La citoyenneté n’est pas un espace de complaisances mais le devoir de chacun parmi nous. La différence est pertinente entre un engagement civil dûment responsable issu d’une éducation et d’un parcours particulier et la révolte légitime d’une large tranche de la population suite au cumul des crimes, des corruptions et des injustices.
Après un centenaire d’immaturités flagrantes mais aussi aberrantes il s’agira de décider si l’on préfère le recours aux tutelles ou au rétablissement d’une maturité intrapersonnelle, respectueuse, interactive en toute indépendance.
A travers une histoire de concordances au silence tacite, de très graves erreures sont toujours enfouies car la culture du déni prévaut. Elle entretient bon gré malgré des systèmes rotatifs de pouvoirs alimentés par l’archaïsme, le favoritisme, le suivisme, le clientélisme et l’art du contour verbal.
Tout responsable devrait en tant voulu rendre compte de son travail mais celà nécessite des démarches intimement voulues afin de correspondre au juste rôle. Les procédures qui évitent le niveau critique de la transparence ne mènent généralement à des réponses définitives ni à pointer les coupables. Souha, Wadiaa et tant d’autres depuis plus de 60 ans ont prouvé leurs appartenances à la démocratie. Ils ont appliqué les normes inscrites dans la constitution, règlé à temps leurs obligations, correspondu à la logique citoyenne.
Cependant ils n’ont pu être reconnu dans leur pays d’après les compétences et les mérites professionnels. La raison est la suivante: Ils n’ont appartenu à aucun réseau, à aucun groupe particulier, à aucun parti ou à un chef dont l’autorité demeure indiscutable. Ces libanaises et libanais ont pourtant prouvé des rapports autonomes dans leurs familles et à l’école. Ils ont réussi une trajectoire d’adultes sans se soumettre au va de soi subjectif de tant de contextes arbitraires.
Néanmoins, presque personne ne les a considéré à juste titre. Ils ont dû quitter le pays des Cèdres pour d’autres cieux car les qualificatifs qui comptent le plus chez tant de nos employeurs répondent à un ordre d’appréciation nombriliste. Si le demandeur d’emploi n’est pas connu d’avance pour des penchants similaires et s’il ne donne son accord pour convenir à la façon de penser et de faire du directeur, les chances d’être pris pour le poste se réduisent souvent à néant .
« Les bonnes affaires » avant toute autre considération réduisent le sens propre du mérite à une étape secondaire jusqu’à devenir parfois dérisoire. Souha raconte : « J’avais tous les qualificatifs académiques. Après de longues années d’expériences fructueuses, le lendemain de la réception d’une attestation qui confirme un haut niveau, j’ai été refusée car pour faire partie d’une équipe il fallait convenir en tout point à la mentalité du « responsable » principal ».
La grande maladie du Liban ne se limite à des personnes corrompues mais à un système sociétal où la reconnaissance de la claire transparence est fort problématique. Le degré de familiarité suffit pour énoncer l’appréciation, le type d’embauche ou l’exclusion. Où trouver donc un responsable pour tant de nos victimes s' »il faut que rien ne bouge »?