dimanche, avril 27, 2025

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Iftar à Baabda : Joseph Aoun appelle à l’unité nationale

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Hier, le 20 mars 2025, le palais de Baabda a été le théâtre d’une journée marquante avec une réunion trilatérale suivie d’un iftar traditionnel organisé par le président de la République, le général Joseph Aoun. La rencontre a réuni le président Aoun, le président du Parlement, Nabih Berri, et le président du Conseil des ministres, Nawaf Salam, avant que ne débute une réception rassemblissant un large éventail de personnalités politiques, religieuses et diplomatiques. Cet événement, inscrit dans le cadre du mois de Ramadan, a ravivé une coutume annuelle interrompue pendant des années par les crises et le vide présidentiel au Liban.

La réunion trilatérale, tenue peu avant l’iftar, a porté sur les défis actuels du pays. Selon l’Agence nationale d’information (NNA) le 20 mars 2025, les discussions ont abordé la situation dans le sud du Liban, ainsi que les tensions aux frontières orientales et nord-orientales avec la Syrie. L’objectif était de coordonner les efforts pour rétablir le calme et la stabilité dans ces zones sensibles, alors que le Liban fait face à des pressions internes et externes. Bien que les détails précis des échanges n’aient pas été divulgués, cette rencontre a souligné la volonté des trois leaders de travailler ensemble pour répondre aux préoccupations sécuritaires et politiques du moment.

L’iftar qui a suivi, organisé dans la salle du 25 mai au palais de Baabda, a rassemblé une foule impressionnante de participants, reflétant la diversité du Liban. Parmi les invités figuraient des anciens présidents du Conseil des ministres – Najib Mikati, Fouad Siniora, Tammam Salam et Hassan Diab –, des ministres, des députés, des chefs de partis politiques, ainsi que des représentants des principales confessions religieuses. Du côté chrétien, étaient présents le patriarche maronite, le cardinal Béchara Boutros Raï, le patriarche grec-catholique Joseph Absi, le patriarche grec-orthodoxe Jean X Yazigi, le patriarche arménien catholique Raphaël Bedros XXI Minassian, le catholicos arménien orthodoxe Aram Ier Keshishian, ainsi que des chefs des Églises syriaque, chaldéenne, copte et évangélique. Du côté musulman, le mufti de la République, cheikh Abdel Latif Derian, le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Ali Khatib, le cheikh Aql druze Sami Abi el-Mouna, et le président du Conseil alaouite, cheikh Ali Qaddour, ont assisté à l’événement.

Des diplomates, dont le nonce apostolique Mgr Paolo Borgia, des ambassadeurs arabes et islamiques, le doyen du corps consulaire Joseph Habis, ainsi que des responsables judiciaires, militaires, administratifs et syndicaux, ont également pris part à la réception. Avant de rejoindre la table de l’iftar, un groupe de participants, conduit par le mufti Derian, s’est rendu au salon des ambassadeurs du palais pour accomplir la prière, dans un moment symbolique de communion spirituelle.

Au cours de l’iftar, le président Joseph Aoun a prononcé un discours empreint de cœur et de symbolisme, mettant l’unité nationale au centre de son message. « La légitimité de toute autorité au Liban, en tant qu’entité, patrie et État, réside dans le fait d’être ensemble », a-t-il déclaré, selon le texte intégral diffusé par la présidence le 20 mars 2025. Il a poursuivi : « Vivre ensemble, prier ensemble, jeûner et rompre le jeûne ensemble, résister et triompher ensemble. Que notre unité soit notre antidote pour effacer la tristesse d’un moment et éterniser la joie de chaque instant. » Pour lui, son rôle de « symbole de l’unité nationale », tel que défini par la Constitution, implique de rassembler tous les Libanais sous le toit de l’État et du Pacte national.

