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L’instabilité régionale, la hausse des primes d’assurance et l’inclusion dans la liste grise du GAFI aggravent la crise économique libanaise

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Plusieurs journaux libanais alertent sur les conséquences économiques de l’instabilité régionale, exacerbée par la guerre en cours à Gaza et les tensions persistantes à la frontière sud du Liban. Ces facteurs, bien que le Liban ne soit pas directement au cœur du conflit, perturbent profondément son économie déjà fragilisée. Parmi les effets mis en avant, la hausse des primes d’assurance sur le fret maritime en Méditerranée orientale occupe une place centrale, renchérissant les coûts des importations essentielles. À cela s’ajoute l’inclusion récente du Liban dans la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), qui amplifie les défis économiques en raison de ses conséquences sur les flux financiers et des raisons structurelles qui ont conduit à cette classification. Ces pressions, combinées à l’effondrement de la monnaie nationale, accentuent une inflation galopante et plongent davantage le pays dans la crise.

Une économie sous pression régionale

L’instabilité régionale, alimentée par le conflit à Gaza et les affrontements à la frontière sud avec Israël, dissuade les investissements étrangers et perturbe les circuits commerciaux traditionnels du Liban. Avant la crise économique de 2019, les exportations vers les pays du Golfe constituaient une source vitale de revenus, représentant une part significative des recettes en devises étrangères. Aujourd’hui, ces exportations sont en forte baisse, les partenaires gulfiques réduisant leurs échanges avec un Liban perçu comme instable et économiquement risqué. Cette chute s’explique par les tensions régionales et les difficultés internes, notamment l’incapacité du pays à garantir des conditions commerciales fiables.

Les importations, quant à elles, restent entravées par un accès limité aux devises étrangères, une situation héritée de la crise bancaire débutée en 2019. Le Liban, qui dépend massivement des produits importés pour ses besoins alimentaires, énergétiques et industriels, voit ses capacités d’approvisionnement compromises. La livre libanaise, ayant perdu plus de 98 % de sa valeur depuis 2019, ne permet plus d’assurer des transactions internationales au niveau requis, obligeant les importateurs à se tourner vers un marché parallèle où le dollar s’échange autour de 89 000 livres en mars 2025.

La hausse des primes d’assurance : un fardeau logistique

Un facteur aggravant, mis en lumière le 21 mars 2025, est la hausse significative des primes d’assurance sur le fret maritime en Méditerranée orientale. Cette augmentation découle directement de l’instabilité régionale, notamment la guerre à Gaza et les tensions au sud du Liban, qui accroissent les risques perçus pour le transport maritime dans cette zone. Les compagnies d’assurance, confrontées à une menace potentielle d’escalade militaire affectant les routes maritimes, répercutent ces risques sur les coûts facturés aux importateurs libanais.

Avant 2019, les primes d’assurance pour le fret maritime à destination du Liban étaient alignées sur les standards régionaux, représentant une part minime du coût total des importations. Depuis le début des tensions régionales actuelles, ces primes ont augmenté, parfois de 20 à 30 % selon les estimations des acteurs du commerce maritime en mars 2025. Cette hausse renchérit directement le prix des biens importés, notamment les denrées alimentaires et les produits énergétiques, essentiels à la vie quotidienne. Par exemple, le coût d’importation d’une tonne de blé ou de fuel, déjà élevé en raison des prix mondiaux et du taux de change défavorable, subit une surcharge liée à ces primes, alourdissant la facture finale pour les consommateurs.

Le Liban, dont les ports de Beyrouth et de Tripoli sont les principaux points d’entrée pour les importations, est particulièrement vulnérable à cette tendance. L’explosion du port de Beyrouth en août 2020 avait déjà fragilisé les infrastructures logistiques, et la hausse des primes d’assurance complique encore les opérations portuaires. Les armateurs, réticents à naviguer dans une zone jugée à risque, exigent des garanties financières accrues, entraînant des délais prolongés et des coûts supplémentaires pour les importateurs locaux.

Inclusion dans la liste grise du GAFI : raisons et conséquences

En octobre 2024, le Liban a été inscrit sur la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI), une classification réservée aux pays présentant des déficiences dans leurs mesures de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, mais s’engageant à y remédier. Cette inclusion, effective avant mars 2025, résulte de plusieurs faiblesses structurelles identifiées dans le système financier libanais. Parmi les raisons principales figurent l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre des réformes demandées depuis des années, notamment le renforcement des unités d’enquête sur le financement du terrorisme et le blanchiment, ainsi que l’absence de ressources suffisantes pour superviser les transactions financières. L’expansion de l’économie en espèces depuis 2019, combinée à la prolifération de transferts via des circuits informels, a accru les risques de flux illicites, échappant à tout contrôle.

