mardi, mai 20, 2025

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Israël et la parole donnée : un cessez-le-feu sous conditions fluctuantes

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Les événements récents au Liban et en Palestine interrogent plus que jamais la valeur des engagements pris par Israël dans le cadre des cessez-le-feu et des négociations d’échanges de prisonniers. Entre le retrait promis du Sud-Liban, qui n’a pas été effectué le 26 janvier, et la suspension soudaine de la libération des prisonniers palestiniens en échange des otages israéliens, annoncée ce jeudi, une question demeure : à quelle parole se fier et quelles garanties internationales existent pour assurer le respect des engagements pris ?

Une suspension qui jette un doute sur la fiabilité des engagements israéliens

Ce jeudi, la communauté internationale a été témoin d’un nouvel épisode de rupture d’un processus déjà fragile. Huit otages israéliens venaient tout juste d’être remis à la Croix-Rouge pour leur transfert vers Israël, conformément aux termes d’un échange de prisonniers conclu dans le cadre du cessez-le-feu avec le Hamas. Mais contre toute attente, Israël a immédiatement suspendu la libération des 110 prisonniers palestiniens qui devaient être relâchés dans la journée. Cette décision a été prise par le Premier ministre Benjamin Netanyahu en coordination avec le ministre de la Défense Israël Katz.

Si ce type de retournement de situation n’est pas inédit dans l’histoire des négociations israélo-palestiniennes, il pose une fois de plus la question de la crédibilité des engagements israéliens. Comment mener des discussions et instaurer des trêves si les accords conclus peuvent être suspendus à tout moment, sans préavis ?

Une stratégie israélienne de pression et de temporisation

Le gouvernement de Netanyahu est connu pour utiliser la pression et la temporisation comme des leviers dans les négociations. Cette nouvelle suspension s’inscrit dans une stratégie plus large où Israël cherche à maximiser ses gains politiques et sécuritaires tout en gardant une marge de manœuvre. En suspendant unilatéralement l’échange, Israël envoie plusieurs messages : d’une part, cela peut être une façon d’imposer de nouvelles conditions à ses interlocuteurs, notamment au Hamas, en tentant d’exercer un levier supplémentaire sur les discussions en cours. D’autre part, cette décision répond aussi à des impératifs politiques internes. Netanyahu, confronté à une opposition croissante et aux tensions internes de sa coalition, joue la carte du durcissement pour rallier son électorat de droite et l’aile la plus radicale de son gouvernement.

Le précédent du Sud-Liban : un cessez-le-feu déjà fragilisé

La fiabilité des engagements israéliens avait déjà été mise en question quelques jours plus tôt, avec le non-retrait du Sud-Liban prévu dans le cadre du cessez-le-feu avec le Hezbollah. Le 26 janvier, Israël devait amorcer son désengagement de cette région conformément aux négociations menées sous l’égide d’acteurs internationaux, mais ce retrait ne s’est pas concrétisé.

Ce revirement a relancé les tensions avec le Hezbollah, qui a immédiatement dénoncé un « non-respect des engagements » et a menacé de reprendre les hostilités. Ce genre de volte-face ne fait que nourrir la méfiance entre les parties et complique encore davantage les tentatives de stabilisation du conflit israélo-arabe.

Donald Trump : une nouvelle donne qui bouscule la médiation américaine

L’élection de Donald Trump en novembre 2024 a ajouté une autre couche de complexité au rôle des États-Unis comme médiateur du conflit. Contrairement à la politique pro-israélienne de son premier mandat, Trump semble adopter cette fois une posture plus favorable aux Palestiniens, ce qui affaiblit la position de Netanyahu sur la scène internationale.

Le 4 février, Netanyahu sera le premier dirigeant étranger reçu à la Maison-Blanche sous la présidence Trump. Ce signal diplomatique fort traduit la volonté de Washington de reprendre la main sur le dossier israélo-palestinien. Par ailleurs, Trump a dégelé la livraison de certaines armes stratégiques à Israël, notamment des bombes de 2 tonnes, ce qui risque d’accentuer encore plus les tensions militaires dans la région.

Quelle parole et quelles garanties internationales ?

Les derniers développements illustrent une réalité incontournable : sans mécanismes de garantie efficaces et sans un cadre diplomatique fort, les engagements pris restent fragiles et vulnérables aux jeux politiques. L’administration Trump pourrait jouer un rôle déterminant, mais dans quelle direction ? Va-t-elle imposer à Netanyahu de respecter ses engagements, ou bien va-t-elle continuer à soutenir Israël dans ses manœuvres tactiques ?

La question demeure : quelle crédibilité peut-on encore accorder à la parole d’Israël dans ces négociations ? Et surtout, quelles garanties internationales peuvent être mises en place pour que les accords de cessez-le-feu et les échanges de prisonniers ne deviennent pas de simples outils de pression politique ?

Tant que ces réponses resteront en suspens, la région continuera d’être plongée dans un cycle où la méfiance prime sur la diplomatie, et où chaque espoir de trêve risque d’être brisé par des décisions unilatérales imprévisibles.

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Newsdesk Libnanews
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