dimanche, mars 23, 2025

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Sud Liban : Israël déclare vouloir renforcer son emprise sur cinq collines occupées

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Israël maintiendra ses positions en territoire libanais

Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a jeté un pavé dans la mare jeudi lors d’une évaluation sécuritaire à Tel-Aviv, en présence du chef d’état-major Eyal Zamir et de plusieurs généraux. Dans une déclaration qui résonne comme un défi aux efforts diplomatiques en cours, Katz a affirmé que les forces israéliennes resteront indéfiniment stationnées sur cinq collines stratégiques occupées dans le sud du Liban, et ce, indépendamment des négociations sur les points frontaliers contestés le long de la Ligne bleue, frontière de facto entre les deux pays. « Ces positions protègent nos citoyens du nord, et rien ne nous fera reculer », a-t-il martelé, ordonnant à l’armée de renforcer et consolider son emprise sur ces hauteurs, anticipant une occupation prolongée.

Cette annonce marque une escalade significative dans un conflit larvé qui oppose Israël au Hezbollah depuis octobre 2023, dans le sillage de la guerre Israël-Hamas à Gaza. Alors que des pourparlers réunissant Israël, le Liban, les États-Unis et la France tentent de stabiliser la situation, la décision israélienne risque de torpiller les espoirs d’une désescalade. Depuis le début des hostilités, plus de 3 823 Libanais ont été tués, selon les autorités locales, et 82 militaires et 47 civils israéliens ont péri (France TV Info, 2025). Près de 900 000 Libanais et 60 000 Israéliens ont fui leurs foyers, fuyant roquettes et bombardements.

Contexte et importance stratégique des collines occupées

Les cinq collines en question – dont les noms exacts n’ont pas été précisés dans la déclaration officielle, mais que des sources militaires identifient comme des points clés près de Maroun al-Ras, Aitaroun, et d’autres zones frontalières – sont situées en territoire libanais, au nord de la Ligne bleue tracée par l’ONU en 2000 après le retrait israélien. Occupées par Tsahal depuis octobre 2023, elles offrent une vue imprenable sur le sud du Liban, un avantage stratégique crucial pour la surveillance et le contrôle des mouvements du Hezbollah, implanté dans cette région chiite depuis 1982 (BBC News Afrique, 2024).

Ces positions ne sont pas nouvelles dans l’histoire conflictuelle entre les deux voisins. Lors de l’occupation israélienne du Sud-Liban (1985-2000), des hauteurs similaires servaient de bases avancées pour contrer les guérillas palestiniennes puis chiites (Wikipédia, Occupation israélienne du Sud-Liban). Aujourd’hui, elles permettent à Israël de surveiller les unités Nasr et Aziz du Hezbollah, ainsi que la force d’élite Radwan, forte de milliers de combattants (France TV Info, 2024). Leur contrôle prolongé pourrait redessiner l’équilibre des forces, transformant une incursion temporaire en une occupation de fait.

Pourquoi ces collines sont-elles importantes ?

  • Positionnement militaire clé : Perchées à des altitudes variant entre 800 et 1 000 mètres, elles dominent les plaines libanaises et les villages frontaliers, offrant une portée d’artillerie et de drones sur des dizaines de kilomètres.
  • Pression diplomatique : En les tenant, Israël dispose d’un levier dans les négociations, pouvant exiger des concessions sécuritaires du Liban ou du Hezbollah.
  • Risque de confrontation accrue : Leur occupation est perçue comme une provocation par le Hezbollah, qui y voit une violation de la souveraineté libanaise, augmentant les risques d’escarmouches ou d’une guerre ouverte.

Le Liban insiste sur un retrait total d’Israël

La réponse libanaise ne s’est pas fait attendre. Un haut responsable, s’exprimant dans le quotidien koweïtien Al-Anbaa, a réaffirmé que Beyrouth exige un retrait total des forces israéliennes des cinq collines et une résolution des 13 points frontaliers contestés, dont les fermes de Chebaa, revendiquées par le Liban mais occupées par Israël depuis 1967. « Notre priorité est de mettre fin à cette agression et de rebâtir nos villages détruits », a-t-il insisté, soulignant que toute négociation se fera dans le cadre de l’Accord d’armistice de 1949, signé après la guerre arabo-israélienne.

Le Sud-Liban, région agricole et montagneuse peuplée majoritairement de chiites, a été dévasté par les combats. Depuis octobre 2023, des villages comme Khiam et Aitaroun ont été rasés, et un million de personnes déplacées vivent dans des conditions précaires, selon l’ONU. Pour le gouvernement libanais, déjà paralysé par une crise économique (PIB réduit de 55 milliards à 31 milliards de dollars en cinq ans, Banque mondiale, 2024), cette occupation prolongée est une humiliation supplémentaire.

