participation au sein Korek Telecom appartenant aussi en partie à la famille Barzani. L’affaire s’était alors étendue au-delà de l’Irak et même du Moyen Orient avec une procédure d’audit lancée par Iraq Telecom, une filiale commune des entreprises françaises Orange et koweitiennes Agility, également actionnaire au sein de Korek qui aurait montré que des détournements de fonds auraient été effectués. Iraq Telecom accuse Raymond Rahmé d’avoir aidé Sirwan Barzani, PDG de Korek, à mettre en place un système de paiements parallèles afin de siphonner l’argent de l’entreprise.

Peut-être que le message réel derrière ces sanctions américaines n’est pas celui adressé seulement à certains comme Sleiman Franjieh comme aiment à le croire un certain public, mais un message adressé à l’ensemble de la classe politique libanaise. Des limites sont désormais mise et même imposées au deepstate, à ces mafias qui ont profité, par des liens étroits entre administration publique, partis politiques, personnalités publiques jusqu’à faire boire le lie à la population libanaise alors que se profile aujourd’hui une détérioration à venir de la situation économique et financière du pays des cèdres avec des conséquences incalculables pour la population qui continue à souffrir.

“L’argent n’a pas d’odeur” et “tous les moyens sont bons”, tel pourrait être en effet l’adage des frères Rahmé, qui “investissaient” ainsi leurs moyens financiers considérables en faveur de chaque bord politique et au-delà du Liban, au profit de leurs affaire. Leur petite entreprise ne connaissait ainsi pas la crise…

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