Et d’autres noms suivront probablement dans les prochaines semaines…

Marwan Kheireddine s’est donc fait arrêté en France, à la demande du parquet financier, inculpé et mis en examen pour ensuite être libéré sous caution. Chasseur, connu pour ses safaris en Afrique avec ses proches, le voilà désormais le gibier traqué par la justice.

Cette surprise n’en était en réalité par une, puisque le nom de ce dirigeant figurait en effet dans le cadre des procédures en cours concernant l’Affaire Riad Salamé. Cet état de fait aujourd’hui amène le dernier carré des défenseurs du gouverneur de la BdL dans un profond désarroi, eux qui prétendent toujours que le dossier est vide. Son arrestation est un démenti le plus cinglant qui démontre que cela est loin d’en être le cas.

Certains évoqueront à coup sûr un bouc émissaire comme ils ont l’habitude de le faire pour défendre l’indéfendable et pourtant le profil de l’homme en question est plus que troublant au regard d’un historique ou plutôt d’un passif plutôt lourd et un nom déjà bien présent notamment dans les fameuses Pandora Papiers.

Le nom de Marwan Kheireddine, était déjà connu depuis longtemps notamment dans le cadre de l’affaire de l’hippodrome romain de Wadi Abou Jamil que ce dernier souhaitait voir en parti détruit afin de pouvoir construire des parkings pour son fameux projet immobilier.

Il aurait ainsi mis en place deux sociétés offshore dans les îles Vierges britanniques, l’une appelée Oakwood International Holdings Limited avec sa mère et son frère, après avoir écarté le dirigeant précédent de cette société Jitendra Manikal Kaul qui avait été impliqué dans les Panama Leaks de 2016 révélées par le site libanais Al Daraj.

Jitendra Manikal Kaul aurait ainsi eu des liens avec un des plus grands trafiquants de drogue du sous-continent indien.

L’autre société, Driftwood Limited, aurait permis à Marwan Kheireddine de transférer des fonds en provenance du Liban en avril 2019, soit avant la crise de novembre 2019. Il aurait ensuite utilisé ces fonds pour acheter un yacht pour son usage personnel.

Parmi les nouveaux faits qui lui seraient reprochés par la justice française, le fait que les 15 millions de dollars déposés auprès de la Bank Al Mawarid se seraient transformés en plus de 150 millions de dollars, transférés fin 2019 à l’étranger alors que la crise financière apparaissait ici au Liban. Des accusations qui reposent donc sur de possibles conflits d’intérêts entre banque centrale et banque Al Mawarid, sur des possibles détournements de fonds et sur un délit d’initié.

Se sachant déjà ciblé par la justice internationale, Marwan Kheireddine sera pourtant candidat soutenu par le président de la chambre des députés Nabih Berri lors des dernières législatives au siège Druze de la circonscription de Hasbaya mais avec l’opposition de Walid Joumblatt, en quête probablement d’une immunité au Liban même, immunité qu’il n’obtiendra pas finalement pas.

Pourtant en dépit des accusations déjà connues depuis un certain temps, la Bank Al Mawarid ou AM Bank continuait pourtant de bénéficier des largesses de Riad Salamé puisqu’elle avait même pu bénéficier de pouvoir vendre les dollars de la Banque du Liban, alors que les autres établissements libanais refusaient, selon une déclaration même du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé en date du 22 décembre 2022, soulignant les liens étroits entre les deux hommes.

Si le gouverneur Riad Salamé ne se ferait plus aucune illusion concernant une prochaine mise en examen en France, lui-même l’aurait admis devant ses proches, toujours de source médiatique, c’est désormais une grande partie de l’establishment financier, cette partie du deepstate, local qui a bénéficié au détriment de la population des largesses des autorités monétaires, qui tremble sur ses bases.

D’autres établissements bancaires libanais font l’objet d’accusations similaires. Ce n’est donc que le sommet de l’Iceberg.

Déjà d’autres noms de personnalités du secteur financier privé et non des moindres, indiquent plusieurs sources médiatiques, circulent en effet… tous liés aux accusations de détournement de fonds qui font l’objet d’une procédure judiciaire en Europe, faute que la justice libanaise ait pu librement enquêter depuis 3 ans.

Le plus malheureux est de constater que faute d’une justice libanaise apte à les juger en raison des ingérences politiques ou encore des pressions comme celles liées au menaces de grève de l’Association des Banques du Liban, faute de détricotage de ce système de deepstate et notamment de la restructuration nécessaire du système bancaire libanais face à une crise financière d’une ampleur considérable, de cette mafia qui a abusé des libanais pendant des décennies, les victimes lésées par les agissements de ces personnes doivent s’en remettre à une justice étrangère…

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