Les derniers articles

Articles liés

Liban : Joseph Aoun appelle à l’unité et au renforcement de l’État, 50 ans après le début de la guerre civile

- Advertisement -

Cinquante ans après le 13 avril 1975 : un discours d’unité face aux cicatrices du passé

Le président de la République libanaise, Joseph Aoun, s’est exprimé le 12 avril 2025 à l’occasion du cinquantenaire du déclenchement de la guerre civile. Cet événement, qui avait plongé le pays dans quinze années d’affrontements sanglants, reste gravé dans la mémoire collective des Libanais. En ouverture de son allocution, le chef de l’État a rendu hommage aux milliers de victimes de la guerre. Martyrs, blessés, familles endeuillées et disparus ont été au cœur de son discours, soulignant que « les blessures restent vives, et les disparus ainsi que leurs familles demeureront à jamais les victimes permanentes de la guerre ». Joseph Aoun a rappelé avec justesse que deux générations entières ont été marquées par ce conflit. « Ceux qui sont nés le 13 avril 1975 ont aujourd’hui dépassé la cinquantaine, ils ont vécu dans la crainte et l’instabilité. Quant à ceux qui attendaient de voter pour la première fois en 1976, ils ont aujourd’hui plus de 70 ans, peut-être sans jamais avoir pu choisir le Liban dont ils rêvaient. »

« La violence et la haine ne résolvent rien »

Dans son discours, Joseph Aoun a insisté sur un enseignement fondamental : la violence et la haine n’ont jamais permis de résoudre les crises au Liban. Au contraire, seul un dialogue sincère et inclusif peut apporter des solutions aux défis internes du pays. Il a regretté que les amendements constitutionnels prévus par l’Accord de Taëf, signé en 1989, n’aient pas pu être réalisés par la concertation, sans le lourd tribut de la guerre. « Oui, il était possible de parvenir à ces réformes par le dialogue », a-t-il affirmé, insistant sur la responsabilité collective dans le déclenchement du conflit. Le président a reconnu que des facteurs extérieurs avaient amplifié le chaos libanais, mais il a souligné que les Libanais ont payé seuls le prix de ces ingérences. « Nous avons fait de notre guerre celle des autres, sur notre sol, avec notre sang. »

Le refus des alliances extérieures contre l’intérêt national

Autre axe majeur de son allocution : le rejet des alliances externes nuisibles à l’unité nationale. « Chaque fois que l’un de nous a sollicité l’appui de l’étranger contre son partenaire national, il a perdu, et le pays avec lui », a averti Joseph Aoun. Il a appelé à un consensus national, à la recherche de compromis internes, soulignant que, quelle que soit la difficulté de ces compromis, ils demeurent préférables aux conséquences des interférences extérieures. Cette déclaration intervient dans un contexte régional tendu, marqué par des tensions persistantes sur la scène géopolitique, notamment à la frontière sud du Liban.

L’État libanais comme unique refuge

Joseph Aoun a martelé que l’État libanais est le seul cadre capable de protéger ses citoyens et de garantir l’avenir du pays. « Sur cinquante ans de guerre et cent ans de Grand Liban, il est devenu évident que les idées étriquées et les illusions démesurées n’ont apporté aucun bien à notre peuple. » Il a proclamé sa foi dans le Liban comme « patrie définitive pour nous tous », affirmant que la survie du pays passe par la consolidation des institutions et la préservation du monopole étatique de la force. « Pas de salut en dehors de l’État libanais », a-t-il martelé. « Nos institutions, notre engagement mutuel, notre égalité en droits et en devoirs : voilà les fondations de notre avenir. »

Réaction aux événements sécuritaires récents

Évoquant le tir récent de roquettes depuis le Sud du Liban, dont les auteurs demeurent inconnus, Joseph Aoun a salué l’unanimité nationale pour condamner cet acte. Il a dénoncé cette attaque comme « une conspiration malveillante contre la stabilité et la sécurité du Liban ». Le président a estimé que de tels incidents affaiblissent l’État face à ses alliés et à la communauté internationale, tout en fournissant des prétextes aux adversaires du pays. Il a salué l’initiative du Conseil islamique chiite supérieur, qui a déposé une plainte judiciaire contre les auteurs présumés de ces attaques. « Un geste important, aux significations majeures. »

Un serment pour la paix et la vie

En conclusion, Joseph Aoun a prononcé un serment solennel en hommage aux générations passées et futures. « Nous avons enterré la guerre pour toujours. Il est interdit et impossible d’y revenir. » Il a appelé les Libanais à faire de l’unité leur seule arme et de l’armée nationale leur unique bouclier. « Que les cinquante prochaines années soient des années de prospérité, de paix, de joie et de vie, car nous sommes faits pour vivre, et la vie est faite pour nous. » Son discours, sobre et déterminé, sonne comme un appel pressant à la mobilisation nationale autour de l’État, seul garant de la paix civile et de la reconstruction d’un Liban prospère et stable.

