mercredi, avril 30, 2025

Les derniers articles

Articles liés

Presse : Les audits des entreprises publiques suspendus menacent la réforme au Liban

- Advertisement -

Le 27 mars 2025, la situation des entreprises publiques libanaises revient sous les projecteurs, alors que les audits financiers, lancés en 2023 pour évaluer leur santé économique, sont à l’arrêt. Selon Al Joumhouriyat et Al Sharq Al Awsat, cette suspension, liée à des blocages administratifs et financiers, compromet les efforts de transparence et met en péril des financements internationaux cruciaux. Électricité du Liban (EDL), Ogero et le secteur des transports, déjà en difficulté, sont au cœur de cette crise.

Une interruption inexpliquée des audits

Al Joumhouriyat révèle que les audits des entreprises publiques, confiés à des cabinets internationaux en 2023, ont été suspendus faute de renouvellement des contrats. Le ministère de l’Économie, chargé de superviser ces opérations, a refusé de valider les extensions de mandat, invoquant des « irrégularités contractuelles » non détaillées. Cette décision abrupte laisse dans l’ombre l’état réel des finances d’entités clés comme Électricité du Liban (EDL), la compagnie de télécommunications Ogero et les structures du transport public, toutes marquées par des années de mauvaise gestion et de déficit chronique.

Cette interruption intervient à un moment critique, alors que le Liban tente de regagner la confiance des bailleurs de fonds internationaux. Les audits, initialement lancés sous la pression de la communauté internationale après la crise économique de 2019, devaient fournir une image claire des pertes, des dettes et des besoins de restructuration. Leur suspension risque de renforcer les soupçons de corruption et d’opacité qui pèsent sur ces institutions.

Électricité du Liban : un gouffre financier persistant

Le cas d’EDL illustre l’urgence de la situation. Selon Al Joumhouriyat, l’entreprise publique ne parvient à couvrir que 35 % de la demande nationale en électricité, laissant des régions entières, notamment le nord et la Békaa, soumises à des délestages prolongés. Les pertes financières d’EDL, estimées à des milliards de dollars sur les dernières décennies, sont aggravées par une faible collecte des factures, des branchements illégaux et une dépendance au fuel coûteux. L’absence d’audit actualisé empêche toute évaluation précise de sa viabilité et retarde les réformes promises par le ministre de l’Énergie, Joe Saddi, qui s’est engagé à redresser le secteur.

Les citoyens, déjà épuisés par des années de rationnement, continuent de dépendre de générateurs privés coûteux, tandis que l’État peine à proposer une alternative durable. Cette situation alimente un mécontentement croissant, notamment dans les zones rurales où l’accès à l’électricité reste sporadique.

Des financements internationaux en jeu

Al Sharq Al Awsat apporte un éclairage supplémentaire en soulignant les conséquences internationales de cette suspension. La Banque mondiale, qui soutient un programme de modernisation du réseau électrique, a gelé une partie des fonds alloués en attendant les résultats des audits. Une source proche du ministère des Finances, citée par le journal, avertit que le Liban risque de perdre jusqu’à 110 millions de dollars si ces rapports ne sont pas produits d’ici fin mai 2025. Ce montant, destiné à améliorer l’infrastructure électrique, est crucial pour réduire les délestages et relancer un secteur vital à l’économie.

Ce gel s’inscrit dans un contexte où les bailleurs de fonds, lassés par les promesses non tenues, exigent des preuves concrètes de transparence et de bonne gouvernance. La suspension des audits pourrait également compliquer les négociations en cours avec le Fonds monétaire international (FMI), qui a conditionné son aide à une restructuration des entreprises publiques.

Un blocage aux racines multiples

L’arrêt des audits ne se limite pas à une question technique. Derrière les « irrégularités contractuelles » évoquées par le ministère de l’Économie, des observateurs y voient une lutte de pouvoir au sein du gouvernement. Les entreprises publiques, souvent considérées comme des bastions d’influence pour les partis politiques, sont un enjeu stratégique. La publication des audits pourrait révéler des malversations impliquant des figures influentes, ce qui expliquerait la réticence à poursuivre le processus. Cette hypothèse, bien que non confirmée, est largement débattue dans les cercles politiques et médiatiques libanais.

Par ailleurs, le manque de ressources financières pour payer les cabinets d’audit, dans un pays en faillite, pourrait également jouer un rôle. Le ministère des Finances, déjà sous pression pour boucler le budget 2025, semble incapable de prioriser ces dépenses face à des besoins urgents ailleurs.

Une menace pour les réformes et la confiance publique

Cette suspension compromet les efforts de réforme portés par le président Joseph Aoun et le Premier ministre Nawaf Salam, qui ont fait de la transparence une priorité. Sans audits, il devient impossible d’établir un plan credible pour restructurer EDL, Ogero ou le secteur des transports, ni de convaincre les citoyens et les partenaires internationaux de la volonté de changement. À terme, ce blocage risque d’accentuer la défiance envers un État perçu comme incapable de se réformer, même sous la pression extérieure.

Vers une reprise ou un enlisement ?

Alors que la date limite de mai 2025 approche, la reprise des audits devient une course contre la montre. Le gouvernement devra non seulement résoudre les différends administratifs, mais aussi trouver les fonds nécessaires pour relancer le processus. En attendant, les entreprises publiques continuent de sombrer, tandis que les Libanais paient le prix d’une gouvernance défaillante.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.

A lire aussi