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La dette publique libanaise diminue à 136,8 % du PIB en 2024 contre 181,6 % en 2023

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Une réduction notable du ratio dette/PIB en 2024

En 2024, le ratio de la dette publique brute du Liban par rapport au produit intérieur brut (PIB) a diminué pour atteindre 136,8 %, contre 181,6 % en 2023, selon les estimations de l’European Bank for Reconstruction and Development (EBRD) et de l’Institute of International Finance (IIF). Cette baisse de 44,8 points de pourcentage reflète une combinaison de facteurs, notamment une augmentation du PIB nominal, passée de 24,3 milliards de dollars en 2023 à 32,8 milliards de dollars en 2024, et une réduction relative de la dette en monnaie locale. La dette en devises étrangères, qui constitue la majorité du fardeau, est passée de 177,3 % du PIB en 2023 à 134,5 % en 2024, soit une baisse de 42,8 points, tandis que la dette en livres libanaises (LBP) a reculé de 4,3 % à 2,3 % du PIB, soit une diminution de 2 points. Cette évolution intervient dans un contexte de crise économique persistante, marquée par un défaut sur les Eurobonds depuis mars 2020 et des efforts pour restructurer la dette publique.

Composition de la dette publique

La dette publique brute du Liban se divise en deux composantes principales : la dette en devises étrangères et la dette en monnaie locale. En 2024, la dette en devises, majoritairement libellée en dollars américains, représente 134,5 % du PIB, soit environ 44,1 milliards de dollars sur un PIB nominal de 32,8 milliards de dollars. Cette part a fortement diminué par rapport à 2023, où elle atteignait 177,3 % du PIB, équivalant à environ 43,1 milliards de dollars sur un PIB de 24,3 milliards. La dette en LBP, bien moindre, s’élève à 2,3 % du PIB en 2024, soit environ 754,4 millions de dollars (67,5 trillions de LBP au taux de 89 500 LBP/USD), contre 4,3 % en 2023, soit 1,04 milliard de dollars. Le tableau suivant illustre cette évolution :

AnnéeDette totale/PIB (%)Dette en devises/PIB (%)Dette en LBP/PIB (%)PIB nominal (milliards USD)
2022260,1246,613,524,9
2023181,6177,34,324,3
2024136,8134,52,332,8

La réduction du ratio s’explique principalement par la croissance du PIB nominal, qui a bondi de 35 % en dollars grâce à l’unification du taux de change à 89 500 LBP/USD en 2024, contre un taux moyen parallèle de 85 805 LBP/USD en 2023. Cependant, la dette absolue reste élevée, avec un stock total d’environ 44,9 milliards de dollars en 2024, incluant les arriérés d’intérêts sur les Eurobonds estimés à 9 milliards de dollars depuis le défaut de mars 2020.

Contexte du défaut sur les Eurobonds

Le 7 mars 2020, le gouvernement libanais, alors dirigé par Hassan Diab, a annoncé un défaut sur un Eurobond de 1,2 milliard de dollars arrivant à échéance le 9 mars 2020. Le 23 mars suivant, il a étendu cette suspension aux paiements d’intérêts et de principal sur l’ensemble des Eurobonds, totalisant 31,3 milliards de dollars à l’époque. En février 2025, le ministère des Finances a finalisé un Accord fiscal supplémentaire (SFAA) avec Deutsche Bank, son agent fiscal, suspendant jusqu’au 9 mars 2028 le droit de l’État à invoquer des défenses juridiques liées à la prescription, conformément à la décision du Conseil des ministres du 7 janvier 2025. Cette mesure vise à limiter les risques de poursuites par les détenteurs d’Eurobonds, bien que des litiges restent possibles. Aucun plan de restructuration n’a encore été conclu, en raison des crises financière, économique, politique et sécuritaire qui paralysent le pays depuis 2020.

Facteurs influençant la baisse du ratio

La baisse du ratio dette/PIB en 2024 est largement attribuable à la hausse du PIB nominal, qui a atteint 2 943 trillions de LBP (32,8 milliards de dollars) contre 2 082 trillions de LBP (24,3 milliards de dollars) en 2023. Cette augmentation découle de l’alignement du taux de change officiel sur le taux parallèle à 89 500 LBP/USD, contre 15 000 LBP/USD officiellement en 2023, gonflant mécaniquement la valeur en dollars des activités économiques locales. En termes réels, cependant, le PIB a reculé de 5,7 % en 2024, après une contraction de 1,1 % en 2023, selon l’EBRD, en raison des dommages causés par le conflit Hezbollah-Israël, estimés à 3,4 milliards de dollars pour les infrastructures et à plus de 5 milliards de dollars en pertes économiques.

Sur le plan budgétaire, le déficit fiscal est passé de -0,4 % du PIB en 2023 à -0,6 % en 2024, reflétant une hausse des dépenses liées au conflit et une baisse des recettes publiques. Le solde primaire, positif à 0,7 % du PIB en 2023, a diminué à 0,4 % en 2024, indiquant une légère détérioration des finances publiques. Les revenus fiscaux ont représenté 12,5 % du PIB en 2024 (contre 12,9 % en 2023), tandis que les dépenses ont atteint 13,1 % (contre 13,3 %), selon l’IIF.

Comparaison régionale et internationale

Comparé aux pays de la région sud et est de la Méditerranée (SEMED), le ratio dette/PIB du Liban reste exceptionnellement élevé. L’EBRD prévoit une croissance moyenne de 3,9 % pour les pays SEMED en 2025-2026, contre 2,5 % pour le Liban, soulignant son retard économique. À l’échelle mondiale, des pays en crise comme le Venezuela (dette/PIB estimée à 200 % en 2023) ou la Grèce (161 % en 2023) affichent des ratios élevés, mais le cas libanais se distingue par l’absence de restructuration formelle et une dollarisation quasi totale (99,1 % des dépôts privés en devises en 2024).

Perspectives et défis

La réduction du ratio dette/PIB ne traduit pas une amélioration structurelle, mais un effet comptable lié au PIB nominal. La dette reste insoutenable, et les réserves de change de la BdL, après une hausse à 10,7 milliards de dollars début 2024, ont chuté de 391 millions en octobre, limitant les marges de manœuvre. L’inflation, bien qu’en baisse à 15,4 % en novembre 2024, reste élevée (moyenne de 45,2 % pour l’année), et le défaut sur les Eurobonds continue de peser sur la crédibilité financière du pays, noté « SD » (défaut sélectif) par S&P Global Ratings et « C » par Moody’s.

Données sur les institutions citées

  • Banque du Liban (BdL) : Fondée en 1963, la BdL supervise le système bancaire libanais. En 2024, ses réserves de change ont atteint 10,7 milliards de dollars (début d’année), gérant 94,75 milliards de dollars de dépôts privés fin 2023.
  • European Bank for Reconstruction and Development (EBRD) : Créée en 1991, l’EBRD soutient 40 économies avec 76 actionnaires. En 2024, elle a investi 2,4 milliards d’euros dans 50 projets SEMED, dont 921 millions d’euros au Liban (10 projets, 256 millions d’euros décaissés au 31 janvier 2025).
  • Institute of International Finance (IIF) : Fondé en 1983, l’IIF regroupe plus de 400 institutions financières mondiales. Basé à Washington, il fournit des analyses économiques, dont les estimations du PIB libanais (32,8 milliards de dollars en 2024).
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Newsdesk Libnanews
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