Discours du président Joseph Aoun à l’occasion du 50e anniversaire du 13 avril

Chers Libanais et Libanaises,

En cette veille du 13 avril, marquant le cinquantenaire de cette date funeste, je souhaite m’adresser à vous avec franchise et directement.​

Cinquante années se sont écoulées. Ceux nés ce jour-là ont désormais dépassé la cinquantaine, ayant vécu dans l’inquiétude, la peur et l’instabilité. Ceux qui attendaient en 1976 de voter pour la première fois ont aujourd’hui plus de 70 ans, sans peut-être avoir eu la chance de choisir le Liban qu’ils désirent.​

Deux générations ont vu leurs jours s’égarer, leurs rêves se dissiper, leurs vies s’étioler, et l’égarement persiste.​

Il est essentiel, en cette occasion, de se souvenir des milliers de martyrs tombés à travers tout le Liban, des milliers de blessés dont les cicatrices demeurent visibles, des milliers de familles dont les plaies ne sont pas encore refermées, et des disparus qui, avec leurs proches, resteront à jamais des victimes de la guerre.​

Après cinquante ans, je me pose, ainsi qu’à tous les responsables, la question : pourquoi ?​

Certes, la guerre s’est achevée avec l’Accord de Taëf, qui a introduit des compromis significatifs et des amendements constitutionnels essentiels. Mais la question demeure : n’aurions-nous pas pu réaliser ces changements par le dialogue, sans recourir à la guerre ?​

N’aurions-nous pas pu réformer notre système par le dialogue et le consensus, sans destruction ni combats ? Bien sûr que si. Alors, pourquoi n’y sommes-nous pas parvenus ?​

Oui, une grande part de responsabilité nous incombe, tout comme à de nombreux facteurs extérieurs qui ont contribué à déclencher notre guerre, transformant notre conflit en celui des autres, mais sur notre sol et avec notre sang. Nous seuls avons payé le prix.​

Aujourd’hui, un demi-siècle après cette tragédie qui en a engendré d’autres, je m’adresse à mes compatriotes : il est de notre devoir d’avoir tiré des leçons de ces cinquante années passées.​

La première leçon est que la violence et la haine ne résolvent aucun problème au Liban, et que seul notre dialogue peut apporter des solutions à nos problèmes internes et systémiques. Ce pays repose sur des principes fondamentaux, dont le premier est que personne ne peut en éliminer un autre.​

La deuxième leçon est que chaque fois que l’un de nous cherche le soutien de l’étranger contre son compatriote, il perd, tout comme son partenaire, et le pays en souffre. Nous avons tous commis cette erreur et en avons payé le prix. Il est temps d’apprendre de nos fautes. Il est temps de comprendre que, quelle que soit la difficulté d’un compromis interne, elle est bien moindre que le prix que nous payons à l’étranger.​

La troisième leçon est que nous n’avons d’autre refuge que l’État libanais. En cinquante ans de guerre et cent ans du Grand Liban, il est devenu évident que ni les idées réductrices ni les illusions démesurées n’ont apporté de bien à notre peuple et à notre nation.​

C’est pourquoi nous avons tous affirmé notre foi en un Liban comme patrie définitive pour nous tous. Lorsque nous disons « notre salut réside uniquement dans l’État libanais », nous entendons par là ses institutions et notre engagement mutuel à être égaux, même dans nos différences. Ainsi, personne n’est effrayé, personne n’effraie ; personne n’est oppresseur, personne n’est opprimé ; personne n’est injuste, personne n’est lésé. Nous sommes tous, comme je le répète, unis sous un seul drapeau et portons une seule identité.​

Il y a quelques jours, des roquettes ont été tirées depuis le sud du Liban par des inconnus. Les Libanais ont unanimement condamné cet acte comme étant dirigé contre le Liban, une conspiration malveillante visant la stabilité et la sécurité de notre pays. Cet acte offre un prétexte supplémentaire à ceux qui n’en cherchent pas pour nous agresser, affaiblissant la position de l’État libanais tant auprès de ses alliés que de ses amis désireux de nous aider.​

Il est crucial que les Libanais s’unissent pour condamner de telles pratiques et rejeter ces actions. Le Conseil islamique chiite supérieur a même déposé une plainte judiciaire contre les auteurs de cet acte, une initiative louable et significative.​

Ainsi, je dis aujourd’hui qu’il est temps de tirer la dernière leçon de ces cinquante années depuis le 13 avril. Il est temps que nous affirmions tous ensemble : seul l’État peut nous protéger, un État fort, souverain, juste, présent aujourd’hui, issu de la volonté des Libanais, œuvrant sincèrement pour leur bien, leur paix et leur prospérité.​

Tant que nous sommes unanimes à reconnaître que toute arme en dehors du cadre ou de la décision de l’État met en danger les intérêts du Liban pour diverses raisons, il est temps de dire ensemble : seul l’État, son armée et ses forces de sécurité officielles peuvent protéger le Liban. Il est temps de s’engager pleinement dans cette voie pour que le Liban perdure.​

Prouvons que nous avons appris des cinquante années de nos guerres insensées, et disons à ceux qui sont partis, ainsi qu’à ceux qui sont encore parmi nous : par vos sacrifices, nous avons enterré la guerre à jamais. Il est interdit et impossible d’y retourner ou qu’elle revienne à nous.​

Par vos enfants et les générations futures, notre unité est notre arme, et notre arme est notre armée, afin que les cinquante prochaines années soient remplies de bien, de paix, de joie et de vie, car nous sommes faits pour vivre… et la vie est faite pour nous.​

Vive le Liban.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.