Le Palais Présidentiel de Baabda. Source Photo: Facebook
Le Palais Présidentiel de Baabda. Source Photo: Facebook

Alors que le scrutin visant à élire un nouveau président de la république devrait s’ouvrir fin octobre, les manoeuvres des partis politiques se poursuivent avec un avantage donné désormais à la coalition Amal/Hezbollah rejoint par le Parti socialiste Progressiste. Ainsi, le dirigeant du PSP, Walid Joumblatt – proche de Nabih Berri en dépit d’une âpre bataille électorale lors des législatives et son alliance avec les Forces Libanaises sous les auspices saoudiennes – aurait décidé d’ouvrir le dialogue avec le Hezbollah. Il motive cette décision par le fait de vouloir se placer parmi les partis gagnants, allusion justement au fait que l’opposition n’a pour l’heure pas pu remporter une seule victoire au sein du parlement. Cette décision de Walid Joumblatt a amené en urgence au déplacement de l’ambassadrice américaine au Liban Dorothy Shea au domicile de ce dernier à Clémenceau afin d’aborder ce dossier.

Cependant, si en effet la coalition gouvernementale garde une majorité relative même si elle a perdu la majorité absolue, les objectifs de cette alliance pourraient cependant être contrecarrés par le positionnement politique du Courant Patriotique Libre dont l’opposition à la fois désormais à Nabih Berri – le torchon brule entre Gébran Bassil et celui-ci – et le PSP pourrait amener à envisager un rapprochement avec les autres partis chrétiens comme cela fut le cas en 2016. Ce facteur avait ainsi permis l’élection du général Michel Aoun à la Présidence de la République. Le CPL s’est en effet dissocié à plusieurs reprises notamment lors de l’élection du président de la chambre ou encore la nomination d’un nouveau gouvernement Mikati. Il pourrait ainsi continuer sur cette lancée.

Côté opposition, les forces libanaises tentent le rapprochement avec les députés indépendants sans, pour l’heure, un quelconque résultat, afin de coordonner leurs actions. Cette méthode avait déjà été tentée lors de l’élection du président de la chambre, puis du vice-président et des chefs des commissions et ont toutes échouées pour l’heure.

Le principal souci des coalitions concerne la composition politique du parlement issu des dernières élections législatives. Force est à constater que l’éclatement des votes et l’absence de majorité claire amenait de facto à de nombreuses incertitudes qui devront se refléter lors du scrutin présidentiel.

Et des candidatures pour l’heure encore un peu floues

Parmi les autres parties prenantes, le patriarcat maronite aurait fait circuler une liste de 3 noms de possibles prochains locataires du Palais de Baabda. Figurent sur cette liste, Jihad Azour, ancien ministre des finances du gouvernement Saniora I et II et actuel responsable du FMI pour le Moyen Orient, Ziad Baroud, ancien ministre de l’intérieur et Roger Dib qui représentait les Forces Libanaises dans le premier gouvernement à l’issue de la guerre civile.

Cependant, pour l’heure, ces 3 candidats n’auraient pas officialisé leurs candidature contrairement à un autre candidat, en dépit des affaires judiciaires qui le touche, le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé qui aurait fait savoir souhaiter obtenir Baabda. Déjà en 2007, il avait ainsi annoncé sa candidature devant les membres de l’Association des Banques du Liban, comme le décrit bien une dépêche publiée par Wikileaks selon une note de l’ancien ambassadeur américain au Liban Jeffrey Feltman.

Si Sleiman Franjieh se serait également déclaré candidat auprès du Hezbollah, il n’en demeure pas moins que son positionnement politique parait aujourd’hui affaibli par son échec électoral à Zorghta. Si son fils avait réussi à se faire élire d’une courte majorité, les autres partis soutenus par lui ont échoué.

Toujours côté coalition gouvernementale, le cavalier seul de Gébran Bassil confronté à la dégradation économique semble pour l’heure l’écarter de la course comme lui-même le reconnait, écartant toute candidature.

Côté opposition, aucun nom ne circule pour l’heure, même celle de Samir Geagea, qui rappelons le, est amnistié et non pas blanchi des accusations qui l’ont amené de nombreuses années en prison.

Mais pour l’heure, la principale incertitude concerne encore la date du scrutin

Si le parlement est convoqué par le président de la chambre en vue d’élire un nouveau président, il se transforme techniquement en collège électoral et ne pourra plus procéder à l’adoption de nouveaux textes législatifs. C’est avec ce prétexte que le président de la chambre Nabih Berri a indiqué qu’il ne convoquera les députés qu’après l’adoption d’un certain nombre de lois liées aux réformes demandées par le FMI face à la crise économique que traverse le Pays des Cèdres.

Puis, faute d’un président élu lors d’un premier scrutin à titre symbolique, il pourrait également bien sursoir tout nouveau vote à un accord entre les différents partis comme cela fut le cas lors des précédentes élections à l’occasion desquelles le vide à Baabda s’est prolongée de quelques mois, voire même de quelques années, un délai très peu compatible avec la situation économique de crise actuelle et qui pourrait amener à des risques de déstabilisation supplémentaires sur le plan sécuritaire notamment.

Pour l’heure, cette élection est donc improbable en raison de l’absence de tout accord sur la personne qui pourrait jouer le rôle de président. Cependant, un débat pourrait apparaitre concernant l’attribution des prérogatives présidentielles en cas de vide, avec l’absence d’un gouvernement fonctionnel et un gouvernement toujours démissionnaire. Il se pourrait que ce débat amène à ce que le président de la chambre prochain dans l’ordre protocolaire puisse jouir des prérogatives présidentielles. Dans ce cas de figure, Nabih Berri pourrait alors encore prolonger son plaisir de contrôler une partie majeur des rouages de l’état.

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