Crédit photo le journal libanais Al Akhbar : « A Bas Riad le voleur. A bas le règne du Dollar ». Banderole des manifestants libanais Jeudi 24 octobre 2019 houspillant Riad Salameh, gouverneur de la Banque du Liban. «Riad, le voleur». A bas le règne de la Banque centrale libanaise et le Liban renaitra

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, fait désormais l’objet d’une fiche rouge d’Interpol publiée suite à son refus à venir témoigner devant une juge du Parquet National Financier français dans le cadre d’accusation de détournements de fonds et de blanchiment d’argent. Un tel refus constitue de facto une preuve indirecte d’avoir beaucoup de choses à se reprocher et non des moindres.

Riad Salamé pense être infaillible au final en dépit de la situation actuelle d’un Liban confronté à une crise financière d’une ampleur considérable, du jamais-vu même depuis 150 ans de l’aveu même de la communauté internationale, mais cependant il ne manque pas de d’intelligence et de charisme. Il faut bien lui accorder cela.

Charisme a avoir réussi à mentir à la population durant 30 ans, à leurs faire gober mensonge après mensonge. Jusqu’en 2019, date du grand réveil, la population libanaise était comme hypnotisé par celui désigné comme étant le magicien des finances du Liban, plutôt sorcier au final.
De fait aussi, mieux que Madoff, il a réussi à berner tout un pays, débitant ses fameuses phrases se voulant rassurantes sur l’état de la livre libanaise ou encore de l’état de l’économie. Mais à force de répété une chose qui ne l’est pas évidemment, sauf à vouloir lui-même se convaincre de ses propres mensonges, il semble ne pas avoir compris que la roue a fini par tourner. 
Certains jusqu’à aujourd’hui rester sous ce syndrome de Stockholm ou plutôt de Beyrouth financier, pensant qu’en suivant les paroles bues presque religieusement, ils pourraient retrouver l’épargne d’une vie, ne voulant même croire au fait d’avoir été bernés si facilement durant tant d’années. 
D’autres continuent à répandre une propagande malsaine, de manière complice, notamment en raison des intérêts qui les lient à cet homme. Cette propagande vise notamment tous ceux qui dénoncent depuis des années non pas seulement une politique monétaire aberrante mais surtout aussi ces détournements de fonds dont ces intérêts en ont été bénéficiaires. Dans un état de panique aujourd’hui, ils lâchent leurs dernières salves, parce qu’ils savent qu’au final, au travers de la chute de cet homme, leur chute arrivera. Et elle sera lourde de conséquences. 

Intelligence aussi. On n’escroque pas durant 30 ans toute une population, sans en avoir pris préalablement le contrôle des structures essentielles. On n’arrête pas d’écouter ceux qui au contraire soulignaient dès le début cette politique monétaire et on ne détruit pas la réputation des personnes honnêtes qui dénonçaient ces faits sans prendre le contrôle des médias. On ne met pas sous silence toutes ces informations qui faisaient état de signaux alarmants – notamment les révélations de Wikileaks selon les notes de l’ancien ambassadeur des Etats-unis Jeffrey Feltman citant bien avant tout le monde le détournement des commissions de la vente de produits financiers en 2007 aujourd’hui cadre de l’enquête Forry Associates Ltd. ou encore le fait d’être cité dans les fameuses Panama Papers, toujours sans une complicité évidente avec des relais de propagande et la complicité d’un certain establishment. On n’achète pas des prix internationaux comme ceux qui meilleur gouverneur de banque centrale sans complicité de sociétés financières qui agissaient en vue non seulement de flatter un égo mais aussi de contribuer à masquer cette cruelle vérité.

Cette intelligence est dans le détournement de l’utilisation de l’institution essentielle pour lutter contre cette escroquerie à grande échelle, à savoir la Banque du Liban, organisme de tutelle du secteur financier et du rôle normalement alloué au gouverneur qui devrait lutter, dans le cadre de ses fonctions, contre les détournements de fonds et les actes financiers répréhensibles. 

En étant nommé à la tête de cette institution dès 1993, Riad Salamé en a détourné sa fonctionnalité première, celle de réguler et d’agir dans l’intérêt de la population au bénéfice des intérêts privés d’une petite caste qui s’est enrichie jusqu’à la lie via les différentes circulaires qu’il a établie jusqu’à aujourd’hui cette fameuse plateforme électronique Sayrafa, une nouvelle escroquerie qui a suivi celle des opérations d’ingénierie financière du milieu des années 2010, toujours au bénéfice des institutions financières au lieu de les mettre en faillite. Cependant, elles ne pourront être sauvées en raison de la gravité d’une situation dont il est le premier responsable. 

Aujourd’hui personnellement mis en cause, l’inculpation de Riad Salamé – le comptable du système – devrait être suivi par d’autres et non des moindres. C’est un système en chute libre qui n’admet pas avoir perdu la partie. 
Cependant, comme lui-même, ils tentent de se sauver.
Si Riad Salamé se voit offrir une immunité jusqu’à présent dans le cadre de ses fonctions, cela n’est pas le cas des acteurs du système politico-financier. 

À l’issue de la fin de son mandat qui devrait intervenir le 1er août, cette immunité de facto ne s’exercera plus. Désormais, certains évoquent publiquement le fait que ses complices pourraient être tentés de l’éliminer en vue de circonscrire la situation à lui-seul et à ses proches. Mais il est aussi fortement à parier que le gouverneur de la BdL a également mis en place des mécanismes garantissant sa survie au-delà de son mandat. Il est donc à parier que le jeu du chat et de la souris face la justice ne fait que commencer. 

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