L’armée israélienne s’apprête à lancer une nouvelle phase de son offensive contre Gaza. Benjamin Netanyahou l’annonce ouvertement : il s’agit de « nettoyer » la bande de Gaza. Mais derrière ce langage martial, c’est une opération politique d’une toute autre ampleur qui se dessine : forcer les Gazaouis à l’exil, puis présenter leur départ comme volontaire.
L’argument est rodé : « jusqu’à la moitié » de la population souhaiterait partir. Une estimation invérifiable, lancée sans preuve, pour habiller une réalité autrement brutale. Car que vaut le consentement d’un peuple après 20 mois de guerre, de famine provoquée, de bombardements sur des zones civiles, de destruction systématique d’hôpitaux, d’écoles, de réseaux d’eau ? Même ceux qui, épuisés, voudraient fuir ne le font pas librement. Ils partent pour survivre. Le cynisme du discours israélien est donc total : faire passer un déplacement forcé pour un acte volontaire.
Ce n’est pas une première. Donald Trump lui-même, il y a quelques mois, évoquait la transformation de Gaza en « riviera », une fois ses habitants partis. L’exode, ici, devient un projet d’aménagement du territoire. Et la déshumanisation atteint un point de non-retour.
Face à cette logique, les pays arabes ont pris une position claire : refuser tout transfert. Le plan arabe vise à maintenir la population palestinienne sur place. L’inverse reviendrait à institutionnaliser un deuxième exode, avec la complicité des États qui accepteraient d’en être les relais.
Le droit international, lui, est catégorique. Le transfert forcé d’une population est un crime de guerre. L’habiller de termes consensuels ne change rien. Et accueillir ces déplacés, sous prétexte d’humanitarisme, revient à participer au crime. Plusieurs États l’ont compris : en Afrique, en Amérique latine, en Europe, des gouvernements refusent de se faire les complices d’une expulsion organisée.
Mais au-delà du droit, c’est l’éthique qui vacille. Car ce que tente aujourd’hui le gouvernement israélien, c’est une opération de purification territoriale. On fait le vide par la guerre, puis on parle de départ « souhaité ». L’ironie est violente. L’histoire, elle, en garde la trace.
Tout pays qui choisirait de prêter main-forte à ce plan — en accueillant les exilés de Gaza ou en justifiant leur départ — s’exposera. À des conséquences juridiques. À un discrédit diplomatique. À l’opprobre moral. Participer à cette opération, c’est s’inscrire dans l’histoire comme complice. Et se placer, à terme, au banc des nations. Comme Israël est en train de l’être.