Le Liban traverse une période de crise sans précédent, caractérisée par un effondrement économique, une fragmentation politique et une désillusion collective. Pour redresser la situation, il est impératif de repenser la manière dont le leadership politique est exercé dans le pays. Cet article explore la nécessité pour le Liban d’avoir des dirigeants qui s’émancipent du fonctionnarisme ambiant, pour faire place à l’imagination, au zèle et à une vision claire, accompagnée d’un programme concret et d’un financement planifié.
Les limites du fonctionnarisme actuel
Le système politique libanais est marqué par un fonctionnement bureaucratique sclérosé, où l’esprit d’initiative est étouffé par des pratiques administratives rigides et le poids des traditions confessionnelles. Le fonctionnarisme excessif a conduit à une administration publique lourde, peu réactive et incapable de s’adapter aux défis contemporains.
Cette inertie est entretenue par une classe politique davantage préoccupée par la préservation de privilèges personnels et communautaires que par l’intérêt général. Les nominations se font souvent sur des critères de loyauté politique plutôt que de compétence, ce qui perpétue un cercle vicieux de médiocrité et de manque de vision.
La nécessité d’une vision claire et d’un leadership inspiré
Pour redresser le Liban, il est crucial de faire émerger des dirigeants capables d’élaborer une vision claire et ambitieuse pour le pays. Cette vision doit s’appuyer sur des principes forts :
- La transparence et la redevabilité publique.
- La modernisation des infrastructures.
- Le renforcement de la citoyenneté commune, au-delà des appartenances confessionnelles.
- Une stratégie économique basée sur la compétitivité et l’innovation.
Ces dirigeants doivent avoir le zèle nécessaire pour mobiliser les citoyens autour de projets concrets, inspirer confiance et générer un nouvel élan national. Leurs actions doivent être guidées par le pragmatisme et la volonté de rompre avec les pratiques politiques dépassées.
Une planification rigoureuse et un financement transparent
Une vision sans plan d’action reste un vœu pieux. Il est essentiel que les dirigeants établissent des programmes précis, intégrant les priorités nationales et les étapes de mise en œuvre. Pour garantir la réalisation des projets, le financement doit être planifié et sécurisé à l’avance, en s’appuyant sur :
- Des partenariats publics-privés pour mobiliser les ressources.
- Des audits financiers réguliers pour assurer la bonne gestion des fonds.
- Une coopération avec la diaspora pour attirer les investissements directs.
Le Liban a besoin de dirigeants visionnaires qui transcendent le fonctionnarisme ambiant et insufflent une nouvelle dynamique politique. Ce renouveau doit passer par un engagement sincère envers le développement durable et la cohésion nationale. En encourageant l’innovation, en adoptant des pratiques modernes de gestion et en planifiant rigoureusement le financement des projets, le Liban pourra enfin amorcer son redressement. Il est temps de libérer l’énergie créative de la nation et de la mettre au service du bien commun.
Réformes et Projets d’Infrastructures Prioritaires au Liban
Réformes fondamentales et prioritaires au Liban
Le Liban traverse une crise multidimensionnelle qui nécessite des réformes urgentes pour rétablir la stabilité économique, politique et sociale. Cet article présente les réformes fondamentales à mener en priorité, ainsi que les projets d’infrastructures nécessaires pour soutenir le redressement national.
1. Réformes prioritaires :
A. Réformes économiques et financières
1. Réforme bancaire et monétaire :
– Rééchelonnement de la dette publique pour éviter un défaut.
– Restructuration du secteur bancaire avec audit des bilans et séparation entre banques commerciales et banques d’investissement.
– Création d’un fonds de garantie des dépôts en USD pour protéger les épargnants.
2. Gestion des finances publiques :
– Réduction des déficits budgétaires par la rationalisation des dépenses publiques.
– Mise en place d’une fiscalité équitable pour élargir la base imposable et lutter contre l’évasion fiscale.
– Audit indépendant de la Banque Centrale et publication des résultats.
3. Modernisation du secteur public :
– Mise en place d’un Human Resource Management (HRM) indépendant pour rationaliser les effectifs et réduire le clientélisme.
– Numérisation des procédures administratives pour limiter la corruption.
B. Réformes institutionnelles et politiques
1. Renforcement de l’indépendance judiciaire :
– Créer un conseil supérieur de la magistrature indépendant des pouvoirs politiques.
– Mettre en place des tribunaux spécialisés pour les crimes financiers et la corruption :Intégrer dedans les commissions sur projet
2. Réforme électorale :
– Instaurer un scrutin proportionnel national sans quotas confessionnels.
– Promouvoir la citoyenneté commune en supprimant la mention religieuse sur les documents d’identité.
3. Lutte contre la corruption :
– Création d’une Autorité nationale de lutte contre la corruption, avec des pouvoirs d’enquête indépendants.
– Protection des lanceurs d’alerte par une loi spécifique.
4. Création de nouveaux ministères stratégiques :
– Ministère de l’Urbanisme : Intégrer le zoning, la planification territoriale, la relation avec les municipalités, la DGU et les travaux publics.
– Ministère de la Gestion des Déchets : Regrouper la gestion des déchets solides et leur recyclage, les déchets liquides avec stations d’épuration et réseaux, ainsi que les déchets gazeux.
– Police de l’Environnement par caza : Relevant du Ministère de l’Environnement, elle contrôlera les carrières, la pollution des rivières, et assurera la gestion stricte des déchets.
– Service de Gardes Forestiers : Protection des réserves et forêts, lutte anti-incendies avec quatre Canadairs.
2. Projets d’infrastructures prioritaires
A. Réseaux d’énergie et d’eau
1. Modernisation de l’EDL : Passer aux énergies renouvelables (solaire et éolien).
2. Centrales solaires régionales : Construction principalement dans le Hermel pour alimenter les autres régions.
3. Gestion des ressources hydriques : Réhabilitation des barrages et des réservoirs.
Estimation des coûts
Secteur | Projet/Initiative | Coût estimé (en milliards USD) |
Réformes économiques | Réforme bancaire et gestion des finances publiques | 8 |
Réformes institutionnelles | Création de ministères stratégiques et gestion publique | 1.25 |
Réformes sociales | Santé publique et éducation | 2 |
Énergie et eau | Modernisation EDL et gestion hydrique | 11 |
Centrales solaires régionales (Hermel et autres) | 4 | |
Transport et mobilité | Réseaux routiers, ferroviaires et tunnels stratégiques | 17 |
Infrastructure numérique | Data Centers, fibre optique, cybersécurité | 1.5 |
Total général | 44,75 milliards USD |
Conclusion
Les réformes structurelles et les projets d’infrastructures sont essentiels pour reconstruire l’État libanais et garantir la stabilité. L’indépendance des institutions, la transparence financière et la modernisation des services publics doivent être les priorités immédiates pour amorcer un redressement durable.
Bernard Raymond Jabre