Joseph Aoun a lié cette unité à des aspirations concrètes : la libération des territoires occupés, le retour des prisonniers, la reconstruction des infrastructures détruites et la garantie des droits de tous. « Par notre unité, nous retrouvons nos droits, libérons nos terres, assurons la prospérité de notre peuple et l’indépendance de notre pays », a-t-il affirmé, insistant sur la capacité de cette solidarité à permettre au Liban de surmonter les crises et de panser ses blessures. Il a conclu en soulignant la coïncidence du Carême chrétien et du Ramadan musulman comme un rappel spirituel de l’unité du peuple : « Le jeûne chrétien prépare la résurrection, et le hadith promet que Ramadan ouvre les portes du paradis. »

Cet iftar marque le retour d’une tradition qui avait été suspendue pendant plusieurs années en raison des bouleversements qui ont frappé le Liban. La crise économique, débutée en 2019, a plongé le pays dans une spirale de pauvreté, avec une dévaluation massive de la livre libanaise et une inflation galopante. Selon un rapport de la Banque mondiale publié en décembre 2024, plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, un chiffre qui reflète la gravité de la situation. À cela s’est ajouté un vide présidentiel de plus de deux ans, qui a pris fin avec l’élection de Joseph Aoun le 9 janvier 2025, après une période de paralysie institutionnelle.

Le contexte sécuritaire reste tout aussi préoccupant. Dans le sud, la mise en œuvre de la résolution 1701 des Nations unies, qui exige un cessez-le-feu total depuis le 27 novembre 2024, est compromise par des violations israéliennes persistantes. Un communiqué du ministère libanais de la Défense, daté du 4 janvier 2025, a signalé des incursions et des bombardements, rendant difficile la mission de l’armée libanaise et de la FINUL. À l’est et au nord-est, la frontière avec la Syrie est devenue un point de tension majeur. Le 17 mars 2025, des affrontements dans la région de Hermel ont opposé des groupes locaux à des forces syriennes affiliées à Hayat Tahrir al-Cham (HTC), qui a pris le pouvoir à Damas en décembre 2024. Un communiqué de l’armée libanaise, publié sur son site officiel le 17 mars, a confirmé des tirs transfrontaliers, suivis d’une réponse militaire.

L’élection de Joseph Aoun, ancien commandant en chef de l’armée, a été perçue comme un espoir de stabilisation. Fort de son expérience à la tête des forces armées durant des années de crises, il a pris ses fonctions il y a 70 jours avec la promesse de restaurer la légitimité des institutions. Dans son discours, il a fait référence au président Fouad Chéhab, qui surnommait la Constitution « le Livre », pour souligner deux principes fondamentaux : « Aucune autorité n’est légitime si elle contredit le pacte de coexistence » et « le président est le symbole de l’unité nationale ». Ces mots ont résonné comme une feuille de route pour son mandat.

La présence de leaders religieux de toutes confessions a renforcé ce message d’unité. Le patriarche Raï, dans une déclaration rapportée par Al-Nahar le 15 mars 2025, avait salué l’élection de Aoun comme un retour à la légitimité institutionnelle, tandis que le mufti Derian, lors d’un sermon le 14 mars, avait appelé à une solidarité nationale face aux crises. Cette convergence interconfessionnelle est d’autant plus significative dans un pays où les divisions sectaires ont souvent entravé le fonctionnement de l’État.

La réunion trilatérale qui a précédé l’iftar s’inscrit dans une série d’initiatives prises par Joseph Aoun depuis son entrée en fonction. Le 7 mars 2025, il s’était entretenu avec le ministre de la Défense – dont le nom reste sujet à confirmation officielle – pour discuter du déploiement militaire dans le sud, selon un compte rendu publié par le ministère. Le 21 février, une autre rencontre avec des responsables gouvernementaux avait mis l’accent sur la coordination sécuritaire. Ces efforts témoignent d’une volonté de renforcer la collaboration entre les pouvoirs exécutif, législatif et militaire pour faire face aux défis du pays.

