” Une politique vivante et prévoyante veut qu’on regarde davantage encore l’aspect moral d’une nation. Le progrès matériel est fait pour les hommes ; si les hommes perdent de leur qualité, le reste est perdu avec eux. Nous disons donc qu’il nous faut des hommes. Or ce pays est moralement atteint dans ses institutions politiques, dans sa presse, dans les formes représentatives de son opinion publique… Et ces questions capitales sont noyées dans l’agitation et le bruit des petites combinaisons politiques et des affaires qui rapportent. Il en résulte un déficit certain dans le patrimoine moral de ce pays, dans les forces du cœur et de l’intelligence, qui sont notre seule garantie en face d’une série connues de graves dangers extérieurs.”
Michel Chiha, le 21 août 1949. 

La mentalité libanaise dite traditionnelle va faire du merveilleux pays des Cèdres un espace d’affaires irrespirable, d’un État indépendant un point géographique soumis à des dépendances locales et régionales, du pouvoir de milliers de “responsables” l’autorité indiscutable sur toute autre personne, de la bonne action un négoce profitable, du bénéfice un signe d’intelligence accomplie, de la fonction un faisceau générationnel de privilèges, de l’erreur un déni immuable, de la différence de vue un affront, du suivisme une sagesse, de l’évolution personnelle une étrange marque d’originalité, du faire face une horreur à contourner, de la garantie matérielle la seule sécurité reconnue, de la souffrance humaine un élément singulier, de la citoyenneté une opinion utopique, de l’échec à la tâche une équation impossible, de la responsabilité un objectif secondaire et du suivisme une réussite !! 

Ainsi s’est construit au cours d’une centaine d’années un système de gouvernance rarement dûment représentatif d’une république.

Là où le libanais a mis du sien pour faire perdurer de fausses normes au gré de ses cloisonnements rigides et des appartenances confortantes, afin que la culture du provisoire perdure, et ce, au détriment de devoir apprendre à grandir par soi-même afin de composer pour les besoins de sa nation.

Cela résonne encore comme une étape  balbutiante. Là où chacun parmi nous devrait assumer une fois pour toute cette part d’adulte indépendante et devenir entièrement responsable de sa pensée et de ses actes ! Notre mouvement révolutionnaire est un tournant époustouflant.

Néanmoins, ce début de parcours, franc et courageux, reste incomplet tant que le cheminement intérieur du libanais n’a pas encore tranché son nœud gordien et ne s’est pas libéré de ses dépendances néfastes. Il s’agit désormais de ne pas seulement tourner la page des mauvais responsables mais de passer à la prise en charge adéquate de nos rapports, de nos droits et de nos obligations, en tout temps et en tout lieu. 

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