Discussions internationales et rôle des États-Unis

Mardi, une réunion cruciale s’est tenue à Naqoura, sous l’égide de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL). Des représentants des armées israélienne et libanaise, aux côtés de médiateurs américains et français, ont convenu de créer trois groupes de travail pour :

  1. Examiner la situation sur les cinq collines occupées.
  2. Résoudre les différends sur la Ligne bleue, incluant les zones contestées comme les fermes de Chebaa.
  3. Traiter la question des prisonniers libanais détenus en Israël, un point sensible pour le Hezbollah, qui a déjà utilisé des captures de soldats israéliens comme monnaie d’échange (Wikipédia, Conflit israélo-libanais).

Les États-Unis, par la voix d’un porte-parole du Département d’État, ont réitéré leur engagement à « faciliter un dialogue constructif » (U.S. Department of State). La France, ancienne puissance mandataire au Liban, joue aussi un rôle clé, plaidant pour une désescalade. Mais la fermeté d’Israel Katz complique ces efforts. Un cessez-le-feu fragile, signé le 27 novembre 2024, prévoyait un retrait israélien sous 60 jours, un délai prolongé jusqu’au 18 février 2025 après des violations répétées (France TV Info, 2025). Depuis, 1 500 incidents ont été recensés, dont des tirs israéliens sur des civils tentant de regagner leurs villages.

Israël cherche-t-il une normalisation avec le Liban ?

Un responsable politique israélien, cité anonymement, a laissé entendre que cette posture militaire s’inscrit dans une stratégie plus ambitieuse : normaliser les relations avec le Liban, à l’image des Accords d’Abraham signés avec les Émirats ou Bahreïn. « Les bouleversements au Liban – crise économique, affaiblissement politique – ouvrent une fenêtre », a-t-il déclaré. L’idée d’un accord global, incluant des garanties sécuritaires contre le Hezbollah et une reconnaissance mutuelle, séduit certains à Tel-Aviv. Mais cette vision semble utopique face à la réalité : le Hezbollah, soutenu par l’Iran, reste un acteur incontournable, et le Liban, miné par ses divisions confessionnelles, n’a ni la stabilité ni la volonté pour une telle percée.

Quels scénarios pour la suite ?

Scénario 1 : Une intensification militaire
Si Israël bétonne son contrôle des collines – des posts sur X rapportent la construction de tranchées de 7 km près de Metula et Kfar Yuval, à 450-950 mètres en territoire libanais – le Hezbollah pourrait riposter. Le groupe, bien que décimé par la mort de Hassan Nasrallah en septembre 2024 (BBC News Afrique, 2024), conserve des capacités : missiles Fadi-2, roquettes sur Haïfa, et une force Radwan prête à l’action (France 24, 2024). Une escalade pourrait dégénérer en guerre totale, coûtant des milliers de vies supplémentaires.

Scénario 2 : Un compromis diplomatique
Les pourparlers de Naqoura, appuyés par Washington et Paris, pourraient aboutir à un retrait progressif israélien en échange de garanties : déploiement accru de l’armée libanaise au Sud, démantèlement des bases du Hezbollah près de la frontière, et un cessez-le-feu durable. Mais cela nécessite une volonté politique que ni Israël ni le Liban ne semblent prêts à offrir, chacun campant sur ses positions.

Scénario 3 : Un gel du conflit sans véritable avancée
Sans accord, la situation pourrait stagner : Israël maintient ses collines, le Hezbollah multiplie les provocations, et la FINUL, avec ses 15 000 Casques bleus, reste un observateur impuissant (UNIFIL). Ce statu quo, familier depuis 2006, prolongerait la tension sans résoudre les causes profondes – une bombe à retardement pour la région.

Un enjeu géopolitique majeur pour la région

Cette crise frontalière n’est pas un simple différend bilatéral. Elle s’inscrit dans un Moyen-Orient volatile, où l’Iran soutient le Hezbollah, les États-Unis appuient Israël, et la Syrie, affaiblie, laisse un vide exploitable. Le Liban, avec une dette publique à 170 % du PIB avant 2019 et une inflation à 200 % en 2024 (UNDP, 2024), est un État au bord du gouffre, incapable de contrer militairement Israël ou de contrôler le Hezbollah.

Les prochaines semaines seront décisives. Un accord diplomatique pourrait apaiser les tensions, mais un faux pas – une attaque du Hezbollah, un renforcement israélien – risque d’embraser la frontière. Pour les habitants comme Ali, agriculteur de Khiam déplacé depuis 18 mois, l’attente est insoutenable : « On veut juste rentrer chez nous, mais chaque jour, la guerre semble plus proche. » Le Liban, otage de son voisinage, joue sa survie dans ce bras de fer géopolitique.

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Newsdesk Libnanews
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