Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Source Photo: Wikipedia
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Source Photo: Wikipedia

Alors que le mandat de la FINUL devrait être renouvelé en août, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a plaidé pour une force plus agile et plus mobile.

Dans un rapport remis au conseil de sécurité de l’ONU le 1er juin, a rappelé qu’à l’exception d’incidents isolés, la situation le long de la ligne bleue est restée calme depuis 2006.

La FINUL est également intervenue pour “éviter tout malentendu”, notamment lors de la construction en 2019 d’un mur au niveau d’une zone revendiquée par le Liban.

Pour l’heure, “la configuration actuelle de la FINUL repose sur un modèle de saturation, avec la plus grande densité de soldats et de matériel majeur parmi toutes les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. La densité des troupes et l’intensité des patrouilles se sont avérées essentielles pour ce qui est de sa capacité de dissuader, de réduire, de prévenir et de désamorcer les conflits, le cas échéant. La concentration élevée de soldats dans une zone d’opérations relativement petite et le rythme intense des opérations de la mission, qui mène quelque 400 activités opérationnelles par jour, jouent un rôle de dissuasion important.”

Des difficultés pour maintenir la paix

Cependant, le secrétaire général de l’ONU souligne que des difficultés sur le plan de l’exécution du mandat sont apparues et note les difficultés faites à l’Armée Libanaise à se déployer dans le Sud du Liban. En cause, ses interventions sur l’ensemble du territoire et notamment à Aarsal, les manifestations ou encore le manque d’infrastructures induites par les contraintes budgétaires.

Par ailleurs, le rapport note que l’existence d’armes illégales complique la mission de la FINUL.

“Si les causes profondes du conflit et la dynamique entre les parties n’ont pas radicalement changé depuis 2006, la FINUL se heurte à de nouveaux problèmes quant à la façon dont elle peut mener ses opérations. Elle a réussi à maintenir la cessation des hostilités, mais les deux parties ont des obligations dont elles ne se sont pas acquittées, au terme des dispositions de la résolution 1701 (2006). Le fait que le Hezbollah et d’autres groups détiennent des armes échappant au contrôle de l’État libanais entrave sévèrement la capacité de ce dernier d’exercer pleinement sa souveraineté et son autorité sur l’étendue de son territoire. Aucun progrès n’a été accompli sur le plan politique pour ce qui est de l’instauration d’un cessez-le-feu permanent ou de la démarcation de la frontière terrestre ou maritime entre le Liban et Israël. Les parties ne sont toujours pas disposées à avoir des contacts, hormis au niveau tactique (dans le cadre du forum tripartite). La démarcation de la Ligne bleue piétine depuis 2017, alors que les pourparlers visant à régler la question des 13 zones faisant l’objet de réserves de la part du Liban n’ont pas encore repris dans le cadre du forum tripartite. En maintenant la stabilité, la FINUL a concouru à la création de conditions propices à un processus politique – qui dépasse le cadre de son mandat – mais tout progrès véritable en direction d’un cessez-le-feu permanent semble hors de portée.
Le déploiement de l’Armée libanaise dans le sud du Liban progresse lentement depuis l’établissement d’un dialogue stratégique avec la FINUL en 2010. L’engagement de l’Armée libanaise le long des frontières septentrionale et orientale du Liban, destiné à contenir tout débordement du conflit qui a lieu en République arabe syrienne depuis 2011, a retardé le déploiement des soldats dans le sud du pays. Ce déploiement a même été freiné lorsque des unités de l’Armée libanaise affectées à la zone d’opérations de la FINUL ont été redéployées en août 2014 pour contrer la menace que représentait l’occupation d’Ersal dans le nord-est du Liban par des groupes extrémistes inscrits sur la Liste des entités terroristes du Conseil de sécurité.”

Antonio Guterres souligne que le nombre d’incidents entravant la liberté de mouvement de la FINUL sont croissant.

Des habitants clôturent parfois de nouvelles zones à des fins agricoles, ce qui empêche la FINUL de se rendre dans des espaces publics accessibles par le passé, dont ceux proches de la Ligne bleue. Les habitants s’opposent également parfois à l’entrée des patrouilles dans leurs villages, au motif que l’utilisation de véhicules lourds dans des rues étroites est gênante et endommage les voies publiques et les infrastructures. Dans d’autres cas, la population entrave le passage des patrouilles de la FINUL si elles ne sont pas accompagnées par l’Armée libanaise. Il est évident que la coopération entre la FINUL et l’Armée libanaise est fondamentale pour le succès des opérations de la Force et pour la sécurité et la sûreté des Casques bleus des Nations Unies. Dans le même temps, la capacité de la mission de mener des patrouilles et des activités en toute indépendance doit continuer d’être une priorité, conformément au mandat de la FINUL.