Les conséquences de cette inscription sur la liste grise sont multiples et aggravent la crise économique. Premièrement, elle érode davantage la confiance des investisseurs étrangers, déjà réticents face à l’instabilité régionale et interne. Les entreprises internationales et les institutions financières, soumises à des obligations de diligence renforcée envers les pays listés, pourraient limiter leurs engagements au Liban, freinant les investissements directs nécessaires à la reconstruction et à la relance économique. Deuxièmement, les relations entre les banques libanaises et leurs correspondants étrangers risquent de se détériorer, certains établissements étrangers pouvant augmenter leurs commissions ou suspendre leurs services, ce qui complique l’accès aux devises et aux transactions internationales.

Troisièmement, cette classification pourrait entraver les efforts pour obtenir une aide financière internationale, notamment un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), en attente depuis 2020. Bien que le Liban ait obtenu une certaine flexibilité sur les délais pour corriger ses déficiences – jusqu’en 2026 au lieu de 2025 en raison des conflits –, l’image d’un pays à risque financier élevé persiste, repoussant les créanciers potentiels. Enfin, l’inclusion dans la liste grise accentue la pression sur une population déjà fragilisée, les coûts des importations et des services augmentant indirectement à cause des restrictions financières.

Impact sur l’inflation et le quotidien des Libanais

La combinaison de la hausse des primes d’assurance, de l’effondrement de la monnaie nationale, des perturbations commerciales et des retombées de la liste grise du GAFI accentue l’inflation ressentie au quotidien. En mars 2025, le taux d’inflation annuel dépasse les 200 %, avec des hausses de prix atteignant parfois 500 % pour les produits alimentaires de base par rapport à leurs niveaux d’avant-crise. Le renchérissement des importations, dû en partie aux primes d’assurance et aux difficultés d’accès aux devises, joue un rôle clé dans cette spirale, les coûts supplémentaires étant répercutés sur les consommateurs.

Pour les ménages libanais, dont plus de 80 % vivent sous le seuil de pauvreté en 2024, cette situation réduit drastiquement l’accès aux biens essentiels. Le panier alimentaire moyen, incluant des produits comme le pain, l’huile et le riz, devient inabordable pour beaucoup, tandis que les carburants, indispensables aux générateurs privés face aux coupures d’électricité, voient leurs prix grimper. Cette pression économique renforce la dépendance aux circuits informels, où les devises sont échangées à des taux exorbitants, et aux aides humanitaires, insuffisantes pour couvrir l’ampleur des besoins.

Une crise interne amplifiée par le contexte régional

Bien que périphérique dans le conflit régional, le Liban subit les contrecoups d’une instabilité structurelle aggravée par sa propre crise interne. L’effondrement bancaire, la dévaluation de la livre et la paralysie politique depuis 2019 ont miné les capacités économiques du pays. Les tensions régionales amplifient ces faiblesses, transformant des défis logistiques comme la hausse des primes d’assurance et des restrictions financières liées au GAFI en obstacles majeurs à la survie économique.

Les exportations, autrefois une source clé de devises via les marchés du Golfe, ne compensent plus les pertes. Les produits agricoles et industriels libanais, prisés dans les pays du CCG, sont délaissés au profit de partenaires plus stables, privant le Liban de dollars essentiels pour financer ses importations et stabiliser son économie. L’inclusion dans la liste grise du GAFI ajoute une couche de complexité, les banques étrangères imposant des contrôles accrus qui ralentissent davantage les transactions commerciales.

Perspectives et défis à venir

La hausse des primes d’assurance sur le fret maritime et les conséquences de la liste grise risquent de perdurer si les tensions régionales s’intensifient. Une escalade à Gaza ou au sud du Liban pourrait inciter les assureurs à relever encore leurs tarifs et les institutions financières internationales à durcir leurs positions, isolant davantage le Liban des circuits commerciaux et bancaires mondiaux. À court terme, cette situation accroît la dépendance aux aides internationales et aux réseaux informels, tandis qu’à moyen terme, elle compromet toute tentative de relance sans une stabilisation régionale et interne.

Le gouvernement, dirigé par Nawaf Salam depuis 2025, doit relever un double défi : restaurer la confiance des investisseurs et partenaires commerciaux tout en répondant aux exigences du GAFI pour sortir de la liste grise. Cela implique des réformes financières et judiciaires, comme le renforcement des mécanismes de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, dans un contexte de ressources limitées et de conflits persistants. Sans un afflux significatif de devises – via un accord avec le FMI ou des contributions de la diaspora – et sans une baisse des risques régionaux, les primes d’assurance et les restrictions financières resteront des fardeaux écrasants.

Une spirale économique sans fin ?

En conclusion, l’instabilité régionale, marquée par la guerre à Gaza et les tensions au sud, aggrave la crise économique libanaise à travers des effets comme la hausse des primes d’assurance sur le fret maritime et l’inclusion dans la liste grise du GAFI. Ces pressions, combinées à la baisse des exportations vers le Golfe, à l’accès restreint aux devises et à l’effondrement de la livre, alimentent une inflation incontrôlable et plongent les Libanais dans une précarité croissante. Périphérique dans le conflit, le Liban paie un prix disproportionné, pris entre une crise interne insoluble et un environnement régional hostile, où chaque perturbation logistique et financière devient une menace existentielle.

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