Le nouveau Président de la République Libanaise, le Général Michel Aoun a nommé l’ancien Premier Ministre Saad Hariri comme étant le nouveau Premier Ministre, conformément aux accords électoraux ayant abouti à son élection comme Chef d’Etat. Il devrait former rapidement son gouvernement, indique-t-on de source officieuse.


Saad Hariri est né le 18 avril 1970 et est le second fils de Rafic Hariri et de Nida Boustani, sa première épouse, de nationalité irakienne. Marié à une syrienne sunnite issue d’une famille riche et prestigieuse, il a 3 enfants, Houssam, né en 1999, Loulwa, née en 2001 et Abdoulaziz né en 2005.

Sa fortune personnelle, en dépit des difficultés financières actuelles, est estimée par le magazine financier américain Forbes à plus de 2 milliards de dollars.

L’Homme d’affaire

Dirigeant de la société Saudi Oger, Saad Hariri y fera ses premières armes dès 1994. Il dirigera également Oger Telecom et Omnia Holding et est membre du conseil d’administration d’Oger International Entreprise de Travaux Internationaux. Il possède d’ailleurs enfin la nationalité saoudienne.

L’héritier politique de Rafic Hariri

Fils de Rafic Hariri, Saad Hariri s’est impliqué dans la vie politique suite à l’assassinat de son père dans les circonstance qu’on connait, le 14 février 2005. Il prendra alors la tête du Parti du Courant du Futur fondé par son père, fort du soutien des connaissances internationales de ce dernier et s’alliera avec les Forces Libanaises de Samir Geagea et le dirigeant druze Walid Joumblatt pour gagner les élections législatives de 2005. Il est l’un des dirigeants essentiel de la coalition dite du 14 Mars.

Succédant à Fouad Saniora, proche collaborateur de Rafic Hariri, à la tête de du Gouvernement Libanais, le 27 juin 2009, sous le mandat du Président Michel Sleiman, 86 députés s’étant déclarés à sa faveur, sa première tentative de former un gouvernement sera voué par un échec. Il sera cependant reconduit comme première ministre par le Parlement suite à un vote de confiance, le 16 septembre 2009 et formera un gouvernement d’Union Nationale.

Ce gouvernement tombera le 12 janvier 2011 en raison de la démission de plus d’un tiers de ses membres, conformément à la constitution libanaise suite à une polémique sur la mise en examen de membres du Hezbollah par le Tribunal International en charge de juger les personnes suspectées d’être impliquées dans l’assassinat de son Père Rafic Hariri. Il était alors en séjour à Washington ou il a rencontré le Président Américain Barack Obama quelques minutes avant l’annonce de la démission de ses collaborateurs au sein du gouvernement.

Ses opposants l’accuseront également d’aligner la politique libanaise sur les positions de l’Arabie Saoudite y compris dans le bras de fer opposant le Royaume à l’Iran et cela n’ira pas sans conséquences sur la scène locale. D’autres enfin l’accuseront de passer l’essentiel de son temps à l’étranger au lieu de résider au Pays des Cèdres et d’en gérer les affaires publiques.

Son rival sunnite Nagib Mikati lui succèdera alors.

L’exil après la démission

Saad Hariri s’exilera suite à cette démission, reprenant la gérance de Saudi Oger affecté par de nombreuses difficultés financières. Ces difficultés toucheront également d’autres branches des affaires de la famille Hariri notamment en Liban, un certain nombre de ses employés n’étant pas payés plusieurs mois. Ces difficultés se poursuivent jusqu’à ce jour.

L’ancien Roi Abdallah d’Arabie lui avait accordé en 2014 la gérance de la donation de 3 milliards de dollars en vue d’équiper l’Armée Libanaise et d’un milliards de dollars en faveur des Forces de Sécurité confrontées au débordement de la guerre civile syrienne au Liban et à la présence de combattants d’Al Nosra et de Daesh notamment dans la localité sunnite d’Aarsal située dans la Békaa Est. Cette donation sera remise en cause par son successeur, le Roi Salman officiellement en raison de l’influence grandissante du mouvement Hezbollah au sein des institutions libanaises. D’autres sources évoqueront une perte d’influence de Saad Hariri auprès de la Cour Saoudienne, lui-même également confronté dans ses affaires par des retards du Royaume dans le payement d’arriérés pour un montant de 8 milliards de dollars sur de nombreux chantiers dont il avait la charge.

Absent et affaibli sur la scène internationale par la perte d’influence auprès de l’Arabie Saoudite, ses adversaires sur la scène politique sunnite libanaise dont certains qui étaient considérés auparavant comme faisant parti de ses proches, en profiteront pour tenter de réduire son influence.  Le Ministre démissionnaire de la Justice Ashraf Rifi, ancien commandant des Forces de Sécurité Intérieure, le critiquera durement suite aux discussions entamées par le Courant du Futur et le mouvement chiite Hezbollah depuis le début de 2016 et par le choix d’abord du député Sleiman Franjieh puis du rival chrétien Michel Aoun à la Présidence de la République en octobre 2016, tous 2 membres de la coalition dite du 8 Mars, ses opposants politiques.

Ces discussions visaient à diminuer les tensions sectaires au Liban. Ses détracteurs lui reprocheront alors de faire le jeu de l’Iran au Liban, Saad Hariri mettant quant à lui en avant son rôle modérateur nécessaire dans la crise politique locale et régionale et la nécessité faire baisser les tensions accrues avec l’implication de plusieurs partis à la fois en faveur et contre le régime syrien de Bachar el Assad qui est pourtant son adversaire, puisque accusé d’être le commanditaire de l’assasinat de son père et dont il souhaitait la chute.

Saad Hariri a été nommé par ailleurs en 2007, chevalier de la Légion d’Honneur par le Président de la République Jacques Chirac

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