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Une plainte collective a été déposée le 16 avril 2024 devant le tribunal de district des États-Unis pour le district du New Jersey, marquant une étape importante dans la lutte contre les pratiques présumées frauduleuses de plusieurs banques libanaises, de leurs auditeurs et de la Banque du Liban (BDL). Cette action judiciaire, intitulée “Karim P. Najjar contre Riad Salameh et al.”, révèle un tableau complexe d’actions et de conspirations présumées destinées à tromper les déposants, en particulier ceux issus de la diaspora libanaise. Le document de 42 pages détaille les accusations selon lesquelles les défendeurs auraient orchestré un système pour manipuler et falsifier la santé financière du système bancaire libanais pour attirer et retenir des dépôts en dollars américains, tout en offrant des taux d’intérêt irréalistes pour maintenir une apparence de stabilité.

Le Liban, un pays riche d’une histoire culturelle et artistique profonde, se trouve à une intersection géopolitique cruciale au Moyen-Orient, notent les auteurs de la plainte. Historiquement reconnu pour sa diversité religieuse et sa stabilité bancaire durant les périodes de prospérité, le pays a été gravement affecté par des décennies de conflits et d’occupations étrangères, et plus récemment par une crise économique sévère débutant vers 2015. Cette crise s’est aggravée avec la diminution des envois de fonds de la diaspora libanaise, essentiels au maintien de l’équilibre économique du pays.

La Plainte et les Accusations

La plainte expose en détail comment, face à une diminution des liquidités en dollars et une dette publique croissante, les banques libanaises et la BDL ont mis en place dès 2016 des stratégies pour augmenter les dépôts en dollars via des offres de taux d’intérêt élevés, bien au-dessus des normes internationales. Ces offres étaient, selon la plainte, une façade pour un système frauduleux qui a finalement implosé, laissant les déposants sans accès à leurs fonds. Les banques et leurs auditeurs sont accusés d’avoir falsifié les bilans et d’avoir masqué la précarité de la situation, menant à un effondrement du système une fois les nouveaux dépôts insuffisants pour soutenir le modèle économique artificiellement gonflé.

Implications Juridiques et Répercussions

Les implications de cette affaire sont vastes, englobant des violations présumées de diverses lois fédérales américaines, y compris les lois sur les organisations influencées par le racket et la corruption (RICO). La plainte argue que les actions des banques et de la BDL constituent une fraude élaborée et une conspiration pour détourner légalement des fonds, notamment par le biais de la “financial engineering”. Cette stratégie impliquait de promouvoir activement les dépôts en dollars au moyen de communications directes avec les déposants américains, utilisant des canaux comme WhatsApp et le courrier électronique pour les sollicitations.

Le texte de la plainte

NAJJAR-v.-SALAMEH-et-al

Le rapport publié en 2020 par la Foundation for Defense of Democracies et intitulé Crisis in Lebanon, Anatomy of a financial Collapse estime toutes les banques libanaises étudiées comme étant insolvables. Elles sont également menacées par des procédures judiciaires, accusées de blanchiment d’argent et en raison du lien de certains établissements avec le Hezbollah aux USA.

• Bank Audi S.A.L.
• Bank of Beirut S.A.L.
• Bank of Beirut and the Arab Countries S.A.L.
• Bankmed S.A.L.
• Banque Libano-Française S.A.L.
• BLOM Bank S.A.L.
• Byblos Bank S.A.L.
• Crédit Libanais S.A.L.
• Fenicia Bank S.A.L.
• Fransabank S.A.L.
• IBL Bank S.A.L.
• Lebanon and Gulf Bank S.A.L.
• MEAB Bank S.A.L.
• Société Générale de Banque au Liban S.A.L.

Parmi les banques citées:

Au total, les 14 banques prises en compte nécessiteraient un apport de 67 milliards de dollars, ce qui est bien éloigné des sommes maximales que le Liban pourrait obtenir dans le cadre d’une aide internationale, soit 26 milliards de dollars (15 milliards de dollars de prêts via le FMI et 11 milliards de dollars via CEDRE à condition de mettre en place les réformes économiques, monétaires et financières nécessaires pour les débloquer).

Selon les calculs effectués par un expert étranger, tous les établissements nécessiteraient des injections massives de fonds, allant jusqu’à 11.9 milliards de dollars pour la BLOM seulement, suivie de 11 milliards de dollars pour la Banque Audi, des sommes aujourd’hui impossibles à trouver au Liban même. Le risque de faillite ou encore de shutdown complet est donc présent pour ces établissements avec d’importantes pertes pour les actionnaires actuels.

Ils ne pourraient survivre qu’à condition de fusionner ou encore de procéder à des haircuts sur les dépôts.

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