Une rencontre diplomatique à forts enjeux
Le 28 avril 2025, le président libanais Joseph Aoun reçoit une délégation du Sénat français au palais présidentiel de Baabda, à Beyrouth. Cette visite, dans un contexte de crises multiples, offre une tribune au chef de l’État pour exposer ses priorités stratégiques. Il met en avant trois axes majeurs : le retrait israélien des « cinq collines » dans le sud du Liban, le monopole de l’État sur les armes et l’accélération des réformes structurelles pour relancer le pays.
Cette rencontre avec la France, partenaire historique du Liban, intervient alors que Beyrouth cherche à consolider son soutien international. Joseph Aoun, ancien commandant de l’armée libanaise, s’appuie sur son expérience militaire pour promouvoir une vision centrée sur la souveraineté et la stabilité.
Le retrait israélien : une condition essentielle
Joseph Aoun insiste sur l’urgence du retrait israélien des « cinq collines », une zone disputée dans le sud du Liban. « Ce retrait est une nécessité pour accélérer le déploiement de l’armée jusqu’à la frontière », déclare-t-il. Il souligne que l’État doit assumer seul la responsabilité de la sécurité frontalière, un principe clé pour garantir la souveraineté nationale.
Ce point s’inscrit dans le cadre des efforts pour stabiliser le sud du Liban, une région marquée par des tensions persistantes. Le président met en avant le rôle de l’armée libanaise, qui doit être la seule force légitime à opérer dans cette zone stratégique.
Le monopole des armes : une décision irrévocable
Le président réaffirme avec fermeté que « le confinement des armes entre les mains de l’État est une décision prise ». Cette déclaration, visant implicitement le Hezbollah, vise à mettre fin à la présence d’arsenaux non étatiques. « Il est inacceptable de revenir à la rhétorique de la guerre », ajoute-t-il, plaidant pour une approche pacifique pour résoudre cette question sensible.
Joseph Aoun insiste sur la nécessité d’un dialogue national pour consolider l’autorité de l’État. Cette position, exprimée face aux sénateurs français, reflète sa volonté de promouvoir l’unité nationale tout en répondant aux attentes de la communauté internationale.
Sécurité frontalière et lutte contre le terrorisme
Joseph Aoun met en lumière les efforts de l’armée libanaise pour sécuriser la frontière nord-est avec la Syrie. « L’armée est déployée et remplit pleinement ses missions », affirme-t-il. Ces missions incluent la lutte contre le terrorisme, la prévention des trafics illégaux et le maintien de la sécurité intérieure.
Il souligne que l’armée joue un rôle clé dans la stabilisation du pays, en empêchant les infiltrations de groupes extrémistes et en luttant contre les réseaux de contrebande. Ces efforts, menés dans un contexte régional complexe, témoignent de la détermination de l’État à reprendre le contrôle de son territoire.
Réformes structurelles : une priorité nationale
Le président qualifie les réformes de « nécessité libanaise avant d’être une exigence internationale ». « Nous avons entamé des réformes indispensables, et elles seront poursuivies », déclare-t-il. Ces réformes visent à redresser les institutions publiques et à restaurer la confiance des citoyens.
La lutte contre la corruption, en particulier, est présentée comme un pilier essentiel. « La lutte contre la corruption est au cœur des réformes, pour servir les citoyens et renforcer l’ordre public », ajoute-t-il. Cette priorité répond aux attentes d’une population épuisée par des années de mauvaise gouvernance.
Coopération libano-syrienne : frontières et réfugiés
Joseph Aoun annonce la création de comités conjoints libano-syriens pour traiter des dossiers pendants. Ces comités se concentreront sur le tracé des frontières terrestres et maritimes, ainsi que sur la situation des réfugiés syriens présents au Liban pour des raisons économiques.
Cette initiative vise à clarifier les relations avec la Syrie et à organiser le retour volontaire des réfugiés. Elle reflète la volonté de renforcer la coopération régionale pour alléger la pression sur les ressources libanaises et promouvoir la stabilité.
Élections municipales : un engagement démocratique
Le président confirme que les élections municipales, prévues pour mai 2025, se tiendront dans les délais. « L’État assurera la sécurité et l’organisation du scrutin, mais le choix des représentants revient aux Libanais », déclare-t-il. Ce scrutin, crucial pour renouveler la classe politique locale, est un test pour la démocratie libanaise.
Joseph Aoun insiste sur le rôle de l’État dans la garantie d’un processus transparent, laissant aux citoyens la liberté de choisir leurs représentants. Cette déclaration répond aux attentes d’une population qui aspire à un renouveau politique.
Restaurer la confiance dans l’État
« Tout ce que nous entreprenons vise à reconstruire l’État et à restaurer la confiance, à l’intérieur comme à l’extérieur », résume Joseph Aoun. Cette ambition passe par une gouvernance transparente, des institutions fonctionnelles et une sécurité renforcée.
La rencontre avec les sénateurs français illustre l’importance des partenariats internationaux pour soutenir les efforts du Liban. Joseph Aoun cherche à positionner son pays comme un acteur fiable, capable de surmonter ses défis internes et régionaux.
Perspectives pour un Liban en transition
La visite des sénateurs français marque un moment clé pour Joseph Aoun, qui cherche à consolider son leadership. Les défis sont immenses : garantir le retrait israélien, désamorcer les tensions autour des armes non étatiques, et mettre en œuvre des réformes structurelles. Sa capacité à fédérer les forces politiques et à traduire ses engagements en actions sera déterminante.
Le Liban, à un tournant historique, attend des résultats concrets. Les mois à venir révéleront si cette rencontre diplomatique ouvre la voie à une nouvelle dynamique pour le pays.