Discours du président de la République

« Monsieur le président du Parlement, Monsieur le président du Conseil des ministres, Messieurs les anciens présidents, Éminences, Béatitudes, Révérends et Excellences, Messieurs les ministres, députés et ambassadeurs, honorables invités.
Ce n’est pas un discours. Ce sont quelques mots venus du cœur, une confidence. Je les commence en vous révélant une chose personnelle. Aujourd’hui, cela fait 70 jours que j’ai pris mes fonctions dans ce palais. Dès le premier instant, je me suis appuyé sur la lecture du ‘Livre’, comme aimait l’appeler un illustre prédécesseur, le président Fouad Chéhab, c’est-à-dire la Constitution. Souvent, je m’arrêtais sur deux phrases : ‘Aucune autorité n’est légitime si elle contredit le pacte de coexistence’ et ‘Le président de la République est le chef de l’État et le symbole de l’unité nationale’.
Je vous avoue maintenant que je me suis toujours interrogé sur la portée profonde de ces deux phrases. Que signifient-elles dans leur essence ? Que me demandent-elles à moi d’abord, et à nous tous ? Jusqu’à ce que j’imagine cette scène, que je visualise cette image, et que je comprenne pleinement leur sens. J’oserais même dire que l’inspiration constitutionnelle et pactuelle de ces mots est née dans un moment comme celui-ci, dans un temps comme celui-ci.
C’est ainsi que j’ai réalisé que la légitimité de toute autorité au Liban – le Liban en tant qu’entité, patrie et État – réside dans le fait d’être ensemble. Vivre ensemble, faire vivre notre vie ensemble, prier ensemble, jeûner ensemble, rompre le jeûne ensemble, résister ensemble, triompher ensemble, nous réjouir parfois ou nous attrister un instant ensemble. Que notre unité soit notre antidote, pour effacer la tristesse d’un moment et éterniser la joie de chaque instant ensemble. Et en toutes circonstances, à travers tous les temps, rester ensemble.
Quant au fait que le président de la République soit le symbole de l’unité nationale, j’ai compris que cela signifie et exige que moi et vous tous soyons ici, sous ce toit précis, le toit de notre État, de notre patrie, de notre pacte. Car notre unité est ce que nous possédons de plus précieux et de plus grand. Elle est notre force, notre bouclier, notre puissance, notre capacité. Elle est notre arme la plus tranchante, notre richesse la plus abondante, notre bien le plus durable. Par notre unité ici, nous protégeons notre patrie de toute agression et de toute convoitise. Par notre unité ici, nous récupérons tous nos droits, libérons toute notre terre, ramenons tous nos prisonniers. Par notre unité ici, nous réalisons la prospérité de notre peuple, la stabilité de notre société, l’indépendance de notre pays. Par notre unité ici, nous reconstruisons ce qui a été détruit et veillons à ne plus jamais permettre la destruction, ni cyclique ni répétée. Par notre unité ici, nous semons la joie dans les yeux de nos enfants et l’espoir dans leurs âmes, pour récolter un avenir digne des sacrifices et des martyrs, un avenir qui reflète la couleur de ces yeux. Par notre unité ici, nous nous relevons après chaque chute, nous triomphons après chaque revers, nous pansons chaque blessure jusqu’à sa guérison, et nous sourions à chaque lendemain, convaincus qu’il sera meilleur. Par notre unité ici, aucun groupe parmi nous ne reste affligé, aucun de nos droits n’est bafoué, aucune communauté n’est opprimée.
Et si, un instant, nous oubliions cette base dans notre calendrier terrestre, la providence céleste vient d’en haut unir le temps du jeûne sacré au mois béni de Ramadan, pour nous rappeler que ces deux jeûnes sont des chemins vers une même finalité spirituelle. Le jeûne du chrétien prépare la résurrection, et le hadith saint promet au musulman que ‘lorsque Ramadan arrive, les portes du paradis s’ouvrent’.
Ainsi, le Seigneur des cieux et de la terre, Celui qui ‘rappelle’, nous enseigne que nous sommes un. Que nous sommes unis et unifiés pour toujours. Ramadan généreux et jeûne béni. Bienvenue à vous tous dans ce palais de la foi en notre unité et de l’unité de notre foi en le Liban. Vive le Liban, et que vous soyez en bonne santé chaque année. »

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