Les derniers articles

Articles liés

Nominations: Nawaf Salam prône une administration compétente et impartiale

- Advertisement -

Le 20 mars 2025, à l’issue d’une réunion du Conseil des ministres tenue au Sérail gouvernemental à Beyrouth, le Premier ministre désigné, le docteur Nawaf Salam, a annoncé un accord sur une nouvelle mécanique de nominations pour les postes publics. Dans une déclaration retransmise par l’agence NNA, Salam a souligné que cette initiative vise à instaurer une administration « intègre et efficace », fondée sur la compétence plutôt que sur les intérêts confessionnels ou politiques. « Notre slogan est de construire un État de droit et d’institutions, car il n’y a pas d’État sans administration », a-t-il affirmé, dévoilant une approche basée sur neuf principes pour garantir l’équité et la transparence. Alors que le Liban traverse une crise persistante, cette annonce marque-t-elle un tournant vers une gouvernance réformée ?

Une mécanique pour une administration rénovée

Nawaf Salam, s’exprimant après la séance présidée en présence de son vice-Premier ministre, le docteur Tarek Mitri, et d’une équipe ministérielle complète, a détaillé les ambitions de cette nouvelle mécanique. « Nous cherchons à ce que l’administration de l’État soit intègre et efficace, qu’elle protège les citoyens et repose sur la compétence, et non sur le service des confessions ou des politiciens », a-t-il déclaré. Cette vision, qui fait écho à son engagement de longue date pour un État de droit – exprimé dans son ouvrage Lebanon Between Past and Future – répond à une demande populaire croissante pour une gouvernance débarrassée des pratiques clientélistes qui ont miné le pays pendant des décennies.

La mécanique, selon Salam, repose sur neuf principes fondamentaux : la priorité, la compétitivité, l’égalité des chances, l’inclusivité, la prévention des conflits d’intérêts, la flexibilité, et la participation via l’intégration d’expertises variées, notamment académiques. « Nous voulons choisir les plus compétents dans le cadre d’un mécanisme qui offre des opportunités justes aux candidats », a-t-il ajouté, précisant que ces principes visent à instaurer une sélection transparente et méritocratique. Cette annonce intervient alors que le Liban, sous la présidence de Joseph Aoun depuis janvier 2025, tente de surmonter un vide institutionnel qui a paralysé ses administrations publiques.

Contexte d’une annonce cruciale

La réunion du Conseil des ministres, qui s’est conclue dans la matinée du 20 mars, a rassemblé une équipe complète de 21 ministres, reflétant un effort pour stabiliser un gouvernement formé le 8 février après des mois de tractations. Outre Salam et Mitri, des figures comme Youssef Rajji (Affaires étrangères), Ghassan Salamé (Culture), le général Michel Mansa (Défense), et Yasine Jaber (Finances) ont participé, aux côtés du directeur général de la présidence, Antoine Choucair, et du secrétaire général du Conseil, le juge Mahmoud Makkié. Cette séance, retransmise par NNA, a marqué un rare moment de consensus dans un pays où les divisions confessionnelles et politiques ont souvent entravé les décisions.

Le timing de cette annonce n’est pas anodin. Depuis la crise économique de 2019, aggravée par l’explosion du port de Beyrouth en 2020 et la guerre avec Israël en 2024, les institutions libanaises sont en lambeaux. Les réserves de la Banque du Liban (BDL) ont chuté de 36 milliards de dollars à 8 milliards, l’inflation atteint 150 %, et 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Dans ce chaos, les nominations publiques sont devenues un champ de bataille pour les partis traditionnels – Hezbollah, Amal, Forces libanaises, Courant patriotique libre – qui se disputent les postes pour consolider leur influence. Salam, avec cette mécanique, cherche à briser ce cycle.

Les neuf principes : une révolution administrative ?

Salam a détaillé les neuf principes comme une feuille de route pour moderniser l’administration. La priorité vise à cibler les postes stratégiques vacants, comme celui du gouverneur de la BDL, inoccupé depuis juillet 2023. La compétitivité introduit un processus de sélection basé sur le mérite, avec des appels à candidatures publics. L’égalité des chances promet d’ouvrir les portes à tous, indépendamment des affiliations. L’inclusivité et la participation impliquent des experts académiques et des voix extérieures pour diversifier les perspectives, tandis que la prévention des conflits d’intérêts entend écarter les candidats liés à des intérêts partisans. La flexibilité, enfin, permet d’adapter le processus aux besoins spécifiques des institutions.

Cette approche contraste avec les pratiques passées, où les nominations étaient souvent le fruit de quotas confessionnels – chiites, sunnites, maronites, druzes – négociés en coulisses. Le poste de gouverneur de la BDL, par exemple, vacant depuis le départ de Riad Salamé (arrêté en septembre 2024 pour détournement de fonds), illustre cette lutte : Joseph Aoun soutient Karim Souaid, appuyé par les États-Unis, tandis que Salam défend un candidat indépendant comme Jihad Azour. La nouvelle mécanique pourrait dénouer ces tensions en imposant des critères objectifs.

Un défi face à la crise

L’objectif de Salam – « une administration neutre » – arrive dans un Liban exsangue. L’effondrement économique a paralysé les services publics : les pannes électriques durent 22 heures par jour, les hôpitaux manquent de médicaments, et l’émigration massive (500 000 départs depuis 2020) vide le pays de ses compétences. Les pressions internationales s’ajoutent : les États-Unis, via Morgan Ortagus, menacent de sanctions pour imposer des réformes, tandis que le FMI conditionne une aide de 3 milliards de dollars à une restructuration bancaire et administrative. Cette mécanique de nominations pourrait répondre à ces exigences, mais son succès dépend de son application.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.