La Banque Audi a annoncé la vente de sa filiale égyptienne à la First Abu Dhabi Bank (FAB). Cette annonce fait suite à un accord préalable de la Banque Centrale du Caire pour procéder à cette opération. Aucune information n’a été donnée concernant la somme de la transaction.

Cette opération intervient alors que les banques libanaises sont confrontées à d’importantes difficultés financières induites par une crise économique importante. Face à cette crise financière, les banques libanaises sont confrontées à une demande, de la part de la Banque du Liban, à ce que leurs fonds propres puissent atteindre 20% de leurs actifs, entrainant de facto un recentrage sur les activités domestiques, cela afin d’approvisionner les pertes liées d’une part au défaut de paiement sur les eurobonds et d’un possible état de défaut de paiement sur les obligations libellées en livre libanaise.

Cette information intervient quelques jours après la vente par la BLOM Bank de la BLOM Bank Egypt à la Bank ABC de Bahreïn pour 427 millions de dollars.

Fin septembre 2020, Bank Audi Egypt disposait de 53 branches, d’un actif total de 5,3 milliards de dollars et de 479 millions de dollars capitaux propres.

Entamées en janvier 2020, la banque libanaise comptant alors financer une partie de hausse de son capital, conformément aux dernières directives de la Banque du Liban et cela afin de se prémunir contre les pertes induites par un état de défaut de paiement, ces négociations avaient été interrompues au mois de mai

La banque émirati avait motivé la suspension des discussions aux conditions moins favorables induites notamment par le coronavirus à l’époque et son impact sur l’économie mondiale avant de reprendre les discussions en septembre.

Pour rappel, la Banque Audi avait acquis sa filiale égyptienne en 2005. Elle comptait alors seulement 3 branches locales. 14 ans après, l’établissement compte 50 branches. Le groupe gère ainsi 4.4 milliards de dollars d’actifs en Egypte. La banque libanaise demanderait aujourd’hui 700 millions de dollars pour cet établissement, cela afin de pouvoir se recentrer sur son principal marché, même si elle pourrait être poussée à brader cette filiale en raison des conséquences de la crise économique libanaise.

Des banques lourdement impactées par la crise économique 

Les banques libanaises sont, pour leur part, lourdement impactées par la crise économique que traverse le Liban. Cette crise est apparue au grand jour avec les fameuses pénuries de devises étrangères dès mai 2019, d’abord mises sur le dos de problèmes logistiques par la Banque du Liban avant de finalement reconnaitre que les établissements privés faisaient face à d’importantes crises de liquidité. L’ABL avait alors mis en place un contrôle informel des capitaux dès novembre 2019.  

Jusqu’à présent, les banques libanaises refusent généralement de permettre aux déposants de disposer librement de leurs fonds.

Dès 2019, de nombreux incidents avaient alors éclaté dans les succursales bancaires, des déposants exigeant de pouvoir retirer leurs fonds, ce que refusaient les responsables des banques alors que devrait prochainement être détaillé la répartition des pertes du secteur bancaire, estimée à 69 milliards de dollars selon le gouvernement Mikati III, 83 milliards de dollars selon le gouvernement précédent, un chiffre proche de celui du FMI et à 103 milliards de dollars selon certaines agences de notation.

Au total, les 14 premières banques libanaises à elles-seules nécessiteraient une injection de 65 milliards de dollars, bien au-delà des possibilités d’aide économique estimée à 26 milliards de dollars. Aussi, les haircuts sur les eurobonds ou encore sur une partie des obligations libanaises semblent devenir inévitables, en dépit de la hausse des fonds propres sur décision d’une circulaire de la Banque du Liban.

Depuis, si côté libanais, les décisions judiciaires sont pour l’heure bloquées et l’épargne toujours bloqué amenant à des opérations de retraits forcés menés par des déposants en colère, côté international, plusieurs banques libanaises ont été condamnées à verser d’importantes sommes dues à des résidents à l’étranger, notamment en Angleterre ou encore en France. ,

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