Une annonce attendue qui n’a pas eu lieu
Hier, la formation du gouvernement libanais sous la direction de Nawaf Salam était supposée être officialisée. Tout au long de la journée, les informations relayées par différents médias laissaient entendre que le Premier ministre désigné et le président Joseph Aoun étaient proches d’un accord final. Des sources proches du palais de Baabda évoquaient même une cérémonie de signature des décrets gouvernementaux prévue dans l’après-midi. Pourtant, en fin de journée, aucun gouvernement n’a vu le jour.
Le principal point de blocage reste la nomination du cinquième ministre chiite, sujet de tensions entre Nawaf Salam et le tandem Hezbollah-Amal. Selon Al Quds, la liste finale des ministres, transmise au président Joseph Aoun en début d’après-midi, n’a pas obtenu l’approbation des formations chiites, qui refusent la nomination de Lamia Moubayed, pressentie pour un portefeuille clé. Cette opposition a empêché l’envoi du gouvernement pour approbation formelle et publication des décrets.
Le rôle clé du tandem chiite et l’absence de Nabih Berri à Baabda
L’attitude du président du Parlement Nabih Berri a renforcé l’impasse. Alors qu’il est d’usage que le président du Parlement rejoigne le président et le Premier ministre désigné au palais de Baabda avant l’annonce officielle, Berri n’a pas fait le déplacement. Son absence a été interprétée comme un signal que les discussions n’étaient pas abouties et que le Hezbollah et Amal bloquaient encore le processus.
D’après Al Joumhouriyat, Nawaf Salam a tenté jusqu’à la dernière minute de négocier un compromis. Mais face à l’inflexibilité du tandem chiite, il a préféré sortir de sa réunion avec le président Joseph Aoun en prononçant un discours bref et sans interaction avec la presse : « Je continue à travailler pour un gouvernement qui serve le Liban, mais je ne cèderai pas sur des principes fondamentaux ».
Les Forces libanaises revendiquent plus de portefeuilles
Un autre point de discorde a émergé au cours de la journée : les revendications des Forces libanaises (FL). Le parti de Samir Geagea, qui avait accepté de participer au gouvernement sous conditions, exigeait le ministère de l’Énergie ainsi que celui des Télécommunications. Selon Al Akhbar, des négociations intensives ont eu lieu hier matin entre des représentants des FL et Nawaf Salam, mais aucun accord n’a été trouvé. Le Courant patriotique libre (CPL) de Gebran Bassil refuse de céder ces portefeuilles qu’il considère comme stratégiques, notamment en raison des investissements prévus dans le secteur énergétique.
Joseph Aoun tente de maintenir la pression
Face aux blocages, le président Joseph Aoun a tenté d’intervenir pour éviter un échec total des discussions. Dans l’après-midi, il aurait exhorté Nawaf Salam à élargir ses consultations pour éviter un enlisement prolongé, selon Al Liwa’. Toutefois, il n’a pas utilisé son autorité pour forcer un accord, préférant laisser le Premier ministre désigné poursuivre ses pourparlers.
Une impasse qui inquiète la communauté internationale
Alors que la journée d’hier devait être celle du déblocage, les réactions internationales ont commencé à se multiplier. La France et le Qatar, qui suivent de près la situation, ont exprimé leur inquiétude. Al Sharq Al Awsat rapporte que des diplomates français ont contacté plusieurs figures politiques libanaises hier soir, tentant d’évaluer la marge de manœuvre restante. L’échec d’une annonce gouvernementale risque de compliquer l’obtention de financements internationaux destinés au Liban.
Quels scénarios pour la suite ?
Plusieurs options sont envisagées après cette journée d’échec. La première serait une reprise rapide des négociations dans les prochains jours avec de nouvelles concessions de la part de Nawaf Salam. La deuxième serait un prolongement du blocage, risquant d’affaiblir davantage sa position. Enfin, certains observateurs n’excluent pas une éventuelle démission de Salam, s’il constate qu’aucun compromis ne peut être trouvé sur la composition du gouvernement.