À l’issue du conseil des ministres, le ministre des finances s’est donc exprimé, estimant que le plan présenté par le Liban sera conforme à celui du Fonds Monétaire International, puis à se raviser un peu.

Il s’agit là d’une première étape. En effet, ce n’est jamais le FMI qui adopte ou propose un plan pour un pays, mais ce pays qui signe une lettre d’intention et s’engage sur des points de réformes et au FMI d’accepter ou non ce plan officiellement.

On dirait que les autorités libanaises souhaitent l’argent du beurre sans le beurre. Or, dans ce genre de situation, il faut tout accepter ou sinon, le FMI finira lui-même par refuser, un luxe que le Liban ne possède plus actuellement avec un taux d’endettement public qui dépasse 208% du PIB. Nous nous trouvons donc au-delà du seuil critique.

Mais le principal problème est à trouver dans la suite de ses propos. Déjà dans un précédent épisode, on avait l’impression que Ghazi Wazni, après des débuts prometteurs concernant l’information sur l’état réel des réserves monétaires, se démentait un peu lui-même en ne faisant pas la différence entre réserves monétaires brutes et les réserves utilisables.

Alors que les recettes du FMI incluent généralement dévaluation et certaines mesures de réformes, le ministre semble vouloir donner des pistes, refuser la dévaluation et compter sur toujours les mêmes recettes, celles-là même qui nous ont amené à la crise que nous traversons actuellement:

Cela dépend de la capacité du Liban à améliorer les finances publiques, la dette, la situation du secteur bancaire et les entrées de capitaux qui en découleront.

Peut-être qu’il faudrait indiquer au Ministre des finances qu’il n’y a plus de croissance économique et que le PIB est même passé de 55 milliards de dollars à peut-être 44 milliards de dollars, impactant donc les revenus de l’état et donc creusant encore plus le ratio Dette/PIB au final, que les déposants n’ont plus confiance envers le système bancaire à cause de la faiblesse de l’état et de la décision par les banques d’imposer un contrôle des capitaux et non par les autorités de tutelle et qu’il n’y aura plus d’entrées de capitaux dans le système actuel qu’il semble vouloir protéger à tout prix.

Il faudrait rappeler à notre ministre des finances que c’est justement la surévaluation de la livre libanaise, qui a favorisé le secteur financier en favorisant les entrées de capitaux et donc la dette libanaise, mais qui a durement impacté l’économie libanaise, devenue rentière et non créatrice de richesse et par conséquent même, destructrice d’emplois.

Nous ne pourrons pas sortir le Liban de la crise sans dévaluation, sans restructuration des banques privées, chose aussi que certains responsables politiques souhaitent éviter, en raison d’un conflit d’intérêt, ayant aussi des actions dans ces banques, sans privatisation, non pas immédiate, parce qu’en raison de la crise, cela serait vendre à perte ces entreprises mais dans certains délais, après qu’on puisse rétablir la situation.

Toute réformes économique qui n’inclue pas une restructuration du secteur bancaire, toute réforme monétaire qui n’inclue pas de dévaluation, toute réforme fiscale ou des revenus de l’état qui inclue pas une restructuration des recettes de l’état n’a aucune chance d’améliorer les choses à long terme et ne fera que gaspiller beaucoup de temps, un luxe que le Liban ne possède plus.

Le seul point convergeant probable entre les recommandations du FMI et du plan qui sera présenté par les autorités libanaises concerneront le secteur de production d’électricité public et encore… même s’il constitue un pratiquement une perte pour le budget de 2 milliards de dollars annuellement, une perte aujourd’hui réduite par la baisse du prix du cours du pétrole, cela n’est pas suffisant pour rééquilibrer à lui-tout seul le budget. D’autre part, il y a certaines résistances d’hommes politiques de premier plan qui n’envisagent pas d’abandonner ce fond de commerce qui les entretient depuis tellement d’années avec un mécanisme de contrôle des appels d’offre qui seront lancés par l’institution internationale.

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