Les gouts et les couleurs se discutent ou pas. Concernant le film Beirut qui fait actuellement polémique au Liban parce que Beyrouth “n’est pas belle”, “pas reconstruite” ou que “les israéliens jouent les chevaliers sur leurs chevaux blancs”, il faudrait rappeler à ces personnes qui jugent bien rapidement qu’il faut se placer dans le contexte de l’époque, c’est à dire 1982 et critiquer justement.

Beaucoup jugent en n’ayant vu que le trailer. C’est un peu court pour juger un film et surtout de son contenu.

Certes, le film a été tourné au Maroc sans de staff ni d’acteurs libanais. Cela se remarque déjà par l’intonation des acteurs. Les Libanais sont tout de même assez connaisseurs de la chose pour le remarquer. Certes, il rappelle les heures noires par lesquelles le Liban est passé, ces heures noires qu’on n’arrive toujours pas à écrire une histoire commune factuelle. Peut-être est ce surtout cela que cette polémique rappelle. 

S’il s’agit de critiquer le film sur la base de “comment était Beyrouth à ce moment là”, comme beaucoup le font, il faudrait leurs rappeler que Beyrouth était en effet détruite; les israéliens étaient effectivement pour certains des chevaliers sur leurs chevaux blancs face à la menace palestinienne qui a été à l’origine du conflit de 1975 et le Liban sortait à peine d’une guerre ou on avait beaucoup d’espoir qu’elle se termine. Ceci est ce qui en est si on en juge avec le contexte de 1982.

Effectivement après 1982, on peut dire qu’on a été trompé. Certes Beyrouth a été reconstruite, mais à quel prix? Celui de la corruption, celui des déchets qu’on jette dans la mer comme on a commencé durant la guerre civile en jetant les ordures de Beyrouth dans la Baie de Normandie? Celui d’un état de non droit ou des criminels pourraient bientôt être libérés faute de place dans les prisons?

Ils auraient peut-être préféré qu’on continue à se voiler la face et qu’on puisse montrer Beyrouth avec des bisounours, une sorte de science fiction, une sorte d’opérette de démocratie, d’économie et de société libérale mais au contraire constituée de cartels et engoncée dans la censure.

Le seul point qu’on peut retenir peut-être des personnes qui critiquent ce film est politique, celui de l’action israélienne au Liban qui a été en fin de compte négative au lieu d’être les chevaliers blancs tels que dépeints par cette “oeuvre cinématographique”. Beaucoup de faits historiques sont faussés puisqu’il s’agit de romancer/accorder un blanc sein notamment à l’action de Tsahal.
A cela, il convient de rappeler ,qu’après tout, leurs actes ont été à l’origine du Hezbollah qu’ils critiquent, leurs actions ont amené à l’unité nationale du Liban sur le concept de résistance face à l’oppresseur qu’il a été syrien ou israélien au final, donc au nationalisme libanais qui s’est retrouvé confirmé et conforté par les derniers évènements qui ont été l’enlèvement du Premier Ministre par l’Arabie Saoudite. Dans un autre temps, notre division et la violence auraient prévalu.

Quant au reste, la critique cinématographique n’interviendra que lors qu’on pourra visionner ce film, c’est à dire en avril prochain. A moins que d’ici là, il ne soit censuré au Pays des Cèdres.

Aux bonnes âmes qui critiquent simplement pour faire les personnes intéressantes, une réflexion supplémentaire faute de pouvoir voir le film jusqu’à présent, celle d’être une personne de 1982 ou, le cas échéant, s’ils n’ont pas vécu cette période, de demander à leurs ainés de leurs expliquer ce contexte, à avoir une ouverture d’esprit et de critique non pas simplement gratuite mais constructive basée sur des faits historiques. Peut-être est-ce là, la manière l’opportunité d’apprendre à la nouvelle génération ce qu’était la guerre et d’avoir un débat sur ce qui était la réalité de ce conflit et l’image romancée ou idyllique que certains en donnent aujourd’hui et au final d’exposer la réalité historique de la situation d’alors, cette histoire contemporaine qu’on évite d’aborder pour tant de raisons plus insipides les unes que les autres, au lieu d’avoir d’autres personnes la réécrire de manière faussée comme ce qu’il en est dans ce scénario.

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