Une défiance historique envers les institutions financières
Selon le rapport 2024 du projet Arab Barometer, seulement 7 % des Libanais déclarent avoir une confiance élevée ou très élevée envers leur gouvernement. Ce chiffre place le Liban au dernier rang des pays arabes sondés en matière de confiance institutionnelle. La confiance envers d’autres institutions est également faible : 13 % pour le système judiciaire, 9 % pour le Parlement et 8 % pour le Premier ministre. En revanche, les forces armées libanaises bénéficient d’une confiance relativement élevée, avec 85 % des citoyens exprimant une confiance significative.
Une crise de confiance alimentée par la crise économique
La crise économique persistante depuis 2019, marquée par l’effondrement de la livre libanaise, la perte d’accès aux dépôts bancaires et l’absence de réformes structurelles, a profondément érodé la confiance des citoyens. Le rapport souligne que 76 % des Libanais n’ont pas de compte bancaire en 2024, dont 90 % des jeunes âgés de 18 à 29 ans. De plus, 76 % des citoyens déclarent ne pas avoir d’économies, et seulement 5 % affirment pouvoir couvrir leurs dépenses mensuelles tout en épargnant.arabbarometer.org
Un système bancaire perçu comme opaque et inefficace
L’opacité du système bancaire, l’absence de transparence dans la gestion des fonds publics et le manque de responsabilité des institutions financières ont renforcé la méfiance des citoyens. Le rapport indique que la majorité des Libanais perçoivent la corruption comme largement répandue au sein des institutions nationales. Cette perception est renforcée par l’absence de mesures concrètes pour lutter contre la corruption et améliorer la transparence.
Conséquences sur l’inclusion financière et la stabilité économique
La méfiance envers le système bancaire a des répercussions significatives sur l’inclusion financière et la stabilité économique du pays. L’absence de comptes bancaires pour une large part de la population limite l’accès aux services financiers, entrave la circulation de l’épargne et complique la mise en œuvre de politiques monétaires efficaces. De plus, la faible confiance dans les institutions financières dissuade les investissements étrangers et compromet les efforts de relance économique.
Données institutionnelles
Arab Barometer
Création : 2006
Objectif : mesurer l’opinion publique dans le monde arabe sur des questions politiques, économiques et sociales
Méthodologie : enquêtes représentatives menées dans plusieurs pays arabes, avec des échantillons nationaux
Dernier rapport sur le Liban : 2024, basé sur des données collectées en 2023



