Washington maintient la pression sur Israël
Alors que la date du 18 février approche pour le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban, Morgan Ortagus, envoyée spéciale adjointe des États-Unis pour la paix au Moyen-Orient, est attendue cette semaine à Beyrouth. Il s’agit de sa deuxième visite depuis sa nomination. Selon le journal Al-Joumhouria, cette visite portera principalement sur l’application de l’accord de cessez-le-feu et le respect du retrait israélien.
L’administration américaine, qui avait déjà accordé une première extension au-delà du 26 janvier, se montre déterminée à ne pas accorder de nouveau report. Israël, de son côté, continue de faire pression pour maintenir une présence militaire sur cinq points stratégiques à la frontière, invoquant la menace du Hezbollah. Mais Beyrouth rejette fermement cette demande, suggérant plutôt un déploiement de l’armée libanaise et des forces de l’ONU (UNIFIL) sur ces positions.
Un accord de cessez-le-feu sous tensions
Le cessez-le-feu négocié par Washington le 27 novembre 2023 a mis fin à plus d’un an de tensions entre Israël et le Hezbollah, dont deux mois de guerre intense. L’accord prévoyait :
- Un retrait progressif des troupes israéliennes en 60 jours.
- Le déploiement de l’armée libanaise et des forces de l’ONU au sud du Liban.
- Un recul du Hezbollah au nord du Litani et le démantèlement de ses infrastructures militaires dans la zone sud.
Mais sur le terrain, Israël affirme que :
- Le Hezbollah ne respecte pas ses engagements et n’a pas reculé.
- Des armes du Hezbollah ont été découvertes dans des zones interdites.
- L’armée libanaise est insuffisamment déployée dans le sud, compromettant la stabilité régionale.
Ces tensions rendent le respect du cessez-le-feu fragile et suscitent des inquiétudes quant à une reprise des hostilités si Israël se retire sans garanties de sécurité.
Des déclarations explosives de Morgan Ortagus
Lors de sa précédente visite, Morgan Ortagus a exprimé sa reconnaissance envers Israël pour avoir « vaincu le Hezbollah », une déclaration qui a provoqué une vive polémique au Liban. Elle a également exprimé le souhait des États-Unis que le Hezbollah ne participe d’aucune manière au futur gouvernement libanais. Ces propos ont entraîné une réaction immédiate des partisans du Hezbollah, tandis que la présidence libanaise a cherché à désamorcer la crise, affirmant que les propos d’Ortagus ne reflètent pas la position officielle du Liban.
Ortagus, qui a récemment remplacé Amos Hochstein dans la médiation du conflit, s’est également dite « très engagée » à faire respecter la date du 18 février. Son rôle devient donc central dans les discussions diplomatiques autour du retrait israélien et de la stabilisation de la frontière.
Israël cherche toujours à prolonger sa présence militaire
Malgré la position ferme de Washington, Israël tente toujours d’obtenir un nouveau report du retrait. Netanyahu plaide pour un maintien temporaire des troupes israéliennes sur cinq points stratégiques, invoquant le besoin de prévenir un retour du Hezbollah. Mais la Maison-Blanche, par la voix du porte-parole du Conseil de Sécurité Nationale, Brian Hughes, a réaffirmé que « le retrait israélien suit le calendrier prévu » et qu’aucune demande officielle d’extension n’a été faite.
Face à ce refus, Israël pourrait être contraint de retirer ses troupes sans avoir obtenu de garanties supplémentaires. Une situation qui inquiète les milieux sécuritaires israéliens, craignant que le vide laissé par leur départ ne profite au Hezbollah.
Quelles conséquences en cas de non-retrait ?
Si Israël ne respecte pas l’échéance du 18 février, plusieurs scénarios sont envisageables :
- Une crise diplomatique avec Washington, qui verrait une remise en cause de son rôle de médiateur.
- Une réaction du Hezbollah, qui pourrait exploiter la situation pour renforcer sa présence militaire au sud du Liban.
- Une possible intervention de l’ONU pour faire respecter les termes du cessez-le-feu.
De son côté, Beyrouth insiste sur le respect de l’accord et refuse toute nouvelle concession à Israël. La position des États-Unis sera déterminante dans les prochains jours, alors qu’Ortagus se rend à Beyrouth pour tenter de débloquer la situation.
Avec l’échéance imminente, la question reste entière : Israël se conformera-t-il à l’accord, ou tenterait-il un passage en force malgré les pressions internationales ?