La Russie se serait proposée de construire gratuitement une centrale nucléaire au Liban, à l’image de celle actuellement en construction en Turquie, annonce le journal Al Joumhouria.

Selon les sources du quotidien, cette centrale pourrait être construite en un temps record.

Cette proposition viserait à permettre au Pays des Cèdres à mettre fin rapidement aux pénuries d’électricité qu’il traverse, l’Electricité du Liban (EDL) ayant une capacité de production maximale de 1 900 mégawatts pour une consommation moyenne de la population de 3 000 mégawatts. Par ailleurs, l’électricité produite par l’EDL est largement subventionnée par l’Etat: Produite pour un coût de 17 cents le kilowatt, elle est revendue aux consommateurs à 9 cents kilowatt. Ces subventions – d’une valeur de 2 milliards annuellement – sont largement responsables du déficit public actuel

Cependant, on peut être assez sceptique par rapport à cette proposition. En effet, le projet de centrale électrique nucléaire turc d’Akkuyu, proximité de la ville de Mersin comprend la construction de 4 réacteurs nucléaires – du même type que ceux de la  centrale nucléaire de Bouchehr en Iran – par Rosatom d’une puissance unitaire de 1 200 Megawatts pour 20 milliards de dollars. Ce projet, démarré en 2018, devait être initialement terminé en 2020 et a été décalé pour 2023.

Un réacteur du type VVER pourrait suffire à combler les pénuries d’électricité au Liban.

La destruction par les avions Israéliens d’une centrale nucléaire en Syrie. Source photo: Wikipedia

Il reste également que cette proposition pourrait se heurter aux menaces israéliennes qui a déjà menacé de détruire la centrale nucléaire de Bouchehr en Iran ou qui avait conduit une opération militaire en Syrie en 2007 visant à détruire une centrale nucléaire fournie par la Corée du Nord. Cette opération a été officiellement revendiquée par Tel Aviv en 2018. Il ne s’agissait pas de la première intervention israélienne pour empêcher qu’un pays arabe ne se dote d’une centrale nucléaire. Ainsi en 1981, les chasseurs bombardiers israéliens avaient détruit OSIRAK lors d’une opération intitulée Opera, un réacteur nucléaire d’une puissance seulement de 70 megawatts construit par la France au sud-est de Bagdad, tuant un ingénieur français.

Plusieurs pays de la région envisagent de se doter de centrales nucléaires. Parmi eux, l’Egypte ou encore l’Arabie Saoudite ou les Emirats Arabes Unis ou l’Irak. Il s’agit pour ces derniers de se préparer à la baisse de production du pétrole.

Outre la fameuse centrale nucléaire de Dimona, Tel Aviv envisage également de construire de nouvelles centrales nucléaires cette fois-ci civils dans le désert du Negev.

Une influence russe qui commence à agacer les puissances occidentales

Largement tributaire d’une aide économique occidentale, des sources diplomatiques occidentales ont indiqué hier que le Pays des Cèdres pourrait se la voir refuser en raison de l’implication de plus en plus importante de la Russie. Ce refus pourrait donc compromettre le programme CEDRE et ses réformes économiques et infrastructurelles.

En effet, une société russe – Novatek – fait partie du consortium formé avec les entreprises françaises Total et italiennes ENI, pour exploiter les ressources en hydrocarbures supposées des blocs 4 et 9, situées dans la zone économique maritime libanaise. Egalement le pétrolier Rosnef a remporté un appel d’offre pour exploiter les zones de stockage en hydrocarbure du port de Tripoli pour une durée de 20 ans.

Par le passé déjà, le Liban a du refuser l’aide militaire russe. Moscou avait en effet proposé d’offrir au Pays des Cèdres plusieurs avions de chasse de type Mig 29 ainsi que des chars de type T 80. Cependant, une partie de la classe politique avait refusée cette proposition. Washington avait en effet menacé de suspendre son aide militaire au Liban alors que 80% du matériel militaire de l’Armée Libanaise est d’origine américaine.

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