Aussi le secrétaire général de l’ONU regrette que la FINUL n’ait pas eu accès à certains sites, comme “l’usine de ciment de Kfar Kila qui s’est révélée être connectée à un des tunnels traversant la Ligne bleue découvert par les Forces de défense israéliennes, ainsi que le site d’un tir de missile le 1er septembre 2019 contre un véhicule israélien, revendiqué par le Hezbollah“.

Les violations israéliennes également au banc des accusés

Par ailleurs Antonio Guterres note la poursuite des violations israéliennes de la souveraineté du Liban.

Il cite notamment le cas du village de Ghajjar ou encore les survols par l’aviation israélienne du territoire libanais en violation de la résolution 1701 du Conseil de Sécurité de l’ONU.

La FINUL soulève régulièrement et consigne ces atteintes à la souveraineté du Liban et à la résolution 1701 (2006) durant les réunions tripartites avec les parties, dans les rapports présentés par le Secrétaire général au Conseil de sécurité sur l’application de la résolution 1701 (2006) et dans les lettres qu’elle adresse aux Forces de défense israéliennes. Le Gouvernement libanais continue de souligner que les violations se produisent non seulement dans le sud mais également sur l’ensemble du territoire libanais. Il affirme également que la FINUL devrait obtenir la cessation de ces violations ; le fait qu’Israël poursuit ses violations renforce le compromet la crédibilité de la mission. Par conséquent, obtenir d’Israël qu’il cesse ses survols et ses violations de l’espace aérien fait partie des principales difficultés auxquelles se heurte la FINUL.

Antonio Guterres rappelle que l’aviation continue à utiliser le territoire libanais pour mener des attaques aériennes contre la Syrie.

Cette dynamique, pourtant extérieure à la zone d’opérations de la FINUL et dépassant le mandat de la Force, fait néanmoins peser la plus grande menace sur la cessation des hostilités entre Israël et le Liban.

Le secrétaire général plaide pour “une plus grande efficience de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban”

Selon Antonio Guterres, si le dispositif actuel a empêché la reprise des hostilités, la présence d’un nombre important de casques bleus a entrainé un certain nombre de contentieux avec les habitants du Sud du Liban.

Il indique ainsi que “les véhicules blindés de transport de troupe standards ne conviennent pas tout à fait à des secteurs congestionnés, à des ruelles étroites et à un terrain montagneux. Il faudrait des véhicules plus petits comme les véhicules tactiques légers à haute mobilité tels que définis par le Groupe de travail de 2020 sur le matériel appartenant aux contingents, qui sont plus adaptés. Les pays concernés fournisseurs de contingents seront encouragés à déployer des véhicules de combat plus petits tels que les véhicules tactiques légers à haute mobilité et les véhicules de reconnaissance dans les lieux appropriés, en tenant compte des questions de sécurité. La structure des bataillons d’infanterie doit également être adaptée aux différents terrains dans la zone d’opérations de la FINUL. Certains bataillons, compte tenu des exigences opérationnelles et de la proximité à la Ligne bleue, devront remplacer jusqu’à 50 % de leurs véhicules blindés de transport de troupe par des véhicules tactiques légers à haute mobilité.”

Il s’agira également de rendre le dispositif de la FINUL plus adapté, plus agile et plus mobile avec un remplacement de l’artillerie lourde avec des fonctions de reconnaissance notamment des drones.

Le secrétaire général de l’ONU indique que certaines positions de la FINUL sont trop rapprochées ou encore ont une visibilité réduite du fait de la construction par Israël de murs. Il préconise donc la fermeture de ces positions.

L’utilisation de nouvelles technologies, drones, caméras thermiques, systèmes de contrôles est également préconisé.

Au niveau Force navale, Antonio Guterres appelle au renforcement de la capacité de l’Armée Libanaise.

Pour rappel, Tel Aviv et Washington demandent une modification du mandat de la FINUL afin de lui permettre de perquisitionner notamment les propriétés privées sans l’accord préalable des autorités libanaises.

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