Près d’un an après la fin du conflit dévastateur de 2023-2024 entre Israël et le Liban, les tensions restent vives au sud du pays. Bien que le délai de retrait des troupes israéliennes ait expiré, ces dernières continuent d’occuper des zones frontalières, notamment autour de Houla, Kfarkela et Hanin. Malgré cette présence, les habitants des villages libanais ont entamé un retour massif sur leurs terres, dans un geste de défi qui pourrait forcer Israël à revoir sa stratégie.
Les retours sous la menace militaire israélienne
Depuis le début de cette semaine, des centaines de familles libanaises ont entrepris de regagner leurs villages frontaliers, abandonnés après les hostilités de 2023-2024. Ces retours se déroulent sous la surveillance constante de drones israéliens, témoins silencieux d’une situation toujours explosive. Les villages de Houla, Kfarkela et Hanin sont au cœur de ces tensions, où des affrontements sporadiques ont déjà coûté la vie à plusieurs civils.
Un incident particulièrement tragique s’est produit à Houla. Selon le ministère libanais de la Santé, un citoyen a été tué et 17 autres blessés lorsque des soldats israéliens ont ouvert le feu sur un groupe de civils qui tentaient de réintégrer leurs maisons. Parmi les blessés, neuf personnes se trouvaient à Houla et huit à Kfarkela, où les tirs israéliens ont également ciblé des véhicules transportant des familles.
Une résistance civile qui met Israël sous pression
Ces retours s’inscrivent dans une dynamique de résistance civile qui semble prendre de l’ampleur. Le quotidien israélien Maariv a noté avec inquiétude que, malgré l’absence de retrait des forces israéliennes, les habitants du sud du Liban reviennent massivement dans leurs villages frontaliers. Ce mouvement inattendu exerce une pression morale et politique croissante sur Israël, qui doit justifier sa présence prolongée dans des zones où vivent à nouveau des civils.
Pour les Libanais, ces retours représentent bien plus qu’un simple déplacement géographique : ils incarnent une volonté collective de revendiquer leurs droits et leur souveraineté. « Mon fils est tombé en martyr, mais son sacrifice nous permet de récupérer nos terres », a déclaré la mère d’une victime des affrontements récents à Houla, exprimant un sentiment partagé par de nombreux habitants.
Héritage du conflit de 2023-2024 : une région encore en ruines
Le conflit de 2023-2024, déclenché par une escalade de tensions entre Israël et le Hezbollah, a laissé une empreinte profonde au sud du Liban. Les bombardements israéliens ont détruit des infrastructures vitales, tandis que les échanges de tirs ont provoqué des déplacements massifs de populations. La région est encore marquée par les cicatrices de la guerre, avec des villages partiellement détruits et des routes impraticables.
Malgré cela, les habitants reviennent, souvent dans des conditions précaires. L’électricité, l’eau et les services de santé restent insuffisants pour répondre aux besoins des familles qui tentent de reconstruire leurs vies. La présence continue de l’armée israélienne complique également les efforts de reconstruction, transformant ces villages en zones militarisées où les tensions sont palpables.
Les défis humanitaires et politiques
La situation au sud du Liban pose des défis majeurs, tant sur le plan humanitaire que politique. La résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée après la guerre de 2006, exige le retrait total des troupes israéliennes du territoire libanais. Pourtant, Israël justifie sa présence en invoquant des préoccupations sécuritaires liées à la proximité du Hezbollah. Cette position est fermement rejetée par le Liban, qui accuse Israël de violer sa souveraineté nationale.
Sur le terrain, la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) peine à jouer un rôle efficace. Bien qu’elle soit déployée dans la région, elle n’a pas réussi à empêcher les affrontements récents ni à garantir un retour sûr pour les civils. Des organisations humanitaires locales et internationales appellent à une intervention plus active pour protéger les habitants et accélérer la reconstruction.
Israël face à une pression internationale croissante
Le retour des habitants libanais dans leurs villages place Israël dans une position délicate. En refusant de se retirer, l’État hébreu s’expose à des critiques croissantes de la communauté internationale. Les tirs sur des civils non armés, comme ceux rapportés à Houla, Kfarkela et Hanin, risquent d’aggraver les tensions et de ternir davantage l’image d’Israël sur la scène mondiale.
En parallèle, les leaders libanais appellent à une solidarité nationale pour soutenir les habitants du sud. Le président libanais a déclaré que ces retours étaient un « symbole de la résilience du peuple libanais » et a exhorté la communauté internationale à intervenir pour mettre fin à l’occupation israélienne.
Une région à un tournant décisif
Le sud du Liban se trouve à un moment critique. Les retours massifs des habitants pourraient marquer un tournant dans le conflit israélo-libanais en forçant Israël à reconsidérer sa stratégie d’occupation. Toutefois, le prix humain de cette résistance est déjà élevé, et les violences récentes montrent que la situation reste hautement volatile.
Alors que les familles tentent de reconstruire leurs vies dans des conditions précaires, la communauté internationale est appelée à intensifier ses efforts pour trouver une solution durable à ce conflit. Pour l’instant, le retour des habitants dans leurs villages est un acte de défi qui résonne comme un appel à la justice et à la paix dans une région marquée par des décennies de guerre.